Les chiffres erronés de Marc Garneau

F3c11a9efe22399a305f8f14df6f2a31

Seulement 30% des demandes d'asile ont été rejetées...

Débusquer les fausses nouvelles, vérifier les déclarations des politiciens, trouver les vrais chiffres : les recherchistes de notre Bureau d’enquête, basées à Montréal, Québec et Ottawa, sont des expertes dans l’art de rétablir les faits. Chaque samedi, elles vous présentent leurs trouvailles pour vous permettre d’y voir plus clair dans l’actualité de la semaine.




L’énoncé


Marc Garneau, qui préside un comité intergouvernemental sur la migration, a dit lundi qu’« un peu plus de 90 % des migrants » arrivant au Canada par des points d’entrée irréguliers comme le rang Roxham « ne répondent pas aux critères » pour être reconnus comme réfugiés.


Le ministre fédéral des Transports soulignait ainsi que ces demandeurs d’asile « ne reçoivent pas un billet gratuit vers le Canada » lors d’une conférence de presse qui avait pour but d’apaiser les craintes face à l’afflux de migrants à la frontière.


Les faits


M. Garneau a utilisé une statistique erronée pour faire valoir son point, constate-t-on à la lumière des plus récents chiffres publics.


À peine plus de 30 % des 2552 demandes d’asile de migrants irréguliers ayant été traitées par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR) en 2017 ont été rejetées.


De février à décembre 2017, la CISR a ouvert un total de 18 149 dossiers, mais n’a pas encore tranché dans la grande majorité des cas.


Un porte-parole du ministre de l’Immigration Ahmed Hussen a précisé au Journal que M. Garneau avait voulu parler du faible taux d’acceptation des demandes d’Haïtiens seulement, même s’il n’avait pas exprimé sa pensée de la sorte.


Or, même en se penchant sur ces cas spécifiques, on arrive bien loin d’un rejet « d’un peu plus de 90 % » des demandes. Ce sont en fait 278 cas sur 518 qui ont été écartés, soit une proportion de 54 %.


Notons qu’en prenant en compte dans le calcul les désistements et les retraits, on obtient le fameux 90 %. Toutefois, la CISR fait la distinction sur son site web entre un refus et un désistement.