L'affaire de la mosquée de Shawinigan

L'irresponsabilité de Philippe Couillard

Éditorial

Encore une fois, le premier ministre Philippe Couillard a préféré balayer le problème sous le tapis (de prière?) en refusant de considérer les appels répétés d’élus municipaux, de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale et de la Coalition avenir Québec en faveur de l’instauration de balises claires pour contrer l’intégrisme religieux, en particulier celui de l’islam politique, et se porter ainsi au secours des pouvoirs municipaux qui sont obligés de trancher au cas par cas dans le contexte d’un vide législatif absolu.

Encore une fois, le premier ministre Couillard fait preuve d’une irresponsabilité déconcertante dans ce dossier.

Il dit comprendre les craintes des «gens», dans le contexte international de la montée de l’islam politique (qu’il se garde bien de nommer par ailleurs), mais là s’arrête sa compassion. Et là commence sa démission coupable.

Que le maire de Shawinigan Michel Angers, à l’écoute des citoyens, réclame au gouvernement de l’État du Québec des repères clairs pour gérer des demandes comme celle de l’installation d’un «centre communautaire musulman» dans sa ville, Philippe Couillard n’en a que faire. Sourd aux craintes légitimes d’une population perturbée par les attentats islamistes en sols québécois et canadien, par la tuerie à Charlie Hebdo et du marché kasher en France et par les horreurs médiatisées de l’État islamique, le premier ministre du Québec oppose une fin de non-recevoir à la population pour prendre aveuglément le parti de l’implantation coûte que coûte de la mosquée. La Sûreté du Québec saura y faire, dit-il. Ah oui? Avec quels moyens? Avec quelle expertise sur les nombreuses ramifications internationales de la mouvance islamiste?

Nous le constatons, M. Couillard est un premier ministre dont la propension à l’improvisation semble viscérale.

Pourtant les demandes du maire Angers sont simples et accessibles à tout chef d’État responsable; elles en sont même un de ses devoirs fondamentaux : assurer s’il-vous-plaît le plus rapidement possible la sécurité des citoyens et travailler avec eux pour le rapprochement des cultures.

Les élus de Shawinigan ont des responsabilités, a souligné avec à-propos le député péquiste Bernard Drainville, dont celle «d’écarter les intégristes de ces lieux de culte, d’ouvrir le dialogue avec leurs communautés et trouver un compromis». Québec doit aussi assumer ses responsabilités, a-t-il ajouté, notamment celle d’édicter des «règles claires en matière de laïcité, d’encadrement des accommodements raisonnables. (…) d’égalité entre les hommes et les femmes».

Que le Parti Québécois et la CAQ pressent le chef du gouvernement de prendre ses responsabilités, rien de plus normal. François Legault, le chef de la CAQ, prend même le soin de donner des pistes de réflexion au gouvernement. Quand il suggère à celui-ci de modifier la Charte des droits et liberté de la personne pour bannir le prêche «à répétition» contre les valeurs québécoises défendues par cette même Charte, il y a là une ébauche de solution qu’il faut examiner. S’il y a «répétition» comme il le souligne, il y a donc là un projet concerté, planifié, voire politique, visant à déstabiliser l’État québécois. Le filon mérite d’être creusé.

Mais Philippe Couillard s’entête.

«À vouloir trop baliser, on fait des erreurs», dit-il dans un élan de panique. Mais ne laisse-t-on pas le champ libre à la multiplication des erreurs et des conflits à ne pas vouloir baliser? Poser la question c’est évidemment y répondre.

Nous ne disons pas que les citoyens musulmans qui souhaitent implanter une mosquée à Shawinigan ou ailleurs au Québec sont à tout coup des intégristes qui rejettent les valeurs démocratiques et d’égalité de notre société. Nous refusons ce genre de procès d’intention, ce genre «d’amalgame» comme diraient certains. Nous disons simplement que l’État doit donner les moyens aux pouvoirs municipaux de connaître les tenants et les aboutissants de tels projets afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées qui auraient force de loi dans le contexte d’une exigence sécuritaire normale.

Un petit exemple en terminant à propos du «centre culturel musulman de Shawinigan». Quels sont les liens entre ce projet de centre et la mosquée de Trois-Rivières? Un éditeur et résident de Shawinigan, Daniel Laprès, s’interroge également sur les dessous de cette affaire dans un texte que nous reproduisons dans nos «Actualités» du jour. Selon le Registre des entreprises, avance le chercheur, l’un des administrateurs de ce centre, M. Abdoulaye Souleh, est aussi «chargé des affaires religieuses» du Centre culturel islamique de la Mauricie, appelé aussi Mosquée de Trois-Rivières. Or le Centre culturel islamique de la Mauricie appartient à la Canadian Islamic Trust Foundation (CITF) dont le vice-président, M. Sayed Imtiaz Ahmad, (de Windsor en Ontario) est un ex-vice-président de l’Islamic Society of North America (ISNA). Or, le fisc canadien reproche à l’ISNA Development Foundation d’avoir acheminé 282 000 $ au Jamaat-e-Islami dont le bras droit de cette organisation pakistanaise, Hizbul Mujahideen, est reconnu comme organisation terroriste par l’Union européenne. Troublante nébuleuse…

Il ne s’agit nullement ici de chercher des coupables par association. Il s’agit simplement d’exiger que l’on nous donne des réponses à des questions de ce genre on ne peut plus légitimes et nombreuses.

Philippe Couillard refuse aux municipalités les moyens dont elles ont besoin pour travailler en connaissance de cause. Pourquoi?

Par cette fuite en avant, répétons-le, il fait preuve d’une irresponsabilité dangereuse. C’est le moins que l’on puisse dire.


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