Pour un gouvernement, la gestion de crise est souvent plus importante que l’élaboration des grandes politiques. Peu importe leur qualité, la mauvaise nouvelle chasse inévitablement la bonne. Qui plus est, les crises ont la fâcheuse habitude d’être généralement imprévisibles et de prendre une ampleur insoupçonnée pour peu qu’une bonne couverture médiatique leur confère une valeur de symbole aux yeux de la population.
Peu importe que le centre Mélaric ait été mal administré ou non, la coupe irréfléchie de la prestation des assistés sociaux hébergés dans les centres de désintoxication qui ne bénéficiaient pas du programme de soutien aux organismes communautai- res a donné un visage tristement humain à l’austérité.
Le gouvernement Couillard a été complètement dépassé par ce qu’il avait perçu au départ comme un fait divers, et la seule façon de stopper le dérapage a été d’injecter en catastrophe dans les centres de désintoxication les 6 millions dont il avait espéré faire l’économie à l’aide sociale.
Les partis d’opposition, aussi bien que le gouvernement, répètent à satiété que la grande priorité est l’économie. La nouvelle superministre Dominique Anglade a sans aucun doute mal réagi au départ à la vente de Rona au géant américain Lowe’s en la qualifiant de « bénéfique », mais c’est la fugue en apparence banale de quelques adolescentes du centre jeunesse de Laval qui a réellement plongé le gouvernement dans l’embarras à la reprise des travaux de l’Assemblée nationale.
Plus encore que le spectacle des gaillards du centre Mélaric en larmes, la simple pensée que nos filles soient tombées entre les mains de proxénètes sordides en raison du laxisme ou de l’incompétence de ceux qu’on a élus pour veiller au grain était révoltante. La perte d’un autre siège social est certes regrettable, mais les « vraies affaires » n’incluent-elles pas au premier chef la sécurité de nos enfants ?
Dans la composition de son cabinet, le premier ministre confie tout naturellement les portefeuilles dits stratégiques à des ministres d’expérience ou dont la compétence dans un secteur précis est reconnue. Les nouveaux venus ou ceux dont la nomination résulte de la nécessité d’assurer une représentation régionale équilibrée ou une meilleure parité entre hommes et femmes se voient confier des postes jugés plus secondaires.
Il n’était certainement pas prévu que la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois, se retrouve si souvent sur la sellette. Malgré une bonne volonté manifeste, elle n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier de politicienne née.
Les aléas de la vie politique ont voulu qu’elle se retrouve face à un interlocuteur, Jean-François Lisée, tombé en disgrâce pour avoir qualifié son futur chef de « bombe à retardement » durant la course à la chefferie du PQ. En d’autres circonstances, ses talents et sa faculté de se rendre indispensable lui auraient sans doute valu de prendre du galon.
Le député de Rosemont a ses défauts. Même parmi ses collègues, sa manie de vouloir se mêler de tout en agaçait plusieurs, incluant certains de ses collègues, quand il était ministre des Relations internationales, responsable de la région de Montréal, dans le gouvernement de Pauline Marois.
Depuis les dernières élections, force est toutefois de reconnaître qu’il est le député d’opposition le plus efficace, tous partis confondus. On connaissait depuis longtemps ses qualités de communicateur et son sens de la formule qui tue, mais il est aussi un travailleur acharné, dont la connaissance des dossiers transforme la période de questions à l’Assemblée nationale en véritable séance de torture pour sa vis-à-vis.
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