L’immigration, 40 ans plus tard

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L'immigration a toujours été une arme d'Ottawa pour noyer le Québec d'immigrés hostiles au nationalisme


Les gestes de début de mandat de la CAQ en matière d’immigration suscitent une levée de boucliers dans les milieux multiculturalistes. L’opposition s’efforce de créer une atmosphère de crise. Comme si ce dans quoi s’engage la CAQ était sans précédent. 


Or la situation actuelle n’a rien d’unique. Pour une partie, nous reprenons des débats qui ont eu lieu lors de l’arrivée au pouvoir du Parti québécois en 1976. Même si une vision idéalisée de René Lévesque rejette certains volets de son action, dans les faits, Lévesque tenait à une politique d’immigration qui tienne compte du statut fragile de l’identité québécoise. 


Voici quatre grands parallèles faciles à établir entre les réformes de l’immigration dans lesquelles s’engage la CAQ et les débuts du Parti québécois en 1976. On constate à la fois que le contexte a changé et que le Québec a fait certains pas de géant. Mais on réalise aussi que l’histoire a tendance à se répéter. 


Assurer une meilleure sélection et une meilleure intégration 


Plusieurs citations de René Léves-que lui-même nous rappellent à quel point l’intégration harmonieuse des immigrants était déjà un enjeu à l’époque. « L’immigration doit pouvoir être surveillée par la collectivité. C’est vital pour nous », disait Lévesque.  


Évidemment, il en faisait à l’époque essentiellement une affaire de juridiction d’Ottawa. Québec avait créé un ministère de l’Immigration sans pouvoir. Des ententes survenues avec le gouvernement fédéral ont, depuis, radicalement transformé la dynamique. Le Québec a des pouvoirs considérables, mais doit s’en servir adéquatement pour réussir l’intégration. 


Réduire les seuils d’immigration 


Le changement était survenu sans grand débat dans les années 1970. Cette fois-ci, la CAQ l’a carrément inséré dans son programme électoral. Mais les premières années de René Lévesque avaient été marquées par une baisse radicale. Dans les deux années suivant l’arrivée au pouvoir des péquistes en 1976, le nombre de nouveaux arrivants accueillis chutait de moitié. 


Le recours à la coercition pour imposer le français 


Le gouvernement Lévesque en a fait sa pièce maîtresse : la loi 101. Les enfants des nouveaux arrivants allaient dorénavant être forcés de fréquenter les écoles de langue française. Le PQ de l’époque a hésité avant de décider jusqu’où aller avec les différents éléments coercitifs de la loi 101. Quarante ans plus tard, la CAQ songe à un test de français et à un test de valeurs.  


Consolider les pouvoirs du québec face à ottawa 


René Lévesque partait de plus loin. Le Québec n’avait pas de pouvoir en la matière. François Legault fait néanmoins face à la même situation, c’est-à-dire qu’une partie de ses réformes en immigration seraient compromises advenant un refus catégorique d’Ottawa. Pour l’instant, les négociations ne semblent pas si faciles. 


Si les mêmes débats ont tendance à revenir, les mêmes arguments des opposants réapparaissent et les mêmes accusations fusent. René Lévesque y a goûté et François Legault devrait s’y préparer. L’histoire aura néanmoins retenu que René Lévesque a posé des jalons essentiels à la pérennité de l’identité québécoise.