L’impact négatif des péages

L’introduction de péages sur les ponts et autoroutes de la région de Montréal, comme la préconise le maire Gérald Tremblay, va provoquer une hausse du coût de transport des marchandises.

Tribune libre 2009

Texte publié dans cyberpresse du mardi 27 octobre 2009 sous le titre "Les péages pénaliseraient les entreprises montréalaises"
***
L’introduction de péages sur les ponts et autoroutes de la région de Montréal, comme la préconise le maire Gérald Tremblay, va provoquer une hausse du coût de transport des marchandises.
Et cela va se réfléter directement sur les coûts aux consommateurs, de la même façon que la hausse du prix de l’essence a provoqué une augmentation des prix des aliments qui ne s’est pas encore résorbée malgré la baisse des coûts de l’essence depuis le début de l’année. Cependant, contrairement à la hausse du prix de l’essence qui s’est appliquée à toutes les entreprises nord-américaines de façon égale, l’imposition de péages va s’appliquer seulement à la région de Montréal et de ses banlieues. Elle va rendre moins compétitives nos entreprises d’ici.
Est-ce que c’est cela que M. Gérald Tremblay veut faire? Pénaliser les entreprises montréalaises qui exportent leurs produits? Chasser ces entreprises hors de la région de Montréal?
Comme 80% des déplacements sont attribuables au transport commercial, on peut s’attendre à ce que l’entreprise nous refile ces coûts additionnels. Combien la gestion de ces péages et l’implantation de ces systèmes sophistiqués de lecture des plaques d’immatriculation nous coûteront-elles? Finalement, y aura-t-il un avantage quelconque à ces péages?

L’imposition de péages sur nos autoroutes aura aussi un autre effet indésirable, celui du déplacements des trajets vers les rues et les routes secondaires, en vue d’éviter ces péages. Cela aura un impact nuisible tant du point de vue de la pollution de nos milieux de vie que du point de vue de la sécurité routière dans nos municipalités. Souvenons-nous de l’impact négatif qu’ont eu les péages de l’autoroute des Laurentides sur toutes les municipalités le long du boulevard Curé-Labelle et de la route 117, de Laval à St-Jérôme et plus loin.
Je suis tout aussi sensible au besoin de favoriser le transport en commun mais le maire de Montréal réalise-t-il qu’il n’y a pas que des travailleurs salariés ou des étudiants qui circulent en auto sur nos ponts et autoroutes?
Il y a aussi des touristes, des travailleurs autonomes, des représentants de vente, des véhicules de service de toutes sortes et, bien sûr, tous les camions et remorques qui distribuent tous les biens et tous les aliments que nous consommons. Le transport en commun ne peut pas satisfaire tous les besoins de déplacement. Il faut être réaliste.
Le réseau de transport routier au Québec est un service public. Il profite à tous, même à ceux qui n’ont pas d’auto ou de moto, ou qui n’ont pas l’âge d’en conduire une, parce qu’il permet le déplacement libre des personnes en plus de tous les biens que nous fabriquons ou consommons. Il faut que ça reste comme ça!
***
André Kahlé, ingénieur

Brossard


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Frédéric Picard Répondre

    27 octobre 2009

    Rien n'empêche la modulation des tarifs. Ainsi, un camion transportant des conteneurs pour le port de Montréal pourrait être exempté. Le but des péages, si je ne me trompe pas, est de restreindre le trafic automobile de Montréal. Tout comme il serait étonnant que les autobus soient pénalisés (ils paient déjà à l'AMT pour la voie réservée du pont Champlain et pour utiliser le 1000 de la Gauchetière).
    Les péages pourraient même permettre une modulation, pour le co-voiturage. Le but, c'est d'enlever le "1 auto, 1 personne", pour éviter de construire de nouveaux ponts.
    Pire, il serait totalement illogique, selon moi, que les camions paient pour contourner Montréal via l'extension de la 30 (oui,oui, elle est en construction, je l'ai vue !!!) mais ne paient pas pour entrer sur l'ile. L'industrie du cammionage doit avoir un incitatif à choisir la future 30.
    Vous faites fi également du fait que Montréal est, de plus en plus, une place de services, non de marchandises. Avec le prix des terrains, il devient prohibitif d'opérer une entreprise de marchandise (de masse) sur l'ile de Montréal.
    Votre argument de surtaxe du réseau secondaire ne tient pas non-plus la route. Montréal est une ile. Il est aisé de mettre des péages à la sortie ou à l'entrée des ponts (relativement peu nombreux).De plus, il faut se promener à St-Lambert pour se rendre compte qu'une signalisation routière efficace combinée à une intervention policière musclée pourrait permettre de circonvenir ce problème. Vous êtes sans aucun doute au courant des interventions policières au coin taschereau-Auteuil-panama. Je suis sur que la ville y renfloue grassement ses coffres.
    Je suis contre les nouvelles taxes. Mais, entendons nous, la détérioration du Pont Champlain, Victoria et Jacques Cartier va peser à toute la population, si on ne fait rien. N'est-il pas normal que les usagers de ces services paient pour? N'est-il pas normal que l'on fasse payer les auto-solo ? Combien de temps (et de productivité) perd-on dans le trafic des ponts? Combien couterait, à toute l'économie québécoise, une augmentation de taxes et impots pour financer la réfection de ces ponts, voir la construction de nouveaux ponts ?
    Une hausse des impots et des taxes entraine des coûts de marchandise également. Cessons la pensée magique que taxer les entreprises n'a aucun coût social. La fuite des sièges sociaux vers Calgary est justement le fruit d'une fiscalité industrielle trop agressive.
    Je suis contre que tout ces revenus ne reviennent qu'à Montréal, une ville gloutonne, corrompue et sur-syndiquée. Mais n'empêche que, sur le fond, c'est une fichue de bonne idée.