Encore 15 M$ du public dans Orbite

L’entreprise, détenue à 13% par Québec, avait besoin de ces fonds pour démarrer enfin la production

54ad20852e0c9a8d77eb6b98e3a54493

Encore un investissement bizarre






Québec a discrètement fait passer de 10 à 25 M$ son investissement dans Orbite Technologies, une entreprise de la Gaspésie qui peine à démarrer sa production d’alumine, après d’importants dépassements de coûts.




Le producteur d’alumine de haute pureté avait besoin des 15 M$ supplémentaires du gouvernement pour pouvoir terminer la construction de son usine de Cap-Chat, en Gaspésie, où les dépassements de coûts et les délais supplémentaires se multiplient depuis deux ans.




La production commerciale d’alumine devait commencer en 2014, mais de nombreux problèmes dans la construction ont repoussé l’ouverture à plusieurs reprises. Orbite a annoncé en mars un nouveau dépassement de coût de 10 M$, pour un budget total de 127 M$. La direction pense aujourd’hui pouvoir démarrer la production à l’automne.




«Nous avons eu des problèmes dans l’installation de la tuyauterie, qui a été plus lente que prévu», dit Glenn Kelly, PDG d’Orbite.




Ces derniers mois, l’entreprise a aussi éprouvé des problèmes avec l’une des pièces maîtresses de l’usine, un four où doit être produite l’alumine. «On a dû refaire l’ingénierie», explique Glenn Kelly, PDG d’Orbite.




En mars dernier, l’entreprise annonçait qu’elle n’avait plus d’argent pour financer la fin des travaux, et le patron s’était dit déçu de ce contretemps.




Pour sortir de l’impasse, la direction a fait appel à Investissement Québec, «l’investisseur qui connaît mieux la compagnie», selon Glenn Kelly.




En toute discrétion




Pour financer les travaux, Québec a avancé près de 10 M$ en nouveaux prêts en mai, sans tambour ni trompette. Orbite a aussi vendu 6 M$ en nouvelles actions. Investissement Québec en a acheté pour 5 M$ (80 %), sur ordre de la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.




En 2014, le gouvernement avait déjà acheté pour 10 M$ d’actions d’Orbite. Plus de 13 % de la compagnie est aujourd’hui entre les mains du public.




Les nouveaux financements publics n’ont fait l’objet d’aucune conférence de presse. Investissement Québec s’est contentée de publier deux communiqués laconiques sur son site Internet.




La ministre Anglade n’a pas voulu accorder d’entrevue à ce sujet.




Orbite a aussi obtenu 4,8 M$ en financements du gouvernement fédéral.




L’entreprise veut produire d’ici quelques mois de l’alumine de grande pureté pour les appareils de haute technologie et d’électronique, comme des téléphones et des batteries pour voitures électriques.




Un chef de l’exploitation qui fait sourciller





Tout de suite après le nouveau financement de Québec, début juin, Orbite Technologies a embauché un nouveau chef de l’exploitation, Charles Taschereau. De 2010 à 2014, cet ingénieur a occupé le même poste chez Canada Lithium, une minière d’Abitibi financée par les fonds publics, qui a fini par faire faillite.




Sous sa gestion, la mine n’a jamais pu produire un minerai de qualité, après 200 M$ d’investissement. L’entreprise a fini par être rachetée, avant de déposer son bilan. Elle devait 63 M$ au gouvernement du Québec.




Recours collectif




En Ontario, des investisseurs ont déposé un recours collectif contre Canada Lithium, incluant Charles Taschereau. Ils reprochent à l’entreprise et ses dirigeants d’avoir surestimé la quantité de minerai exploitable. Un règlement serait imminent, selon nos informations.




Québec détient plus de 13 % des actions d’Orbite, mais le cabinet de la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, refuse de commenter le choix de Charles Taschereau comme chef de l’exploitation.




De son côté, le PDG, Glenn Kelly, défend ce choix. Selon lui, Charles Taschereau n’est pas responsable des ratés du projet Canada Lithium. «Il n’était pas responsable du volet minier», dit-il.




La chinoise Jilien Jien Nickel Industry a finalement racheté la mine, avec un autre financement de 56 M$ du gouvernement du Québec. Elle a annoncé devoir investir 200 autres millions pour pouvoir démarrer la production, d’ici un an, si tout va bien.




 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé