Est-ce que le Québec évitera le suicide collectif?

Le Québec et la crise

Dans un article paru dans La Presse affaires sur Cyberpresse.ca daté du 17 février 2009 ayant pour titre La Caisse a perdu 7 milliards US sur les Bourses américaines! (1), on y apprend que, parmi les 38 milliards de dollars de pertes annoncées dernièrement, lesquelles seront très probablement officialisées bientôt avec le dépôt tant attendu du rapport annuel de la Caisse de dépôt, sept milliards ont été perdus sur les marchés boursiers États-uniens au courant de l'année 2008. L'extrait de l'article qui m'a fait bondir est celui-ci:
Ainsi, parmi les dizaines d'entreprises américaines larguées par la Caisse à la fin de l'année 2008, on note Apple, Dell, IBM et Hewlett-Packard en informatique, AT&T et Google en télécoms-internet, Johnson&Johnson, Kellogg, Gap et Nike en consommation, ainsi que Dow Chemicals, Chevron et ExxonMobil en pétrochimie.(1)
Chevron et ExxonMobil? Attendez! Je vais seulement analyser le cas de Chevron sous deux angles car je n'ai pas le temps de le faire pour ExxonMobil, encore moins pour toutes les autres entreprises. Le premier sera sous celui du capitaliste sans scrupule alors que, pour lui, seuls les profits comptent à court terme. Le deuxième angle sera celui de l'humaniste écolo pour qui le développement durable rime aussi avec profits à long terme. Commençons par le capitaliste sans scrupule.

Si j'ai eu une fixation sur Chevron, c'est que je me souviens très bien d'avoir lu dans les médias quelque chose à son sujet. Ici:
Chevron, deuxième pétrolière américaine derrière Exxon Mobil, a dévoilé des profits de 7,9 milliards pour le troisième trimestre 2008, plus du double des 3,7 milliards de profits obtenus au même trimestre 2007(2).
Cette annonce a été faite à la fin d'octobre 2008. Pour le capitaliste sans scrupule, son questionnement pourrait être : « Est-ce que La Caisse de dépôt s'est départi des actions de Chevron en début d'année ou à la fin de 2008? » Évidemment, si les actions ont été vendues vers la fin de 2008, nous pouvons s'attendre à ce que la Caisse de dépôt ait fait des profits avec Chevron. Par contre, si la Caisse de dépôt a vendu au début de 2008, ce fut une erreur de jugement. Et nous parlons seulement de Chevron ici.
J'ai une question que je ne suis pas en mesure de répondre.  Est-ce que la Caisse, après s'être rendu compte qu'elle pourrait faire face à un manque de liquidité, dû aux pertes liées aux papiers commerciaux adossés à du « vent », ait pu avoir pris la décision, tout au long de l'année 2008, de vendre des actions rentables tout comme on déleste un navire en train de couler de la nourriture, de l'or et des personnes agées? En plus, si le navire ne nous appartient pas et que si ça tourne mal, on a l'option de déclarer « épuisement professionnel », c'est beau la vie. On se dit « je m'organise pour me sauver du bateau et à moi la plage! » Si tel a été le cas, je n'ai pas hâte de voir les réels résultats de la Caisse.
Les 38 milliards de dollars en pertes annoncés semblent de plus en plus crédibles. Ceci dit, je commence à comprendre pourquoi monsieur Richard Guay a été en congé de maladie à partir du 12 novembre 2008. Il était le Pdg depuis seulement le 5 septembre 2008. Ayons un peu de sympathie, du moins, de l'empathie, quand même! Oups, j'oubliais, monsieur Guay « dirigeait également les activités des équipes Recherche et conseil en politique de placement, Répartition tactique de l’actif et Administration et gestion de projets(3) » à la Caisse avant le 5 septembre 2008. J'espère qu'il ne sera pas trop épuisé pour répondre au questionnement des citoyens. Qu'est-ce que peut bien en penser l'humaniste écolo?
Personnellement, je me situe plutôt dans la catégorie de l'humaniste écolo, donc disons qu'ici je me permettrai d'utiliser ma propre opinion, non pas que j'aie l'habitude d'utiliser celle des autres. Nous savons tous que la Caisse gère l'argent de la RRQ. Je n'ai que très peu contribué à la RRQ, donc je vais tenter de ne pas être trop méprisant. Toutefois, si j'avais eu à gérer mon argent pour l'avenir, j'aurais très probablement investi dans des REER socialement responsables ou encore des fonds verts. Par conséquent, je n'aurais jamais eu en 2008 des actions de Chevron dans mon porte-feuille d'actions. C'est en ce sens que les pertes de la Caisse me laisse passablement indifférent, jusqu'à un certain degré. Je ne suis du tout étonné de voir ce qui arrive et que j'ai fait mon deuil depuis longtemps de voir le Québec avancer vers l'avenir dans l'état actuel des choses. Pourquoi?
Je ne suis pas un économiste ni un génie de la finance, mais depuis 2004 je m'intéresse grandement à l'économie. Je me suis donc mis à la tâche de lire sur le sujet, en commençant par lire dans les médias de masse. Je me suis très vite rendu compte que je me faisais "garnir". Donc, j'ai par la suite été plus loin dans mes recherches pour finalement me rendre à l'évidence que l'économie n'allait pas aussi bien qu'on le  laissait entendre. Des articles, des sites Internet, des blogues ou encore des livres annonçant une grande crise économique bourgeonnaient partout sur le web, déjà en 2004. Au tout début, je ne pouvais pas croire qu'il y avait une telle disparité entre l'information "parallèle" et celles de nos médias de masse. J'ai fait venir un livre ayant pour titre The Coming Economic Collapse of 2006: Trends, Predictions, & Prognostications for 2004-2006 and Beyond (4). Depuis, ce livre a été ma bible. La seule erreur du livre, grosso modo, est d'avoir annoncé la chute du Dow Jones plus tôt que prévu. Il aurait fallu changer "2004-2006" pour "2006-2008". Cette curiosité particulière chez moi je la dois à un cours de relation publique. Enfin, j'ai aussi compris assez vite que d'être la plupart des relationnistes servent surtout à cacher la vérité et travaillent pour l'establishment. Celui de Monique Jérôme-Forget avait fait jusqu'à tout récemment un travail de génie.

Peut-être que d'autres vont se reconnaître dans mon récit. Ceci dit, Chevron n'aurait pas été dans mon porte-feuille d'actions parce que je crois que l'avenir est dans les énergies vertes, particulièrement le biogaz, que j'ai découvert depuis que je vis en Suède. Avec la dépression économique qui se développe, c'est le temps à mon avis d'investir dans les énergies vertes. En fait, je crois que c'était le temps en 2000, et même avant. Je vous rassure, je ne vais pas me laver les mains en vous mentant et en vous disant qu'en 1995 je militais pour sauver le monde. Je boycottais le Big Mac et je camouflais mon acnée, c'est à peu prêt tout. En fait, je faisais confiance aux adultes, aux babyboomers. Quelle désillusion est la mienne à 30 ans! Voyons voir si je peux soigner ma désillusion par l'écrit.
Enfin, la crise ne fait que commencer, selon moi, et ce ne sera pas joli. Les pays qui vont se sortir le mieux de la crise seront ceux qui auront tout misé sur, entre autres choses, les voitures électriques, le développement du réseau de transport en commun et ferroviaire (électrique svp!), les éoliennes, le biogaz, bref, sur le long terme, car la vie, c'est le long terme. Quand il y a des gens qui ont 20 et 30 ans, on ne décide pas tout à coup que le long terme n'existe plus parce que l'on a 60 ans. Ce que je constate, c'est que les pays qui vont s'en sortir plus rapidement que les autres sont ceux qui font tout le contraire du Canada, et du Québec puisque ce dernier a refusé à deux reprises de s'occuper de ses propres affaires.
Au Québec, depuis que Charest est à la tête du gouvernement du Québec, nous avons tous été témoins que les profits à court terme, la privatisation de sociétés publiques ou de parcs, que la construction du pont de la 25, que les mots PPP ou port méthanier forment ni plus ni moins ce qui a motivé le Parti libéral du Québec depuis 2003. En plus, nous avons eu à endurer la Commission sur les accommodements raisonnables et, comme toujours, le mépris des fédéralistes fantoches de Power Corporation Canada et la ritournelle propagande à savoir: le secteur  privé sait ce qui est bon pour nous  ou encore que le nationalisme culturel c'est du racisme. Je ne vais pas m'avancer trop sur le secteur privé, mais il faudrait d'abord que le secteur privé au Québec ne soit pas les « tinamis ». Je crois au capitalisme tant et aussi longtemps qu'on ne socialise pas les pertes et que les profits ne servent pas à faire des guerres et mettre des mafias à la tête de l'État. Bouclons maintenant: Richard Guay semble avoir eu un épuisement professionnel dû à la débâcle de la Caisse de dépôt. Je me demande bien si le gouvernement Charest n'a pas poussé en quelque sorte la population du Québec sur le bord du suicide collectif?
(1)http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/200902/17/01-828062-la-caisse-a-perdu-7-milliards-us-sur-les-bourses-americaines.php
(2)http://www.lesaffaires.com/article/0/energie/2008-10-31/485010/chevron-double-ses-profits.fr.html
(3)http://www.lesaffaires.com/article/0/finances--placement/2008-09-05/482008/qui-est-richard-guay.fr.html
(4)http://www.amazon.com/Coming-Economic-Collapse-2006-Prognostications/dp/0972105190


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2009

    J'ai ecris plusieurs texte sur ce la crise, dont le premier en janvier 2008:
    http://www.vigile.net/Diner-sur-le-Titanic
    et depuis j'en ai ajouter d'autres sur ce sujet.
    http://www.vigile.net/_Pomerleau-Jean-Claude_
    Je me suis base sur 2 sources d'informations qui ont vu venir clairement la gravite de la crise et l'on décris le déroulement a l'avance depuis 2006:
    Un must; Le Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP)
    :http://www.leap2020.eu/Francais_r26.html
    Et Nouriel Roubini, un prof d'économie américains qui frappe le clou sur la tete:
    http://www.rgemonitor.com/roubini-monitor/255482/roubini_anglo-saxon_model_has_failed
    Je suis a rédiger un autre texte sur la Caisse, qui a non seulement acheté les papiers commerciaux ,mais a aussi fournis une aide déterminante pour leurs fabrications !
    jcpomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2009

    J'aimerais commenter mon article. Je sais que pour s'en sortir, il ne faudra pas entrer dans une ère de guerre inter-générationnelle. Il y a probablement des lecteurs de différentes générations qui pourront lire mon texte, et j'espère particulièrement qu'il y en a beaucoup de ma génération.
    Plusieurs vont remarquer les coquilles dans mon texte, et c'est temps mieux. Le droit de s'exprimer ne devrait pas être donné seulement à ceux et celles qui ne font pas de fautes de grammaire. Je dois vous accorder que la lecture finale de mon texte, elle s'est fait ici. Personne n'est parfait. Ça me permet d'ajouter une parenthèse, à savoir que lorsque des gens de la génération plus agée critique le français écrit et oral des plus jeunes, ils se critiquent en premier eux-mêmes. On ne peut pas accuser les jeunes de mal écrire et de mal parler alors qu'ils ne sont pas responsables du système d'éducation dans lequel ils sont soumis.
    Chose certaine, le pouvoir de s'exprimer correctement est vital dans une démocratie. Le pouvoir de s'informer l'est tout autant. Bref, je voulais seulement dire qu'à 18 ans je n'étais même pas en mesure d'écrire une phrase semi-complexe et de mettre deux idées l'une à la file de l'autre. Il y a un jour où on se rend compte que ce pouvoir n'a pas de prix. Il y a eu ce jour où j'ai compris que je ne voulais plus vivre dans l'ignorance et sous le contrôle des gens que je dénonce dans mon texte. Si notre système d'éducation était acceptable, Jean Charest n'aurait peut-être pas été réélu pour un troisième mandat, c'est seulement une hypothèse. Je ne ferai pas comme Mario Roy et dire "Je suis sûr qu'au Québec..."