Heurts et malheurs du 400e

Les anniversaires à Québec sont choses complexes et politiques

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...

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Le conseil municipal d'Hérouxville, Mes Aïeux et les Cow-Boys fringants... ces porteurs de discours apparemment marginaux n'occupent le devant de la scène qu'autant que les vecteurs traditionnels de la transmission d'une identité nationale peinent à remplir leur rôle.
En témoignent les difficultés dans l'organisation des cérémonies du 400e anniversaire de Québec. En 2008, cela fera 400 ans – ou à peu près – que Samuel de Champlain a abordé le site de Québec. L'anniversaire appelle une célébration, et depuis quelques dizaines de mois on s'agite autour de la question, tant à Québec qu'à Ottawa et Paris. Les anniversaires à Québec sont choses complexes et politiques. Le 300e anniversaire, en 1908 avait donné lieu à un magistral tour de passe-passe par lequel Ottawa avait récupéré, pour le plus grand profit symbolique de l'empire, l'initiative, à l'origine modeste, des bourgeois francophones de Québec. Le programme de 2008 est, lui aussi, objet de controverses et sujet à volte-face et transformations. Ottawa a un projet clair et astucieux : célébrer l'arrivée via le port de Québec des centaines de milliers d'immigrants qui ont fait le Canada multiculturel d'aujourd'hui. La ville de Québec, dans cette perspective, est ramenée exclusivement à sa fonction de port. Son rôle de capitale administrative et religieuse d'un territoire rural, agricole et essentiellement francophone disparaît purement et simplement.
Mais peut-on tenir un autre discours sans réveiller les flammes du souverainisme ou encourir le reproche de nationalisme ethnique et religieux ? La question donne des cauchemars au gouvernement provincial libéral de Jean Charest, qui entend contenir toute velléité souverainiste et qui cherche une voie moyenne entre l'enthousiasme multiculturel d'Ottawa et l'inopportune célébration d'un héritage embarrassant. Comment célébrer les Canadiens français sans en parler tout en en parlant ? Ainsi, la grande exposition sur l'Amérique française prévue à l'origine ne se fera pas, ou plus tard, ou autrement. À la place, la France prêtera une exposition du musée du quai Branly, zappant les Canadiens français au profit d'une célébration plus au goût du jour des cultures autochtones. Quant au Québec proprement dit, son discours national s'engloutit dans les initiatives spectaculaires ou sympathiques mais, au sens propre, insignifiantes. Le Cirque du Soleil, grande entreprise du show-business, québécoise et mondialisée, assurera l'essentiel du spectacle, et, si ses managers le veulent bien, on aura Céline Dion, autre icône du succès planétaire. Des chorales franco-québécoises renoueront dans la bonne humeur le lien social transatlantique.
Quant à la Saint-Jean-Baptiste sur les plaines d'Abraham, elle représente un vrai problème. Trop chargé de souvenirs, cet endroit! Et s'il venait à l'idée de quelques jeunes zozos de se prendre pour Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois et de rejouer la Superfrancofête de 1974 ? On a vu ce que çà donnait lorsqu'on laissait des chanteurs parler politique. Mieux vaut rester raisonnable et confier aux fédérations de généalogistes une exposition sur les « familles-souches » (celles qui se sont installées au Québec au XVIIe siècle) et les « familles-racines » (celles qui sont restées en France, toujours au XVIIe siècle). Idée charmante, certes, et sans danger politique immédiat, mais qui témoigne d'un repli frileux sur la tradition.
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Par Catherine Bertho Lavenir *
Texte extrait de : [« Le Québec : une identité en péril »->www.cerium.ca/Le-Quebec-une-identite-en-peril], par Catherine Bertho Lavenir.
Tiré de Médium, no 14, p. 42-53. Février 2008 :
www.cerium.ca/Le-Quebec-une-identite-en-peril. Catherine Bertho Lavenir est archiviste, paléographe et professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris III-Sorbonne nouvelle. Elle est la première titulaire de la nouvelle Chaire d’études de la France contemporaine du CÉRIUM, à l’université de Montréal.

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Catherine Bertho Lavenir est archiviste, paléographe et professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris III-Sorbonne nouvelle. Elle est la première titulaire de la nouvelle Chaire d’études de la France contemporaine du CÉRIUM, à l’université de Montréal.





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