La guerre des dates

Afghanistan - une guerre masquée


À Ottawa, les partis de l'opposition veulent forcer le gouvernement Harper à annoncer dès le prochain discours du Trône que les Forces armées canadiennes se retireront du sud de l'Afghanistan en février 2009. En déclarant la guerre au gouvernement pour cette affaire de dates, libéraux et bloquistes ont perdu de vue les intérêts supérieurs du Canada, de l'Afghanistan et de la sécurité internationale. Leurs manoeuvres ne visent pas une amélioration de la situation en Afghanistan mais à embarrasser les conservateurs.
Le premier ministre a été clair: c'est le Parlement qui décidera de la suite de la mission canadienne au-delà de 2009. Que veulent de plus les partis de l'opposition? En quoi serait-il sage de couler dans le béton dès maintenant la date de la fin des opérations militaires?
On s'attendrait à une attitude plus responsable de la part de Stéphane Dion; n'est-ce pas le gouvernement libéral qui a envoyé les soldats canadiens à Kandahar? Cette décision a été prise il y a à peine deux ans. À l'époque, le gouvernement envisageait de toute évidence que la mission soit dure et longue. Voici ce qu'en disait, en novembre 2005, le ministre de la Défense Bill Graham: "En Bosnie, il a fallu environ 10 ans avant que nous puissions passer le flambeau aux Européens. Je ne veux pas dire que nous resterons aussi longtemps en Afghanistan, mais nous devrions y rester assez longtemps pour permettre au gouvernement du président Karzaï de prendre le contrôle de la situation dans son propre pays." Or, il est clair que cet objectif n'a pas encore été atteint.
M. Dion sait ou devrait savoir que des discussions délicates ont cours présentement entre les pays membres de l'OTAN sur les modalités et les conséquences d'un retrait du Canada. La confirmation rapide de la fin de la mission canadienne pourrait nuire à ces négociations en plaçant nos alliés devant un fait accompli. L'annonce prématurée de cette date enverrait aussi un signal plus qu'ambigu aux soldats canadiens à qui on ferait savoir, en somme, qu'ils risquent leur vie pour une cause à laquelle le gouvernement ne croit plus.
Enfin, pourquoi prendre aujourd'hui une décision irrémédiable alors qu'on ne sait pas quelle sera la situation dans deux, trois ou quatre mois? Les parlementaires de l'opposition ne souhaitent-ils pas attendre d'avoir tous les faits devant eux avant de voter?
Libéraux, bloquistes et néodémocrates disent souhaiter que la mission canadienne soit moins militaire et plus humanitaire. C'est une idée qui plaît aux Canadiens, toujours imprégnés qu'ils sont de l'idéal pearsonien. Mais les informations qui nous parviennent d'Afghanistan montrent que cette thèse est irréaliste. On sait, par exemple, que les talibans réussissent à reprendre les territoires perdus dès que les forces de l'OTAN s'en retirent. Ils s'empressent alors d'intimider les villageois, notamment en pendant publiquement ceux qu'ils considèrent être des espions. Les attentats contre les écoles se poursuivent. Enfin, seulement l'an dernier, plus de 600 policiers afghans ont été tués.
Fermant les yeux sur la gravité et la complexité des enjeux, les partis de l'opposition ont choisi de faire de la petite politique. Peuvent-ils nous dire à partir de quelle date ils s'élèveront au-dessus de la partisanerie?
apratte@lapresse.ca

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 308 193

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé