Économie

Fannie et Freddie sur le Titanic

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

Avec les malheurs de Fannie Freddie, sommes nous entré dans la Très Grande Dépression US en 2008 ?
Fanny Mae et Freddie Mac sont les deux plus importants prêteurs
hypothécaires aux États-Unis. Ils furent créés sur une initiative du
gouvernement américain pour prendre en charge le surplus de prêts
hypothécaires consentis par les banques afin de libérer leurs capitaux pour qu’elles puissent…continuer à prêter et ainsi stimuler l’économie.
Dans un contexte de très bas taux d’intérêt et d’une règlementation
accommodante (voulue par les « néocons »), les institutions financières
américaines, peu regardantes pour la qualification des emprunteurs, ont « fabriqué » de la dette hypothécaire à plein régime ces dernières années, collectant les commissions au passage et refilant le risque devenu de plus en plus important (« subprime ») à …. Fannie et Freddie. Si bien que ces deux derniers détiennent maintenant un portefeuille hypothécaire totalisant 5200 milliards $. (1) Presque la moitié de tous les hypothèques desÉtats-Unis!
Avec la bulle immobilière qui se dégonfle (la valeur des maisons à déjà
perdu 11% cette année), une partie de ces 5 200 milliards $ s’est déjà
transformée en mauvaise créance, possiblement des centaines de milliards. Et la baisse prévue d’un autre 15% de la valeur des maisons pour l’année prochaine ne fera qu’empirer une situation qui est déjà au bord de la catastrophe pour ce « couple maudit».
Pour renflouer leurs coffres et ainsi faire face aux pertes qui
s’annoncent, ils ont tenté d’émettre des actions pour se recapitaliser.
Comme leurs titres en bourse avaient déjà perdu 80% de leur valeur dans les derniers mois et que certains affirment que ces deux là sont au bord de la faillite, ils n’ont pas trouvé preneurs.
Sauf, en ce dimanche des miracles, juste avant l’ouverture du marchés
lundi. Celui qui leur avait donné naissance a été forcé d’agir.
Pour le gouvernement américain, qui leur sert de garantie informelle
depuis le début, la chute de Fannie et Freddie n’est pas une option,
puisque leur portefeuille de prêts hypothécaires a été reconverti en
obligations vendues à l’échelle de la planète. C’est la crédibilité des
États-Unis qui est en jeu! De plus il devenait impossible de tarir un
pourvoyeur de prêts hypothécaire de cette importance sans plonger le marché immobilier dans le précipice.
Le gouvernement républicain a donc pris le contrôle et mis sous tutelle
Fannie et Freddie et ainsi garantit de facto le risque sur presque la
moitié des hypothèques émises au États-Unis! Après avoir sauvé une banque d’affaire avec les fonds publics, voilà que M Bush le néocon «nationalise» une partie importante de l’économie américaine, s’est dire la gravité de la situation.
Fannie et Freddie sont sauvés pour le moment, mais à quel prix. En effet,
avec la détérioration du marché immobilier qui se poursuit, les pertes
potentielles pourraient éventuellement entrainer la décote du gouvernement américain! Ce qui entrainerait la décote automatique de tous les autres niveaux de gouvernement. Et là le plancher cède.
Normalement la crise des institutions financières, qui ont perdu en
moyenne 70% de leurs valeurs boursières jusqu’à maintenant, survient
habituellement à la fin du cycle d’une récession, alors que celle des
États-Unis, fabriquée par l'idéologie et la cupidité, ne fait que commencer
!
Et si c’était plus qu’une récession, et si c’était La Très Grande Dépression US en 2008, telle que prévue par le Laboratoire Européen d’Anticipation Économique (Leap) depuis un bon moment déjà ! (2).
Et avec quelles conséquences pour le Québec ?
Il serait temps de s’intéresser à Fannie et Freddie sur le Titanic.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 septembre 2008

    La gravité de la crise immobilière américaine se confirme: Fannie et Freddie sous tutelle du gouvernement américain.
    http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20080905/LAINFORMER/80905311/5891/LAINFORMER01
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2008


    Monsieur Pomerleau,
    Cet argent n'est pas perdu. Il a seulement changé de mains.
    Quelqu'un en fin de compte va en profiter. Le pouvoir aussi
    change de mains. Ce sera une catastrophe pour les uns et
    un gain pour les autres. De pyramidal. le pouvoir devient
    territorial. Les Américains sont un peuple libre mais sans
    pouvoirs. Ils seront désormais libres et avec un peu de
    pouvoirs, qui est en train de passer de Washington aux états,
    appelés à devenir des États avec la majuscule, ce qui est
    très bien. Tout celà fait notre jeu à nous au Québec.
    Salutations
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2008

    Le risque que la cote de crédit du Gouvernement américain soit revu à la baisse est réel; 4 jours après l'intervention du Gouvernement américain pour sauvé Fannie et Freddie, un analyste le confirme ici: "Long-term, the potential downside of a Fannie-Freddie intervention could increase taxpayer costs in other ways. One of them: It could help drag down the government's top-notch credit rating.
    A report issued this spring by the credit rater Standard & Poor's estimates that if the U.S. economy hits a long recession, government help for the GSEs "could create a material fiscal burden to the government that would lead to downward pressure on its rating."
    The danger to the credit rating wouldn't necessarily come just from the Treasury stepping in. Rather, it would result from a confluence of events stemming from problems at the GSEs, such as slowing economic growth and a reluctance among foreigners to buy more U.S. debt, said John Chambers, managing director and chairman of S&P's sovereign rating committee."
    http://money.cnn.com/2008/07/16/news/economy/fannie_freddie_taxpayer_impact/index.htm?postversion=2008071614
    JCPomerleau

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 juillet 2008

    Un prospectiviste français, Pierre Gonod, se prononce sur la crédibilité des travaux d'anticipation du LEAP.
    Il précise qu'en France, on a renoncé à faire dans une telle audace à cause du monde de plus en plus complexe. Il n'en minimise pas la valeur puisque les raisons françaises seraient de l'ordre du "politically correct" qui empêche de contredire les mouvements unanimes de "mondialisation".
    Par ailleurs, le Laboratoire Européen d'Anticipation fait une belle incursion sur la prédiction des langues parlées en Europe d'ici une génération:
    http://www.europe2020.org/spip.php?article507&lang=fr
    Quelles langues parleront les Européens en 2025 ? Tendances lourdes des nouveaux équilibres linguistiques dans l’UE d’ici une génération
    Extrait GEAB N°13 (15 mars 2007)
    06/11/2007
    A- Deux contraintes historiques fondamentales
    1. Les peuples imposent toujours in fine leurs choix linguistiques à leurs élites.
    2. Les langues possèdent des dynamiques internationales fondées essentiellement sur la puissance et l’attractivité de leur culture d’origine.
    1. De la disparition du Latin (à partir du XVIe siècle), au reflux du Français (à partir du XIXe siècle) en passant par les reflux de l’Allemand (après 1945) et du Russe (après 1989), l’histoire moderne de l’Europe illustre sans cesse combien les peuples ont systématiquement imposé leurs langues aux élites qui très souvent avaient adopté (plus ou moins librement) des langues étrangères. La nature démocratique de chaque Etat membre de l’UE ne fait que renforcer cette "omnipotence dans la durée" des peuples en matière linguistique. Le corollaire de cette contrainte est que les opinions ou desiderata de ces mêmes élites en matière linguistique n’ont de facto aucun impact durable et de ce fait n’ont aucune capacité à programmer ou anticiper l’avenir linguistique de l’UE. En revanche, dans une démarche propre à la nature même des « élites », elles sont généralement à la recherche de processus d’identification les différenciant du « peuple » et sont donc naturellement tentées d’adopter ou d’utiliser des langues étrangères qui leur assurent cette différenciation.
    2. La seconde contrainte permet généralement de définir le calendrier de l’évolution imposée par la première contrainte. L’affaiblissement progressif (ou brutal parfois) de la puissance et de l’attractivité de la culture sous-tendant une langue dominante détermine la vitesse et l’ampleur de la montée en puissance du nouveau choix populaire : qu’il soit celui de sa langue nationale, ou celui d’une nouvelle langue dominante.
    Ces deux contraintes définissent donc le cadre opérationnel dans lequel s’inscrivent les évolutions linguistiques à venir de l’UE.
    B- Cinq facteurs stratégiques
    Dans le cas de l’UE, l’équipe LEAP/E2020 a identifié cinq facteurs-clés qui vont façonner le visage linguistique de l’UE d’ici une génération :
    1. Le grand retour de la langue allemande : La fin de la division de l’Europe, la recomposition de l’Europe centrale qui en résulte et l’éloignement croissant de l’époque de la Seconde Guerre Mondiale sont déjà en train de favoriser la résurgence de l’Allemand comme l’une des grandes langues trans-européennes d’ici 2025. La démocratisation en cours de l’Union européenne (importance croissante des opinions publiques dans le processus décisionnel européen) sert aussi directement l’importance de la langue allemande qui est utilisée par 100 millions de « natifs ».
    2. La revitalisation de la langue française : La forte croissance démographique française (et de pays francophones à l’origine d’une part importante de l’immigration dans l’UE) constitue déjà une forte redynamisation du Français parmi les langues trans-européennes. Avec près de 80 millions de « natifs » francophones, le Français est en effet devenu la deuxième langue maternelle dans l’UE et continue à croître. L’éloignement croissant de la période 1939/1945, qui a marqué un effondrement de l’attractivité du Français comme langue politique des élites [3], joue aussi en faveur de ce retour de vitalité de la langue française.
    3. La fin de l’Anglo-Américain comme langue hégémonique de la modernité : La fin de l’ordre mondial créé après 1945, dont l’actuel effondrement de l’influence des Etats-Unis est le dernier acte, supprime le principal moteur qui a porté en Europe (et dans le monde) le développement de l’utilisation de l’Anglais (ou plus exactement de l’Américain). Cette tendance est renforcée par l’affaiblissement de l’Anglo-Américain sur ses terres d’origine : aux Etats-Unis, l’Espagnol est en pleine ascension au détriment de l’Anglais dans de nombreux Etats ; au Royaume-Uni, la montée en puissance des langues celtiques portées par les revendications autonomistes ou indépendantistes en Irlande, au Pays de Galles et en Ecosse ont déjà fait reculer l’utilisation de l’Anglais dans les îles britanniques...