Une autre large offensive de mobilisation contre le projet Rabaska est en cours depuis le début de 2008. Et tous les coups sont permis dans cette opération de désespoir.
La coalition locale d'opposants au projet de port méthanier sur la rive-sud tente de donner une dimension «nationale» à sa campagne pour faire reculer le gouvernement Charest, en profitant de sa vulnérabilité comme gouvernement minoritaire.
Les opposants à Lévis se sont transportés à Montréal et ils ont obtenu l'appui de groupes environnementaux comme Greenpeace, Équiterre, l'Association de lutte contre la pollution atmosphérique ainsi que du célèbre avocat Don Quichote, Julius Grey. Au niveau politique, le chef du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion, leur a déjà manifesté une certaine sympathie mais il n'est pas allé plus loin. Le député Thomas Mulcair du NPD qui a des comptes à régler avec Jean Charest depuis la crise du Mont Orford, s'est rangé inconditionnellement avec les résistants. Sur la scène provinciale, le PQ affirme ouvertement viser à faire dérailler le projet mais l'ADQ appuie au contraire Rabaska. Le député de Lévis réclame simplement, avec raison, plus de transparence des ministères concernés qui refusent de diffuser leurs rapports d'analyse du dossier, pour éviter de nourrir la suspicion. Le gouvernement Charest n'est donc pas trop menacé sur ce terrain.
Deux médias de Québec, un quotidien et Radio-Canada, ont par ailleurs effectué un tir groupé massif ces derniers jours, à partir du refus de trois ministères de rendre publics ces avis sectoriels sur Rabaska. Cette décision est évidemment présentée par les opposants comme la confirmation d'une nécessité pour le gouvernement de cacher des choses inavouables à la population. Le journal a ajouté à cela des reportages auprès de citoyens «victimes», qui seraient terrorisés, dans la crainte de représailles financières de la part des promoteurs, et une entrevue avec un courtier parmi d'autres, sur les centaines que compte la région de Québec, qui dit que les maisons sont devenues invendables dans le secteur. Il s'agit par hasard du frère de Michel Lessard, l'historien cofondateur du GIRAM.
Les opposants se sont aussi lancés dans une chasse aux sorcières. Ils accusent le gouvernement Charest d'être contrôlé par le grand capital, sur la simple base des intérêts que posséderaient Power Corporation et d'autres dans des entreprises partenaires de Rabaska: Gaz métro, Gaz de France et Enbridge. Celles-ci auraient déployé une armée de lobbyistes pour travailler au corps ministres, députés et élus municipaux. La technique est connue: alléguer un affrontement entre une «petite opposition citoyenne», dépourvue, et des géants financiers qui peuvent se payer des politiciens sans scrupules. Or ni Power ni Paul Desmarais n'ont de participation dans Rabaska. Le gouvernement français a simplement déjà autorisé une fusion éventuelle entre Gaz de France et Suez, une société française de services publics dans laquelle Power Corp. détient un intérêt économique inférieur à... 1 % et qui n'est pas partenaire dans Rabaska. Des opposants manient habilement la désinformation, la démagogie.
La fin du monde
L'acceptation sociale du projet Rabaska est très majoritaire sur la Rive-Sud, à l'extérieur du périmètre très restreint de voisins immédiats qui profitent d'un site extraordinaire, qui ne veulent pas être dérangés et, pour quelques-uns, qui peuvent nourrir des craintes véritables pour leur sécurité. Le Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE) a accepté le projet, après les plus longues et les mieux nourries de toutes les consultations dans l'histoire de cet organisme de contrôle. Le dossier semblait clos à l'automne.
Il a fallu toutefois que cette dernière offensive médiatique des opposants coïncide avec un déversement de 200 000 litres de mazout aux installations d'Ultramar. Ce que l'on entend depuis sur les risques de Rabaska ne relève même plus de la science-fiction mais d'un pur délire.
Ne perdons jamais de vue, dans ce grand vacarme, sa nature première: l'opposition acharnée, que l'on peut comprendre, d'une centaine de résidants de Lévis qui seront équitablement compensés et de voisins bien nantis de l'Île d'Orléans, en face, mus par le réflexe du «pas dans ma cour» et que les habituels agitateurs d'épouvantails opposés à tout projet de nature économique dans la région, ont récupéré aveuglément.
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