Parizeau dit que la reconnaissance internationale n'est plus acquise

Parizeau relance le projet de souveraineté


Selon Jacques Parizeau, il est crucial de préparer de longue haleine la période de transition entre un Oui victorieux à un référendum et l'accession tangible à la souveraineté. Photo: Robert Skinner, La Presse

Jocelyne Richer - Lors d'un éventuel troisième référendum sur la souveraineté, il ne faudra rien tenir pour acquis, surtout pas la reconnaissance internationale, estime l'ex-premier ministre Jacques Parizeau.
Car rien du plan de match du référendum d'octobre 1995 ne tiendra la route lors du prochain rendez-vous avec la population, a dit l'ancien chef souverainiste, au cours d'une entrevue récente accordée à La Presse Canadienne, en marge de la sortie de son livre La souveraineté du Québec: hier, aujourd'hui et demain.
Il est donc crucial, selon lui, de préparer de longue haleine la période de transition entre un Oui victorieux à un référendum et l'accession tangible à la souveraineté.
Car «il n'y a pas grand-chose de 1995 qui va être dédoublé», lors du prochain référendum. «C'est une autre game» qui prévaudra alors, croit-il.
M. Parizeau rappelle, par exemple, qu'il était acquis, en 1995, que la France reconnaîtrait un Québec souverain et que les États-Unis respecteraient le vote des Québécois.
Or, «15 ans plus tard, vous ne prenez rien pour acquis», dit-il, car les principaux acteurs ont changé, de même que le contexte.
Sachant que la démarche serait longue et complexe, Jacques Parizeau s'était attelé à la tâche de préparer le terrain, dès son élection à la tête du parti, en 1988.
«J'ai commencé à travailler quasiment tout de suite là-dessus», se rappelle-t-il. Une fois porté au pouvoir au pouvoir en 1994, «j'étais prêt», dit-il, à passer à l'action et à promettre un référendum «dans 8-10 mois».
Tous les préparatifs de l'époque - projet de loi, entente du 12 juin 1995 avec l'ADQ et le Bloc, commissions et études sur la souveraineté, avis juridique sur les traités internationaux, partage d'actifs et de la dette, planification des négociations avec le gouvernement fédéral - font partie de l'histoire et ne seront d'aucune utilité pour l'avenir, selon lui.
Même chose pour les multiples démarches faites à Paris et à Washington, en vue de compter sur une reconnaissance rapide du résultat d'un Oui à un référendum, essentielle pour la suite des choses.
Le plan d'action du référendum de 1995 «n'a pas beaucoup de pertinence aujourd'hui», estime aujourd'hui celui qui croit que la souveraineté du Québec se fera un jour, sans qu'on puisse dire quand.
Il ne veut pas, non plus, se risquer à prédire combien de temps durerait une période de transition, entre une victoire au référendum et l'accession réelle à la souveraineté.
Au cours de l'entretien, l'ex-chef souverainiste a cependant refusé de critiquer la stratégie privilégiée par la direction actuelle du PQ.
Reconnu pour son franc-parler et souvent traité de «belle-mère» parce qu'il n'hésite pas à prendre part aux débats sur la question nationale, M. Parizeau se montre désormais prudent, ne voulant pas, de toute évidence, critiquer publiquement la chef actuelle, Pauline Marois.
Cela ne l'empêche pas, toutefois, d'espérer de la classe politique qu'elle dise clairement à la population comment les choses vont se passer.
«C'est fondamental, dit-il. On n'embarque pas les gens en leur disant: on verra bien.»
Mais «il faut que je fasse attention de ne pas me mêler des opérations», répond M. Parizeau, quand on lui demande si le PQ se prépare bien à un éventuel troisième rendez-vous avec la population.
«Je mets des bûches dans le poêle, ajoute celui qui a choisi de demeurer au-dessus de la mêlée. Mais ce n'est pas moi qui va faire la cuisine.
«Je ne veux surtout pas jouer la belle-mère», conclut-il, en riant.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé