Ignatieff - une ânerie de première classe

Chronique d'André Savard

Ouaip! Il y a longtemps que je le répète : la valeur d'un homme n'attend pas le nombre des diplômes... Ce ne sont pas en effet les titres scolaires qui donnent du jugement à une personne. Le candidat à la direction du Parti libéral du Canada Michael Ignatieff en a fait l'éclatante démonstration la semaine dernière.
Avouer à haute voix craindre une guerre civile au Québec suite à son accession à l'indépendance politique constitue une ânerie de première classe. Rien de tout cela ne s'est produit en 1995. Pourtant, lors de ce second référendum, le camp du OUI a vu la victoire lui échapper suite aux nombreuses fraudes perpétrées par l'adversaire fédéraliste. Guidées par un État canadien au comportement digne des gouvernements communistes de l'époque de la Guerre Froide, les forces du NON ont torpillé le processus démocratique.
La majorité claire accordée au projet souverainiste fut donc annihilée. Malgré la forte adhésion des Québécois francophones à l'option souverainiste -- ils furent près de 65% à l'appuyer -- aucun débordement ne fut observé dans les rues du nouveau pays maintenu malhonnêtement sous tutelle canadienne. Pourtant, la situation politique avait tout lieu d'être explosive : elle aurait pu susciter de la frustration chez certains compatriotes mais ceux-ci ont préféré afficher une attitude pacifique exemplaire. Les 50 000 voix de majorité que les fédéralistes ont réussi à créer de toutes pièces suite à de nombreux subterfuges furent donc sans effet sur les indépendantistes. En ne contestant pas le résultat biaisé de la consultation populaire, les dirigeants souverainistes ont également affiché une élégance remarquable. Le 30 octobre 1995, l'histoire a retenu du Québec qu'il est un exemple de démocratie et de tolérance rarement observé dans l'humanité.
Quiconque a étudié le déroulement de la campagne référendaire de 1995 ne peut formuler la remarque du député libéral fédéral de la circonscription ontarienne d'Etobicoke-Lakeshore. Seuls le racisme et le mépris peuvent produire pareille déclaration. D'ailleurs, n'a-t-on pas observé les leaders fédéralistes réagir en perdants durant les jours qui ont suivi le référendum? Leur agressivité a mené à l'adoption de la loi C-20 dite de la Clarté référendaire en 2000. Cette législation exprime parfaitement le sentiment de répugnance qu'éprouvent l'État canadien et ses supporteurs envers la nation québécoise. La loi C-20, à la lumière du référendum du 30 octobre 1995, s'avère totalement inutile puisque tous connaissaient l'enjeu de cette consultation populaire. Comment sinon expliquer le fort taux de participation qui a culminé à plus de 94%, ainsi que l'empressement d'Ottawa à mettre de l'avant toutes les bassesses aujourd'hui démasquées? Cette législation conçue par Stéphane Dion, cet autre génie qui brigue le poste de chef du PLC, montre plutôt à la communauté internationale que c'est l'État canadien qui est l'agitateur désireux d'exciter l'esprit des gens. La déclaration de Michael Ignatieff ne fait que confirmer cette vérité.
En plus d'avoir proféré cette sottise, l'aspirant au trône libéral fédéral a laissé échapper une autre énormité durant la même semaine. Celui qui se comporte en prince croit tellement sa superbe irrésistible qu'il a avoué qu'il quitterait le PLC au terme de son congrès au leadership, s'il ne devait pas en sortir gagnant. Les correctifs qu'Ignatieff a promptement apportés pour nuancer son aveu ne le sauveront pas. L'ego de cet homme est énorme : il ne peut envisager perdre l'investiture de son parti, convaincu que l'on mérite sa présence. Si le contraire devait advenir, l'humiliation qu'Ignatieff ressentira sera telle qu'il tournera prétentieusement le dos à ses collègues, trop ignares pour reconnaître qu'il n'y a que lui pour les éclairer. Navrant. Comme quoi, posséder un diplôme de la prestigieuse Université Harvard ne bonifie pas le jugement du titulaire.
Il y a moyen de parvenir à instruire les gens qui manquent de discernement. La tâche n'est pas facile. Elle l'est encore moins au sein d'un parti politique. Tous ceux qui en dirigent un en savent quelque chose. Le plus grave survient lorsqu'une personne affublée de cette tare hérite du poste de leader d'une formation politique ou pire, celui de chef de pays. L'avidité que Michael Ignatieff a dévoilée prouve qu'il est inapte à en diriger un. Plus de doute maintenant que l'hérédité peut transmettre d'une génération à l'autre tout le côté sombre de l'aristocratie! Les militants du Parti libéral du Canada doivent en prendre bonne note s'ils veulent un jour se réapproprier le pouvoir. Il y a tout lieu de tenir cet homme loin du siège de premier ministre.
André Boisclair, fraîchement élu à la tête du Parti québécois, a révélé dernièrement pouvoir constituer une équipe aussi brillante que celle de René Lévesque en 1976. Le nouveau député de Pointe-aux-Trembles faisait référence aux doctorats détenus pas de nombreux membres du gouvernement péquiste de l'époque. Voilà une maladresse qui trahit un comportement pouvant rappeler celui de Michael Ignatieff. Inquiétant. Espérer voir son gouvernement adopter des mesures aussi progressistes que celles mises de l'avant par celui de René Lévesque aurait montré une certaine modestie. Vouloir s'inspirer de cette administration, et mettre de l'avant des politiques qui insuffleraient du dynamisme à la société québécoise que l'on dit présentement paralysée, eût été une annonce empreinte de candeur. Disons que le nouveau dirigeant du PQ ne nous a pas encore habitués à faire de telles déclarations démontrant qu'il détient cette qualité. Espérons qu'il corrigera rapidement cette lacune car plusieurs pourraient se joindre à ceux qui font déjà certains rapprochements...
Patrice Boileau
_ Carignan, le 2 septembre 2006




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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 septembre 2006

    Cher M. Boileau,
    Très bon texte sur ce "cher" Ignatieff.
    Ceux qui veulent le connaître davantage et constater que des âneries il en dit depuis longtemps (et de très dangereuses!) devront lire l'essai que nous sommes sur le point de publier aux Éditions du Québécois: "Michael Ignatieff: un danger pour le Québec?". Disponible dès le 18 septembre dans les librairies. Certains n'en reviendront pas!
    Salutations,
    Pierre-Luc Bégin