Débusquer les fausses nouvelles, vérifier les déclarations des politiciens, trouver les vrais chiffres : les recherchistes de notre Bureau d’enquête, basées à Montréal, Québec et Ottawa, sont des expertes dans l’art de rétablir les faits. Chaque samedi, elles vous présentent leurs trouvailles pour vous permettre d’y voir plus clair dans l’actualité de la semaine.
L’énoncé
En conférence de presse, mardi, la ministre de l’Économie Dominique Anglade a attaqué la CAQ, qui propose de réduire l’immigration québécoise de 20 %.
« Depuis 2006, 52 % des emplois qui ont été créés ont été comblés par des immigrants. Or, ce que propose la CAQ en termes de réduction des immigrants [...] ça signifie que [la première année] 6000 postes ne pourraient pas être comblés dans l’économie du Québec. Donc, cette position-là va à l’encontre du développement économique du Québec. »
Les faits
Ces chiffres, issus du dernier budget et calculés par le ministère des Finances, sont justes. Mais à quel point l’immigration joue-t-elle un rôle dans le développement économique du Québec ?
L’économiste Pierre Fortin écrivait, en 2016, dans un mémoire présenté en commission parlementaire, que « l’immigration entraîne des avantages économiques [...] pour les immigrants eux-mêmes. Mais elle apporte peu d’avantages significatifs pour le niveau de vie moyen de la population d’accueil ». L’expert citait quelques études pour appuyer ses propos.
Les immigrants auraient également un obstacle de taille devant eux : la discrimination à l’embauche. Selon une étude de la Commission des droits de la personne, à caractéristiques et à compétences égales, un candidat au nom de famille québécois a au moins 60 % plus de chances d’être invité en entrevue qu’une personne ayant un nom à consonance africaine, arabe ou latino-américaine.
La ministre Anglade a d’ailleurs reconnu, dans le même point de presse, le « besoin de réduire les taux de chômage dans certaines communautés ».