L'impasse Rabaska

Jean Charest n'a plus à chercher; l'implantation d'un port méthanier dans la Capitale nationale ne pourra jamais être légitimée.

Rabaska



Pour d'obscures raisons que nous ne pouvons que soupçonner, le gouvernement de Jean Charest s'est fortement compromis dès le départ en faveur du projet Rabaska, comme en témoignent successivement le remplacement du ministre Mulcair par un inconditionnel des ports méthaniers, la publication d'une Stratégie énergétique favorable à l'importation de gaz liquéfié, l'autorisation prématurée de faire procéder aux audiences publiques du Bape, etc.
Après trois ans d'un tel lobby, maintenant qu'il se voit défié de toutes parts par des opinions hautement crédibles, qui se montrent soucieuses d'empêcher qu'on hypothèque la sécurité et l'harmonie de la Capitale nationale et qui ont retiré toute légitimité au projet, le gouvernement apparait incapable de faire marche arrière dans son appui à Rabaska. C'est en désespoir de cause qu'il a probablement décidé de téléguider l'expertise du Bape pour faire conclure en juillet dernier à cet organisme que le projet est bon et sécuritaire. Malheureusement, à la lecture, son rapport paraît à ce point truqué que sa crédibilité est nulle.
Que restera-t-il alors comme motif au gouvernement Charest pour justifier un port méthanier à Québec, sinon l'argument de la «sécurité énergétique»? Il est connu que le recours au concept de «sécurité» a souvent été la solution ultime des dirigeants pour abuser le peuple lorsque le temps est venu de couper court à la justification d'une décision d'état. Ayant été à l'origine, notamment, de tant de guerres autrement injustifiables, la notion de «sécurité» est alors celle qui se doit de nous impressionner, de nous faire douter et frémir, de sublimer nos droits, bref de nous faire sentir petits et soumis devant les décideurs qui se transforment ainsi en dépositaire unique de notre bien commun. C'est, il faut bien le constater, le deni démocratique de prédilection des gouvernements les plus faibles.
La référence à la nécessité de «sécurité énergétique» est effectivement déjà dans l'air pour cautionner Rabaska. Il apparait à la base du discours du Bape. Mais les Québecois ne seront pas dupes cette fois-ci : à l'évidence, notre sécurité énergitique n'est en rien liée au gaz naturel, qui occupe une place bien négligeable dans notre porte-feuille de consommation; nous sommes plutôt reconnus comme les champions et les privilégiés de l'hydroélectricité, laquelle sera par ailleurs complémentée bientôt par les investissements massifs dans l'éolien. Quant au gaz, l'industrie de l'ouest canadien nous en garantit l'approvisionnement pour au moins 70 ans.
Jean Charest n'a plus à chercher; l'implantation d'un port méthanier dans la Capitale nationale ne pourra jamais être légitimée.
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Mathias Brandl
Sainte-Pétronille, I.O.


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