Parizeau avait raison, affirme Benoît Corbeil

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Un petit rappel

Jacques Parizeau a eu raison de dire qu’il avait perdu le référendum sur la souveraineté à cause de l’argent et du vote ethnique, dit Benoît Corbeil. Venant de l’ancien directeur général du Parti libéral du Canada au Québec, cette affirmation a de quoi surprendre, convient-il.
» Aujourd’hui, si on me pose la question (M. Parizeau avait-il raison), je suis obligé de dire oui, a dit M. Corbeil au cours d’un entretien, hier. Venant de moi, c’est assez particulier. C’est clair que la stratégie (du Parti libéral), c’était de faire sortir le vote ethnique au maximum. Si nous avions gagné par 300 000 électeurs, j’aurais dit non (c’est-à-dire que M. Parizeau n’avait pas raison). Mais lorsqu’on regarde les résultats du référendum, la réponse est oui. »
Les forces du NON ont gagné le référendum par un peu plus de 50 000 voix (50,6 % du total). M. Corbeil était déjà actif au sein du Parti libéral du Canada au Québec (PLC-Q). Il dit qu’il a pu voir, de proche, comment le bureau du premier ministre Jean Chrétien a agi pour le gagner.
» Il y a eu une accélération du processus menant à la citoyenneté de milliers d’immigrants au Québec, dit-il. Ce n’était pas difficile: plusieurs commissaires à l’immigration étaient liés au parti. Jean Chrétien a fait un discours à la nation, un en français et un autre en anglais, qui n’était pas identique et qui contenait un message particulier pour les groupes ethniques. »
« Puis il y a eu la fameuse manifestation d’amour du Canada au centre-ville de Montréal. Bien qu’actif au parti, je n’ai été mis au courant qu’à la dernière minute. J’étais chargé d’aller chercher les manifestants du Manitoba à l’aéroport de Dorval. Je les ai amenés en autobus jusqu’au square Dominion. Puis je suis monté au 33e étage du Château Champlain; il y avait là plusieurs membres du bureau du premier ministre et d’autres personnes qui surveillaient la manifestation, armés de jumelles et de caméras. »
C’était clair que l’organisation de la manifestation avait coûté très cher, et c’était aussi clair que cette dépense ne respectait pas la loi sur les référendums au Québec, ajoute M. Corbeil. Selon lui, le programme de commandites a suivi dans cet état d’esprit: il fallait combattre le mouvement souverainiste par tous les moyens, c’est-à-dire avec beaucoup d’argent, quitte à ne pas toujours respecter la loi.
» À l’époque, pour moi, les déclarations de Jacques Parizeau (ancien premier ministre du Québec), c’était de la folie. Avec le recul, 10 ans plus tard, je dis que ce n’était pas une folie. »
L’ancien directeur du Parti libéral du Canada au Québec serait-il devenu souverainiste? lui a demandé La Presse.
» Non, répond M. Corbeil. Mais je suis en réflexion. Est-ce que je suis libéral? Non. Pour moi, c’est fini. Pour moi, c’est terminé. »
M. Corbeil a grimpé les échelons dans le PLC-Q jusqu’à en devenir le directeur général, en 1999. Il dit que le » réseau libéral » a tout fait pour unifier les forces fédéralistes au Québec sous l’aile libérale. Pour cela, ajoute-t-il, il fallait éliminer le Parti conservateur au Québec.
Ce réseau a convaincu Daniel Johnson (ancien premier ministre québécois) de quitter la direction du Parti libéral du Québec, ajoute-t-il. Le but: laisser la place vacante pour Jean Charest. Le » réseau » voulait que Jean Charest quitte le Parti conservateur. Lui-même a convaincu des députés conservateurs de passer au parti libéral.
» De cette façon, les conservateurs ne pouvaient plus diviser le vote fédéraliste aux élections, dit-il. La stratégie a fonctionné. On a obtenu des résultats formidables aux élections de 2000, avec 44 % des voix, contre 41 % au Bloc, et un seul élu conservateur. »


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