Fillon perçoit au Québec une «émotion française»

Québec 400e - vu de l'étranger


De notre envoyé spécial à Québec, Bruno Jeudy - François Fillon et le premier ministre canadien Stephan Harper. Le premier ministre achève vendredi soir sa visite au Canada.

François Fillon joue de malchance depuis son arrivée au Canada mercredi.
Éclipsé par la libération d'Ingrid Betancourt, le déplacement du premier
ministre à l'occasion de la célébration du 400e anniversaire de la
fondation de la ville de Québec a été perturbé jeudi par des trombes d'eau.
C'est sous un large parapluie que François Fillon et son épouse, Pénélope,
emmaillotés dans un poncho en plastique jaune, ont assisté aux cérémonies.
La pluie n'a pas empêché le déroulement des festivités célébrant le
Français Samuel de Champlain, fondateur de «Kebec», selon l'écriture
amérindienne.
Pas à la bonne place au bon moment donc. Mercredi, François Fillon est
dans l'avion qui l'emmène au Canada quand il apprend la libération d'Ingrid
Betancourt par une dépêche d'agence de presse. Dans l'avion, tout le monde
se réjouit. Christine Albanel, ministre de la Culture, plaisante : «On
pourrait aller la chercher à Bogota.» Peine perdue. À Paris, l'Élysée
s'active pour dépêcher Bernard Kouchner en Colombie. Sur le tarmac de
l'aéroport d'Ottawa, François Fillon se garde bien de réagir sur une
affaire qu'il vient d'apprendre. Il attendra prudemment la conférence de
presse commune avec son homologue Stephen Harper pour exprimer son
«soulagement» et sa «vraie joie» après la libération de l'otage
franco-colombienne.
Après un bref passage dans la capitale fédérale du Canada, François Fillon
a rejoint jeudi la Belle Province. Sur place, il a retrouvé deux de ses
prédécesseurs : Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. Ce dernier préside le
comité français d'organisation de célébration du 400e. De nombreux élus
régionaux ont fait le voyage, notamment Ségolène Royal, présidente de la
région Poitou-Charentes, très impliquée dans l'anniversaire de la création
de Québec. Lionel Jospin, lui, était déjà parti. L'ancien premier ministre
socialiste avait toutefois refait une partie du périple de Samuel de
Champlain en remontant, la semaine dernière, le Saint-Laurent jusqu'à
Québec à bord d'un voilier où avaient pris place le navigateur
Jean-François Fountaine, élu régional de Poitou-Charentes, et l'ancien
ministre PS Jean Glavany.
30 000 immigrés français dans la province en dix ans
Dans son discours, François Fillon a fait vibrer la corde gaulliste en
rappelant le voyage du général de Gaulle à Québec en 1967 lorsqu'il lança
au Québec son célèbre : «Vive le Québec libre !» Jeudi, le premier ministre
n'a pas repris le mot mais il a salué la «voix historique» qui a «tiré» le
Québec de «son hivernement». Il s'est ensuite félicité que le «fait
français ne se soit jamais éteint en Amérique». En dix ans, quelque 30 000
Français ont émigré vers le Québec. «Autant qu'en 150 ans», a souligné
Fillon. Lyrique, il a conclu : «Il existe en chaque Québécois une émotion
française. Et il y a en chaque Français un rêve québécois.» Après quoi, un
long et inédit défilé militaire dans ce pays plutôt pacifiste (des
manifestants ont dénoncé la présence de soldats) a traversé les rues du
vieux Québec.
François Fillon a promis que la France, qui préside l'UE, soutiendrait le
projet d'accord de libre-échange économique avec le Canada. Accord qui
pourrait être signé lors de la visite, en octobre prochain, de Nicolas
Sarkozy au Québec.



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