Ferveur d'exception

Parizeau relance le projet de souveraineté



(Québec) On peut reprocher bien des choses à Jacques Parizeau, notamment cet individualisme provocant qui a pour conséquence de mettre régulièrement ses alliés politiques sur la défensive, mais jamais on ne pourra remettre en question la profondeur et la ferveur de ses convictions.
À l'aube de ses 80 ans, il est toujours aux premières loges pour la cause. Pourtant, s'il est un événement qui apparaît aujourd'hui bien improbable, c'est la tenue d'un troisième référendum sur l'indépendance du Québec. L'ancien premier ministre exhorte néanmoins les souverainistes à s'appliquer rapidement à le préparer, en définissant notamment les programmes du nouvel État à naître.
Comme l'ensemble des observateurs, M. Parizeau constate que les hérauts de la souveraineté refusent de prendre le dossier de front. Aussi, le brillant intellectuel revient-il à la charge, rajeunit l'argumentaire, ramène la démarche à l'avant-scène et agit pour provoquer des réactions, au moins de la part des purs et durs. L'objectif est évidemment de secouer l'apathie populaire et de hausser la pression sur les Pauline Marois et Gilles Duceppe jugés trop timorés.
Mais si M. Parizeau n'était pas l'immense personnage médiatique qu'il est devenu, la thématique de son nouvel essai n'aurait soulevé qu'un intérêt bien limité.
Qui en effet a envie d'entendre parler de référendum, de rapatriement de pouvoirs ou de chicanes fédérales-provinciales? À peu près personne, et pour cause. Il y a plus urgent et plus inquiétant, à commencer par la remise sur les rails de l'économie.
Alors l'idée d'investir de l'énergie pour détailler les tenants et les aboutissants d'un Québec souverain n'a rien de très stimulant. Si l'indépendance est toujours une question d'actualité, comme il le soutient, ça ne doit être que dans des cercles restreints d'intellectuels et de militants.
Globalement, péquistes et bloquistes se consacrent plutôt à la tâche de critiquer les gouvernements et à trouver des façons de gagner leurs batailles électorales respectives. Or l'argument de la souveraineté n'y pèse pas lourd.
D'ailleurs, même des questions sensibles comme les menaces à la langue française au Québec ne réussissent pas à provoquer de véritables étincelles, comme on a pu le constater avec la décision de la Cour suprême dans le dossier des «écoles passerelles».
Il ne faut pas conclure pour autant que le dossier de la souveraineté est mort et enterré au Québec. Loin de là. Comme le démontrent les sondages, il y a un bloc solide d'au moins un tiers des Québécois qui continuent d'y croire. Une bouffée de nationalisme sur un dossier chaud pourrait faire le reste. Mais dans le contexte actuel, même M. Parizeau aura de la difficulté à provoquer ne serait-ce qu'un petit réveil.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé