L’absent

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«Les absents ont toujours tort de revenir»

Au bureau du premier ministre Couillard, on sait très bien que « les absents ont toujours tort » et que la fuite de Sam Hamad en Floride ne peut que renforcer l’impression qu’il n’a pas la conscience tranquille.

Si l’on a accepté, pour ne pas dire recommandé que le président du Conseil du trésor, qui s’est dit « brûlé », prenne un « congé de maladie » pendant quelques jours, c’est qu’on sait très bien qu’il n’a ni le coffre ni le verbe pour faire face aux attaques de l’opposition, qui en ferait de la charpie. Sans parler des médias, qui ne le lâcheraient pas non plus.

Que ce soit dans le controversé projet du Suroît ou lors de la chute de paralumes sur l’autoroute Ville-Marie, M. Hamad a démontré sa grande vulnérabilité quand il est sous pression. Qu’il se retrouve sur la plage plutôt que de rendre compte de ses actes fait évidemment très mauvais effet, mais on a sans doute jugé qu’il s’agissait d’un moindre mal dans ce contexte de gestion de crise.

En son absence, c’est vraisemblablement le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, qui devra assurer sa défense. M. Fournier a démontré à de nombreuses reprises qu’il est parfaitement capable de défendre l’indéfendable sans la moindre gêne. Par moment, on croirait même qu’il y prend plaisir.

M. Fournier aura beau faire valoir que M. Hamad n’a fait que son travail en venant à l’aide d’une entreprise dynamique et créatrice d’emplois, on ne saute pas dans un avion à cause d’un simple « pétard mouillé ». Même si M. Hamad ne fait face à aucune accusation, les révélations de l’émission Enquête sont plus que troublantes. S’il a fallu près de 48 heures au premier ministre Couillard pour réagir, c’est de toute évidence que lui-même a été troublé.

Si le passé est garant de l’avenir, M. Fournier va d’abord s’employer à démontrer que M. Hamad n’a fait ni mieux ni pire que les péquistes à l’époque où ils étaient au pouvoir. Soit, la pratique du financement sectoriel était peut-être discutable, concédera-t-il, mais cela faisait partie des moeurs d’une époque heureusement révolue grâce aux nombreux changements qui ont été apportés au mode de financement des partis politiques. C’est essentiellement ce qu’il a plaidé à la suite de la mise en accusation de l’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau.

Bien entendu, ces explications ne satisferont pas l’opposition. M. Hamad ne pouvait pas ignorer que, de son propre aveu, son ami Marc-Yvan Côté, se fichait complètement des lois. S’il fallait que l’échange de courriels relatifs aux demandes de subvention de Premier Tech demeure confidentiel pour « protéger » M. Hamad, c’est vraisemblablement qu’ils révélaient quelque chose d’inavouable. Pourquoi un homme qui n’a rien à se reprocher devrait-il être protégé ?

Quand les choses vont se corser, M. Fournier va faire en sorte qu’elles tournent au vinaigre. On en a eu un aperçu récemment, quand Bernard Drainville s’est intéressé au cas du député libéral des Îles-de-la-Madeleine, Germain Chevarie, qui fait lui aussi l’objet d’une enquête de l’UPAC concernant une contribution illégale que Premier Tech aurait faite à sa caisse électorale.

Devant l’insistance de M. Drainville, M. Fournier s’était lancé dans une dénonciation en règle de l’éthique à géométrie variable du PQ, rappelant l’affaire d’Oxygène 9, qui avait jadis plongé le gouvernement Landry dans l’embarras et forcé l’adoption de la loi sur le lobbyisme, avant d’évoquer la situation délicate de l’actuel chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, qui demeure l’actionnaire de contrôle de l’empire Québecor, même s’il en a confié la gestion à un mandataire, théoriquement sans droit de regard. Devant le tumulte, le président de l’Assemblée nationale avait dû suspendre ses travaux.
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