TERRES AGRICOLES

L’UPA appelle Québec à freiner les financiers

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Non à la spéculation, oui à la ferme familiale

L’Union des producteurs agricoles (UPA) juge que le phénomène de l’achat des terres agricoles par des groupes financiers est en croissance au Québec et qu’il faut le contrecarrer.

« Pour nous, la situation, elle s’accentue, et on ne peut pas parler de phénomène marginal », a déclaré, lundi, le président de l’UPA, Marcel Groleau, qui comparaissait devant la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles. Cette commission parlementaire, qui s’est donné un mandat d’initiative, doit entendre jusqu’à mardi 18 groupes au sujet de l’accaparement des terres agricoles par des fonds d’investissement.

L’UPA propose de limiter à 100 hectares, pour une période de trois ans, l’aire maximale d’une terre que pourrait acheter un individu ou une entreprise, le temps de définir les moyens d’encadrer et de contrer la « financiarisation » des terres agricoles. Selon Marcel Groleau quatre indices montrent qu’il s’agit d’un phénomène grandissant : la hausse fulgurante du prix des terres, l’augmentation du nombre de transactions foncières agricoles, la présence accrue de fonds d’investissement dans le marché des terres et l’ampleur des transactions.

Explosion de 600 %

Ainsi, le prix des terres a augmenté de 600 % depuis 1990 (les dernières données sont celles de 2013), ce qui dépasse la croissance de la valeur de la production. En cinq ans, le nombre des transactions a progressé de 1605 à 2678, un bond de 67 %. Pendant cette période, 15 sociétés financières, dont la Banque Nationale, PANGEA (un fonds dirigé par Charles Sirois), Agriterra, Partenaires agricoles S.E.C., Solifor, Haig et FIRA, auraient acquis plus de 27 000 hectares de terres en culture, a colligé l’UPA. « Pour un fonds d’investissement, c’est intéressant d’acheter ou d’avoir dans son portefeuille des actifs aussi sûrs », estime son président. « Dans ce contexte, un jeune de la relève peut difficilement espérer rentabiliser l’achat de terres. » PANGEA a déboursé 26,3 millions pour acquérir 4131 hectares, dont la moitié au Lac-Saint-Jean, soit l’équivalent de 40 fermes familiales. Cette société s’associe à des agriculteurs pour cultiver les terres, mais la plus-value foncière lui revient totalement. Les régions du Témiscamingue, de Kamouraska et du Témiscouata sont également dans la mire des spéculateurs.

La Fédération québécoise des municipalités a proposé d’empêcher des investisseurs d’acquérir des terres agricoles le temps de bien documenter le phénomène. Son président, Richard Lehoux, s’en inquiète. « Il faut toujours rester dans la perspective d’une occupation dynamique du territoire, ce qui veut dire des fermes familiales », a-t-il fait valoir.

En revanche, le Conseil des entrepreneurs agricoles, qui regroupe 2500 agriculteurs hostiles à l’UPA, a défendu le libre marché. Son président, Jacques Cartier, a dit s’opposer à tout contrôle des achats de terres, bien qu’il ait des doutes sur le modèle d’agriculture préconisé par les fonds d’investissement.


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