À Montréal, une personne sur trois déclare utiliser l'anglais à la maison
L'Office québécois de la langue française (OQLF), créé en 1977 lors de l'adoption de la Charte de la langue française, a pour mission de surveiller et d'assurer que le français demeure la langue commune publique au Québec. Parmi ses différents mandats, l'OQLF a celui d'informer le ministre tous les cinq ans de la situation du français au Québec.
Dans son rapport annuel 2004-2005, l'OQFL publiait une série de chiffres indicateurs pour la période de 1991 à 2001 qui viennent tracer un portrait de l'état du français au Québec. Dans l'ensemble, on peut soutenir que le français a fait des gains. Par contre, les esprits plus critiques soutiendront que ces gains ne sont pas suffisants et qu'il existe encore trop de zones grises.
«Nous devons toujours demeurer vigilants malgré les progrès enregistrés au fil des années, soutient Gérald Paquette, directeur des communications et porte-parole de l'OQFL. On ne peut pas se fier seulement à nos acquis, d'autant plus que la mondialisation des marchés et l'internationalisation des cultures favorisent l'usage de l'anglais.»
État de la situation
Selon les chiffres publiés par l'OQLF, en 2001, les deux tiers des personnes dont la langue maternelle est l'anglais et presque les trois quarts des personnes dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français affirmaient connaître le français. Près de neuf Québécois sur dix parlaient le français, seul ou avec d'autres langues, à la maison.
Le français a aussi enregistré des gains du côté des personnes immigrantes de langue maternelle tierce, dont 35,8 % choisissaient le français en 1991 contre 45,7 % en 2001. Par contre, l'attraction de l'anglais demeure forte chez ces personnes puisque 54,3 % d'entre elles choisissent encore l'anglais. «Plusieurs immigrants arrivent ici avec quelques notions d'anglais. Étant donné que la plupart débarquent à Montréal et qu'il est possible d'y trouver un travail avec une connaissance minimale de l'anglais, beaucoup d'entre eux font ce choix.»
C'est que la situation à Montréal diffère de celle qui prévaut dans l'ensemble du Québec, tant en ce qui a trait à la langue parlée à la maison qu'à celle utilisée au travail. En effet, sur l'île de Montréal, un personne sur trois déclare utiliser l'anglais à la maison.
La même différence existe quant à la langue de travail. Si le français est la principale langue de travail pour 92,8 % des personnes vivant à l'extérieur de la région métropolitaine de Montréal, ce nombre tombe à 64,8 % pour les personnes vivant sur l'île de Montréal. Et ce, même si le taux de francisation des entreprises atteignait 80 % en 2005.
Rappelons que la Charte de la langue française oblige les entreprises de 50 employés ou plus à mettre en place un processus de francisation, ce qui n'est pas le cas avec les plus petites entreprises. «Le législateur espérait qu'il y aurait un effet d'entraînement chez les petites entreprises puisque plusieurs sont des fournisseurs et des sous-traitants, mais ça ne s'est pas avéré.» Malgré ce hic, il soutient que le français a fait d'importants progrès en tant que langue de travail. «Qui aurait pensé, il y a quelques années, que les documents techniques seraient en français dans le secteur de l'aéronautique? Pourtant, c'est aujourd'hui le cas», remarque-t-il.
Succès informatique
L'OQLF a aussi pour mission de recevoir les plaintes concernant les infractions à la Charte de la langue française, ce qui lui a valu le surnom de «police de la langue» chez certains anglophones. Surnom que refuse Gérald Paquette. «Nous sommes l'ange gardien de la langue. En réalité, ce sont surtout les citoyens qui sont les sentinelles de la langue française au Québec.»
Parmi les autres mandats de l'OQFL, il y a celui de se pencher sur la qualité du français au Québec. Si les travaux de l'OQFL à ce sujet font état de progrès, ils démontrent aussi qu'il y a encore beaucoup à faire afin d'accroître la maîtrise du français.
À cet égard, l'OQLF met à la disposition du citoyen une série d'outils terminolinguistiques. Par exemple, on y publie des guides de toutes sortes, dont le très populaire Français au bureau dont la dernière édition a déjà atteint les 20 000 exemplaires vendus.
Mais c'est surtout par l'entremise d'Internet que l'OQFL a choisi de communiquer avec les citoyens. En effet, le site Internet de l'OQFL (www.oqlf.gouv.qc.ca) met à la disposition de l'internaute deux importants outils linguistiques: la banque de dépannage linguistique (BDL) et le grand dictionnaire terminologique (GDT).
La popularité de ces deux outils ne se dément pas. En 2005, on a enregistré plus de 56 millions de recherches dans le GDT et un peu plus de 800 000 consultations à la BDL dont c'est la première année d'existence. Le portail de l'OQFL connaît en moyenne 170 000 visites par mois. «Près de 35 % des recherches dans le GDT proviennent maintenant de l'extérieur du Québec.»
Et l'on veut faire plus et mieux. Non seulement rajoute-t-on quelque 100 fiches nouvelles chaque mois au GDT, mais ce dernier est appelé à devenir multilingue. «On va y rajouter d'abord l'espagnol et ensuite le portugais. On songe aussi au catalan et même au chinois.»
Francofête
L'OQFL doit aussi promouvoir le fait français au Québec et le fer de lance de cette promotion auprès du grand public est la Francofête, qui se déroule cette année du 3 au 24 mars sous le thème «En français, par mots et merveilles». Comme chaque année, ateliers, concours et dictées seront au rendez-vous. «Ce sont des centaines et des centaines d'activités qui se dérouleront sur le terrain et dans la communauté.»
La ville de Joliette a été choisie en tant que Francoville; elle est jumelée à la ville de Brive-la-Gaillarde en France. Une nouveauté cette année: les Francoquartiers, dont l'honneur va à l'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie de Montréal.
Un autre événement soulignant l'importance du français, les Rendez-vous de la Francophonie, pancanadien cette fois, prend chaque année plus d'ampleur. Vient-il ombrager la Francofête? «Pas vraiment, répond-il. Les Rendez-vous n'ont pas le même mandat. Dans leur cas, il s'agit de resserrer les liens entre francophones au Canada. Il s'agit d'une activité que l'on perçoit comme complémentaire à la Francofête.»
Collaborateur du Devoir
Office québécois de la langue française
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