Encore du chouennage

Chouenner est un vieux mot de Charlevoix qui signifie parler pour rien, faire du verbiage. Mme Marois veut faire chouenner tout le Québec.

Dites-nous, M. Samson, si P. Marois est coupable de chouennage, sont coupables de quoi les mercenaires, y compris vous-même, qui battent du tambour sans relâcher depuis ce temps?



Adoption d'une constitution québécoise, renforcement de la loi 101, adoption d'une loi sur l'identité québécoise, les préoccupations de Pauline Marois sont à mille lieux de celles du Québécois moyen.
La chef du Parti québécois a mis au congélateur l'obligation prévue au programme de tenir un autre référendum sur la souveraineté dans les meilleurs délais après une victoire électorale du PQ. Il lui faut toutefois donner à boire et à manger aux militants de son parti, ceux qui souscrivent à la caisse électorale du PQ et qui font le porte à porte durant les campagnes électorales. Elle a absolument besoin d'eux.
Elle les endort donc avec ce qu'elle appelle «des gestes de souveraineté». Un gouvernement du Parti québécois jouerait au gouvernement d'un pays souverain. Il consacrerait, par exemple, des mois voire des années à de lénifiantes discussions sur une constitution bien québécoise, qui n'aurait qu'une valeur symbolique. Outre les pertes de temps et d'énergies que de tels débats occasionneraient, ceux-ci sont garants de divisions sociales, d'animosités et de morosité. L'inutile Commission Bouchard-Taylor nous en a fourni un bon exemple récemment.
Son adversaire dans Charlevoix, le candidat de l'ADQ, Conrad Harvey, disait de Pauline Marois qu'elle était une chouenneuse. Chouenner est un vieux mot de Charlevoix qui signifie parler pour rien, faire du verbiage. Mme Marois veut faire chouenner tout le Québec.
Un vieux film
Les souverainistes pressés au Parti québécois ne seront pas dupes de la stratégie de Mme Marois, prête à toutes les pirouettes pour devenir première ministre. Ils ont vécu le virage vers «l'affirmation nationale» avec Pierre Marc Johnson, en 1985. Mme Marois leur offre vingt ans plus tard une simple variante de la doctrine Johnson, dont elle cherchait alors à se démarquer. Ces mêmes militants ont ensuite attendu en vain la réunion des «conditions gagnantes» avec Lucien Bouchard et Bernard Landry. Et dans chacun des cas, ils ont immolé le chef.
Les «gestes de souveraineté» de Mme Marois ne les satisferont pas; ils les verront comme des petits hors d'oeuvre. La chef du Parti québécois est sous surveillance actuellement. L'ex-président de la CSN, Gérald Larose, entre autres, devenu président du Conseil sur la souveraineté, regarde constamment par dessus son épaule. Ces personnes ne font pas de l'action politique dans le but d'épingler sur leur mur de salon une constitution virtuelle, qu'aucun premier ministre péquiste depuis René Lévesque ne s'est risqué à faire voter à l'Assemblée nationale, craignant le ressac populaire d'un tel geste. Ils veulent la création d'un état indépendant et ils utiliseront tout leur poids pour contraindre Pauline Marois à déclencher un référendum, si elle forme un gouvernement majoritaire, quoiqu'elle ait dit en campagne électorale pour amadouer les électeurs. Il suffira de trouver un bon prétexte.
La stratégie adoptée par Mme Marois vise, quoique de façon malhabile, à acheter la paix avec la frange plus radicale de son parti. Les Québécois se poseront la question avant de lui accorder leur confiance: jusqu'où sera-t-elle prête à aller ensuite face aux militants «purs et durs» pour garder son poste?
Le Parti québécois a peut-être remonté quelque peu dans les sondages ces derniers mois mais il n'est que le troisième parti à l'Assemblée nationale, son organisation est à reconstruire et ses députés à l'extérieur de Montréal sont dispersés sur le territoire. Un parti d'opposition a par ailleurs la responsabilité de préparer une alternative globale au gouvernement en place. Ce n'est pourtant pas le boulot qui manque. Or le PQ se complait dans les mêmes vieilles discussions qu'il y a vingt ans, sur une constitution et la langue.
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