Je suis tanné

Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne



Oui, je peux bien le dire, je suis tanné. Après des élections fédérales où nous avons donné, beaucoup donné même, il y a quelques semaines à peine. Et après avoir suivi plus ou moins de loin la campagne électorale aux États-Unis, voici qu’on nous relance dans de nouveaux débats avec les élections dites provinciales. Ouch!
De nouveaux débats? Jusqu’à maintenant, je n’ai pas entendu grand-chose. Les habituelles promesses de subventions, les distributions de prix, les récompenses prévisibles à gauche et à droite, les radotages genre club des ex (je ne suis plus capable!), le saupoudrage de bons sentiments, du crêpage de chignon, du vide, du vide, du vide.
Comment va-t-on réussir à convaincre tous ceux qui sont tannés, comme moi, d’aller voter pour des partis qui se ressemblent malheureusement presque tous, à bien des égards (je parle des trois principaux partis)? Ici, on en met un peu plus à la culture, là, on se fait plus vert pour ne pas paraître drabe, ailleurs, on en met un peu plus pour les soins de santé. On assiste à une partie d’échec plus ou moins statique à trois, partie qui risque de se terminer par un match nul, à peu de chose près. Du grand travail d’illusionniste. Même les fabricants d’images et les publicistes à la solde des partis politiques semblent au repos et manquer d’imagination.
De la nécessité de se donner enfin pays, un pays du Québec pour ce peuple québécois maintenant reconnu officiellement, rien. La question nationale demeure la grande absente des élections, alors que toutes les raisons pour la promouvoir existent. Une grande partie de la population du Québec ne croit plus que le Canada peut sauver le Québec, si tant est qu’il a besoin d’être sauvé: de la crise financière et économique dont les grands responsables sont les États-Unis, de la crise d’identité culturelle avec cette ambivalence schizophrénique perpétuelle, de la crise linguistique avec l’envahissement lent, mais continu, de la langue anglaise dans notre vie quotidienne, de la crise énergétique avec les hausses puis les baisses aussi subites du prix du pétrole, de la crise environnementale avec le laisser-aller du gouvernement fédéral et la menace que fait peser sur nos têtes l’exploitation effrénée des sables bitumineux de l’Ouest canadien.
Nous avons besoin d’un pays appelé Québec et d’un gouvernement souverain pour prendre en main nos destinées, pour décider par nous-mêmes ce que nous voulons pour demain, sans ingérence extérieure, pour négocier avec les autres pays notre espace vital dans l’harmonie et pour proposer nos solutions originales en contribuant à la paix, à l’amélioration de la planète et à la juste redistribution de la richesse dans le monde.
Qu’attend donc le Parti québécois pour proposer quelque chose de différent du Parti libéral et de l’ADQ? Autre chose qu’un réaménagement social-démocrate dont on voit à peine les lignes de démarcation entre les trois grands partis politiques?
Même si on sait tous qu’une élection n’est pas un référendum, que les enjeux sont la prise du pouvoir, il me semble qu’il y a là une belle occasion pour relancer le débat, pour enfoncer un peu plus le clou afin de solidifier les cloisons qui ont été mises en place au fil des années et pour lancer de nouveaux appels d'offres afin d’achever le travail. Le ciment a déjà été coulé pour le plancher, les fondations sont en place, bien solides, les murs ont été levés, d’une bonne hauteur, les fenêtres installées qui permettent de voir le soleil et le bleu du ciel. Il ne manque plus que l’installation d’un toit, un toit cathédrale (pourquoi pas), pour achever la construction de cette belle propriété appartement aux sept millions de Québécois.
Après, oui, après, on se chicanera entre nous pour décider des priorités, pour la couleur des murs, pour la finition, pour l’ameublement, pour le contrôle de la cuisine. Cette maison sans toit, tout le monde le sait bien, risque fort de se détériorer si on ne la protège pas contre les intempéries.
Baisser les bras, sous n’importe quel prétexte, équivaut à un abandon, à de l’insouciance, à un manque de courage. On risque ainsi de laisser s’effondrer ce qui a été construit avec tant d’efforts et tant d’espoirs.
Finalement, je ne suis pas tant tanné que déçu.


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