Hommage personnel à M. Jacques PARIZEAU (1930-2015)

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Un patriote à l'oeuvre pour le bénéfice du Québec

Jacques Parizeau était avant tout un grand patriote qui aimait le Québec avec une conviction sans bornes. Ce fut aussi un grand politicien et un grand économiste qui a servi le Québec avec honneur pendant plusieurs générations. En effet, il a brillamment servi le gouvernement du Québec en tant qu’économiste, mais aussi comme haut fonctionnaire, pendant les années cruciales de la Révolution tranquille dans les années soixante, alors que se succédèrent les politiques audacieuses de la nationalisation de l’électricité, de la création de la Société générale de financement (SGF) en 1962 et de celle de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en 1965. Il fut aussi un grand ministre des finances du Québec (1976-1984) et un premier ministre inspirant pour le Québec (1994-1996). Jacques Parizeau a fortement contribué à construire le Québec moderne d’aujourd’hui. La population québécoise lui doit une énorme dette de reconnaissance.
En tant que ministre de l’Industrie et du Commerce dans le premier gouvernement de René Lévesque, j’avais souvent l’occasion de prendre le petit déjeuner en sa compagnie au restaurant de l’Assemblée nationale. Et nous avons toujours gardé des relations cordiales, tant professionnelles que politiques, après mon départ de la politique.
Petit souvenir : en 1976, c’est par son intermédiaire que j’étais entré en politique. À l’occasion d’un Congrès de l’ACFAS à Moncton, en effet, alors que j’étais président de la Société canadienne d’Économique, nous avions discuté de la question. Ce n’est que plus tard que M. René Lévesque m’a formellement invité à faire le saut en politique.
Jacques Parizeau a été avec Esdras Minville (1896-1975) et François-Albert Angers (1909-2003) un des grands économistes qu’a connus l’École des Hautes Études Commerciales de l’Université de Montréal au vingtième Siècle. Encore là, Jacques Parizeau a fait œuvre de pionnier et plusieurs générations d’étudiants ont eu la chance de profiter de son savoir, de sa grande expérience et de son éloquence.
C’est donc une figure de proue du Québec moderne qui s’est éteinte avec le décès de M. Jacques Parizeau. Il laissera un grand vide derrière lui. Je lui rends un vibrant hommage.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2015

    Jacques Parizeau, un homme d'État et un grand patriote.
    Merci pour tout, M. Parizeau !
    Reposez en paix.
    Registre officiel de condoléances
    À la suite du décès du premier ministre Jacques Parizeau survenu le 1er juin 2015
    Un grand bâtisseur du Québec
    http://www.protocole.gouv.qc.ca/jacquesparizeau/

  • Bruno Deshaies Répondre

    5 juin 2015

    05.06.2015 15:10
    M. Tremblay, je vous félicite pour cet hommage où vous résumez avec sobriété sa carrière au sein de l’État québécois et comme homme politique. Vous avez raison d’écrire : «Jacques Parizeau a fortement contribué à construire le Québec moderne d’aujourd’hui.»
    Le profil de la carrière de Monsieur Jacques Parizeau correspond à de nombreuses aspirations de la collectivité québécoise comme société distincte. L’École économique des HEC, dites-vous, a été marquée par les professeurs Minville, Angers et Parizeau. Cette élite était profondément nationaliste. Toutefois, c’est Parizeau qui a fait le bond qualitatif vers une souveraineté ou une autonomie québécoise plus complète.
    À la même époque, après Lionel Groulx de la même génération qu’Esdras Minville, l’École historique de Montréal, celle des historiens Brunet, Frégault et Séguin, a mis en perspective le bilan historique des Canadiens issus de la colonisation française en Nouvelle-France et de la rupture brutale de 1760 et du rapport entre Canadiens et Canadians. D’où, en 1963-1964, cette Histoire de deux nationalismes au Canada par Maurice Séguin. J’avais remis à monsieur Parizeau à l’occasion du Salon international du livre de Québec, en 1999 ou 2000, un exemplaire de cette synthèse historique du Canada-Français et du Canada-Anglais publié en 1997. Il n’y a jamais eu de suite.
    Toute sa vie, Monsieur Parizeau a incarné l’esprit de la Révolution tranquille par la mise en place de multiples mesures politiques qui veilleraient à assurer une plus grande stabilité et une meilleure force économique pour les Québécois-Français dans un monde dominé par l’économie anglo-saxonne.
    Mais surtout, à mon avis, l’importance qu’il accordait au rôle de l’ÉTAT dans une société organisée et démocratique est tout à son honneur. C’est un trait marquant de sa pensée politique. À l’encontre de notre tradition qui a été dominée par l’antiétatisme, il a participé grandement à la reconnaissance d’une Fonction publique moderne pour permettre à l’État du Québec d’accomplir le maximum des tâches d’un gouvernement provincial dans l’ordre de ses compétences. Un jour, cet autonomisme ne fut plus suffisant, à ses yeux, au bien commun collectif d’une société suffisamment développée.
    Au final, il fut le plus tenace et le plus cohérent des indépendantistes de sa génération. Il l’a été jusqu’à la fin de ses jours.