L'ADQ plus pertinente que jamais

Notre parti va continuer de jouer le rôle dont a besoin le Québec : lever le voile sur des tabous et préparer l'avenir de nos enfants

2006 textes seuls

Par Yvon Picotte
Monsieur Pratte,
Le [12 avril dernier, vous proposiez à vos lecteurs une analyse fort tendancieuse et trop superficielle->894] de la situation qui prévaut à l'ADQ. Sous le couvert d'une interrogation sur la direction empruntée par le parti, vous avez questionné la pertinence de l'ADQ et la légitimité des militants à se rassembler pour défendre des idées communes. À la fin, vous avez même avancé une prophétie basée sur le résultat d'une simple élection partielle, annonçant le moment du jugement dernier.
Ce qui étonne surtout, c'est de lire vos constats sévères à l'égard des militants et du chef de l'ADQ. C'est donc en ma qualité de président de l'ADQ, que je vous interpelle pour vous rappeler l'importance des débats de fond en politique, en opposition avec les considérations stratégiques changeantes d'une saison à l'autre, et qui semblent très présentes dans votre charge en règle contre l'ADQ.
Le 14 avril 2003, il y a de cela trois ans, la population du Québec a choisi de confier la gestion de l'État au Parti libéral du Québec. Après trois années de slogans, de messages vides et de promesses écartées, une grande majorité de gens regrettent ce choix amèrement. Aussi, peut-on noter dans vos propos, un certain malaise, voire de la déception devant autant de mauvais choix de gouvernance libérale, ce qui n'augure rien de bon pour leur réélection. De toute évidence, le prochain scrutin vous inquiète. En effet, difficile de nier que ce mandat de changement a été usurpé et qu'aucun résultat convaincant sur les enjeux cruciaux, n'a été livré par le premier ministre actuel et son parti.
Du côté de l'opposition officielle, toute l'intelligentsia lucide au Québec reconnaît l'incapacité structurelle du Parti québécois de livrer autre chose que des débats sur la question nationale et des luttes intestines. Pendant ce temps, une seule formation politique questionne le gouvernement, interpelle les décisions ministérielles et tente de faire progresser le Québec en mettant de l'avant des positions novatrices. Ce travail de l'équipe adéquiste, ces débats et questions menés par le chef Mario Dumont, les voyez-vous? Peut-être que vous aussi au fond, vous êtes une victime du bâillon odieux qu'on nous impose au Parlement...
Échiquier politique Vos commentaires à l'égard des militants de l'ADQ sont cinglants et méritent qu'on s'y attarde. L'ADQ a été, est et sera un parti pertinent sur l'échiquier politique québécois. Sa courte histoire en fait la preuve. On ne peut réduire la pertinence d'une formation politique parce qu'une autre en mal de vision, jongle avec le vocabulaire du changement pendant qu'il gère l'immobilisme, comme le fait le gouvernement libéral. Notre formation politique a été audacieuse et a brisé des tabous comme elle l'a fait avec la place que doit tenir le privé en santé. Elle est courageuse parce qu'elle n'a pas fait de la question nationale la pierre angulaire de son projet de société. Elle est surtout visionnaire, car elle fut la première, et pendant longtemps, la seule, à discuter de la dette et du choc démographique du Québec. Pour nous, l'ADQ et ses membres demeurent une force de changement aujourd'hui.
Par ailleurs, n'est-ce pas un paradoxe inusité de la part d'un membre des " lucides " de nier l'importance de voir une voie nouvelle progresser, alors que bien des idées du Manifeste pour un Québec lucide recoupent les idées maîtresses de l'ADQ?
Nous rejetons énergiquement cet appel que vous lanciez aux militants de l'ADQ. L'exercice du militantisme, la volonté de se regrouper pour faire valoir des idées et des points de vue, sont des droits et des devoirs inhérents à une saine démocratie. Le droit de juger de la valeur d'un engagement politique ne vous appartient pas.
Vos propos les plus sévères ont été portés à l'endroit du chef de l'ADQ, Mario Dumont. Réduire sa pertinence politique à son sens de la formule du point vue de la communication, c'est de ne pas reconnaître qu'il a fait le choix de la voie la plus difficile pour mener des changements réels et bénéfiques pour le Québec. Comment peut-on lui reprocher de tenir l'échine bien droite et de continuer, contre vents et marées, de représenter les 700 000 citoyens qui lui ont fait confiance? Comment peut-on lui reprocher de parler au nom des citoyens qui ont le goût d'un discours différent?
Pour conclure, il nous intéresse de répondre à votre question initiale. Où va l'ADQ? À un moment où le lien de confiance entre la population et ses " élites médiatiques et politiques " est bien fragile, l'ADQ continuera de jouer le rôle dont a profondément besoin le Québec: celui de lever le voile sur des tabous et de préparer l'avenir de nos enfants. À l'ADQ, nous sommes convaincus de la nécessité des changements que nous proposons. Nous mettons nos énergies et notre coeur à en convaincre nos concitoyens.
Yvon Picotte
L'auteur est président de l'ADQ.
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Une route solitaire
M. Picotte,
Je respecte votre point de vue et votre foi en l'ADQ. Cependant, je ne peux vous laisser déformer mes propos comme vous le faites. J'aurais été " cinglant " à l'égard des militants du parti; à quel passage de mon éditorial référez-vous? J'estime que l'action politique de l'ADQ est de moins en moins pertinente. Mais des militants, je dis que " contre vents et marées, ils font preuve d'une belle énergie ". Cinglant?
" Vos propos les plus sévères ont été portés à l'endroit du chef de l'ADQ ", écrivez-vous. De M. Dumont, je dis pourtant qu'il " demeure un politicien exceptionnellement doué ". C'est justement pour cela que je souhaite qu'il ne reste pas à la marge de la politique québécoise. Tant mieux pour lui, et pour vous, si la route solitaire qu'il a choisie s'avère la bonne. Mais je crains qu'il se trompe et que lui, et vous, et le Québec y perdent.
André Pratte
Éditorialiste en chef


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