Héros méconnu

Guillemette Couillard, la «mère d'une nation»

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Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...

«Guillemette Couillard a été victime d’une certaine misogynie», estime Raymond Couillard, qui affrontera huit historiens et anthropologues au débat Participe présent de lundi. (Le Soleil, Patrice Laroche)

Patricia Sauzède-Bilodeau - La vie de Guillemette Couillard passe trop inaperçue, selon l’historien de passion, Raymond Couillard. Pourtant, cette femme n’est rien de moins que la «mère d’une nation», une héroïne effacée derrière une histoire déterminante.

«Elle a réalisé le rêve de son père : fonder les bases d’une nation», explique d’emblée Raymond Couillard. D’un seul coup, le passionné raconte le récit de cette femme perdue dans la généalogie avec souci du détail.
«Fille de Louis Hébert et de Marie Rollet, Guillemette Hébert a poursuivi ce que son père était venu faire dans la colonie : construire un pays. Louis Hébert, un apothicaire, avait aidé dans le milieu de la santé. Et elle, elle est à l’origine du Petit Séminaire de Québec, où il est maintenant. Donc, elle et son père ont implanté la santé et l’éducation ici.»
Outre l’instauration des bases d’une jeune société, la dame lui a donné plusieurs enfants. Guillemette Hébert, devenue Couillard après son mariage, a eu 10 enfants, six filles, quatre fils. En plus de prendre sous son aile deux des trois Indiennes laissées par Champlain lors de l’occupation des Anglais de 1629-1632. «En plus de s’occuper, des années plus tard d’un esclave du Madagascar, appelé Lejeune, laissé par les protestants», précise-t-il.
Dix enfants, deux Indiennes à sa charge et le petit Lejeune; la dame a, par la force des choses, été à la source d’une longue descendance québécoise. Et pour cet amoureux des premiers pas du Québec, il n’y a aucun doute, cette héroïne est la mère de la nation. «Elle avait, entre autres, une descendance de 250 personnes à sa mort, en 1684. Comme elle a eu des filles, le nom Couillard ne s’est pas transmis, mais à la base, une majorité de Québécois a du sang Couillard.»
En charge d’une famille «cosmopolite», la dame était même avant son temps. «À cette époque, elle était la seule ici. C’est aussi à partir de ce moment qu’elle et son mari ont implanté solidement la santé et l’éducation dans la colonie. Elle a cédé son terrain à Mgr Laval pour la création du Petit Séminaire de Québec.» Aujourd’hui, souligne-t-il, il se trouve au séminaire un monument commémoratif fait à partir des pierres de la maison de Guillemette Couillard.
La faute à la généalogie
S’il entend plaider sa cause devant le jury de Participe présent, c’est que Raymond Couillard est persuadé que cette femme est à l’image de bien d’autres étant passées par cette histoire. «Guillemette était mariée à un homme vaillant, mais qui n’était pas éduqué. Ça vous rappelle l’histoire de quelqu’un ici? demande-t-il. Émilie Bordeleau et Ovila Pronovost des Filles de Caleb!»
Les pionniers plus soulignés que les pionnières, M. Couillard trouve donc naturel de rappeler que notre histoire compte autant d’héroïnes que de héros.
«Elle a été victime d’une certaine misogynie de la généalogie. D’ailleurs, à la mort de son mari, Guillemette Hébert est devenue la veuve Couillard. Elle était alors définie par ce qu’était devenu son mari.» Aujourd’hui, rappelle-t-il, on aboutit à une histoire où certains passages sont ombragés. «Je trouve ça injuste.»
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