L'opportunisme libéral

Bref, ni l'action des Forces armées canadiennes ni les faits sur le terrain ne justifient le scepticisme qu'expriment maintenant les libéraux à l'égard de la mission et leur empressement à y mettre fin.

Afghanistan - une guerre masquée


On oublie si vite... Les libéraux, qui exigent aujourd'hui le retrait des troupes canadiennes du sud de l'Afghanistan et critiquent vertement la tournure de cette mission, sont pourtant ceux qui l'ont conçue, décidée, et défendue avec ferveur il y a moins de deux ans.


Pour mesurer le gouffre entre les convictions exprimées alors par les libéraux et la position qu'ils adoptent aujourd'hui, à peine quelques mois plus tard, il faut relire les discours prononcés par le premier ministre, Paul Martin, son ministre des Affaires étrangères, Pierre Pettigrew, et le ministre de la Défense, Bill Graham. Il faut lire aussi l'Énoncé de politique internationale déposé par le gouvernement libéral en avril 2005, après des mois de délibérations. La mission afghane fut présentée par les libéraux comme «l'expression la plus importante et la plus concrète de cette politique».
Voici ce que disait M. Graham à la Chambre des communes, le 15 novembre 2005, quelques semaines avant que l'armée canadienne ne s'installe à Kandahar: « L'Afghanistan se trouve actuellement à un carrefour crucial. Des progrès considérables ont été réalisés, mais l'engagement continu de la communauté internationale est requis pour que ce pays connaisse la paix, la stabilité et la prospérité. Sans un engagement international multidimensionnel qui soit solide et à long terme, ce pays pourrait redevenir non viable ou même devenir un narco-État. Cela n'est pas dans l'intérêt du Canada ni d'aucun autre pays. Voilà pourquoi nous avons décidé, avec nos alliés de l'OTAN, d'accroître notre engagement militaire en Afghanistan au cours des prochains mois. »
Notez bien ces mots: « un engagement international solide et à long terme ».
Le ministre ajoutait: « Il s'agit d'une mission complexe et difficile qui se déroule dans un environnement dangereux, étant donné que la région de l'Afghanistan où nous sommes affectés est la plus instable du pays. C'est justement la raison pour laquelle on nous a demandé d'y aller avec nos autres partenaires, et la raison pour laquelle nous y allons. »
Le gouvernement libéral savait donc fort bien dans quelle aventure il engageait nos forces armées.
Avec émotion, Bill Graham concluait: « Nous, les Canadiens, qui avons le privilège de vivre dans l'un des pays les plus comblés du monde, devrions être fiers de partager avec les Afghans leur rêve de voir leur pays reconstruit et de participer très concrètement à la réalisation de ce rêve. »
À Kandahar aujourd'hui, les troupes canadiennes font ce que le gouvernement libéral leur a demandé de faire en 2005. Elles ne sont pas davantage à la solde de George Bush qu'il y a deux ans. La situation militaire et humanitaire est meilleure qu'à l'époque (bien qu'on puisse évidemment trouver les progrès insuffisants). Bref, ni l'action des Forces armées canadiennes ni les faits sur le terrain ne justifient le scepticisme qu'expriment maintenant les libéraux à l'égard de la mission et leur empressement à y mettre fin.
Ne reste qu'une explication, fort triste dans un dossier d'une telle importance. Cette explication, c'est l'opportunisme politique.

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André Pratte878 articles

  • 307 071

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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