(Défaire un gouvernement minoritaire)

L'immaturité politique

Il faut qu’une décision gouvernementale soit manifestement déraisonnable pour aller jusque-là. Il faut être face à un enjeu majeur, grave.

Climat politique au Québec

Jean Charest cogne sur un mauvais clou en invoquant les Fêtes du 400e pour inviter l’ADQ et le PQ à ne pas précipiter le Québec en élections en 2008. C’est peut-être une touchante attention, mais c’est loin d’être un argument.



Il existe un meilleur argument que celui-là ; plus solide aussi que cette phrase toute faite selon laquelle « les citoyens ne veulent pas d’élections ».
C’est tout simplement qu’on ne renverse pas un gouvernement minoritaire à la première occasion venue parce qu’on soupçonne, un œil sur les enquêtes d’opinion, qu’on peut le battre. Pas plus à la première qu’à la deuxième ou même à la troisième, d’ailleurs.
C’est certainement bien humain de croire que les choses peuvent et doivent fonctionner ainsi —qu’il ne s’agit que d’un bête rapport de forces après tout —, mais cela relève d’une profonde immaturité politique.
Dans les démocraties matures, l’opposition ne renverse pas un gouvernement parce qu’elle n’est pas d’accord avec une décision qu’il a pu prendre — pas pendant les 18 ou 24 premiers mois suivant son élection en tout cas.
Il faut qu’une décision gouvernementale soit manifestement déraisonnable pour aller jusque-là. Il faut être face à un enjeu majeur, grave.
Dans de plus en plus de sociétés, les gouvernements minoritaires deviennent la norme plutôt que l’exception. Ce sera peut-être aussi le cas au Québec et au Canada, du moins pendant quelques années. Jouera-t-on sans cesse à « je te renverse, tu me renverses » ?
Il n’y a pas que les partis d’opposition qui sont en cause. Les gouvernements le sont tout autant. On a vu cette semaine que c’est le premier ministre canadien lui-même qui a mis son gouvernement en danger en décidant d’aller de l’avant avec un discours du Trône et un vote de confiance. Il place de façon irresponsable les bloquistes, les libéraux et les néo-démocrates au pied du mur.
Si Jean Charest estime — avec raison — qu’il ne devrait pas y avoir d’élections avant 2009, il lui appartient à lui aussi de faire son bout de chemin ; d’impliquer le plus possible l’ADQ et le PQ (ou l’un ou l’autre) dans les orientations qu’il donne au Québec.
Il n’y a aucune raison qu’il y ait des élections l’an prochain au Québec.


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