Élections fédérales - Retour au bercail

Élection fédérale 2008 - le BQ en campagne

Mis sur la défensive par des adversaires qui avaient soulevé la question de sa pertinence, le Bloc québécois a répliqué cette semaine avec l'idée que lui seul pouvait barrer la voie à un gouvernement Harper majoritaire. Apparemment, cette réponse a été jugée convaincante par plusieurs électeurs.
Les résultats d'un sondage Harris/Decima donnaient ainsi le Bloc à nouveau en tête au Québec ce jeudi, après avoir été pendant plusieurs jours au coude à coude avec le Parti conservateur. Si ce sondage est représentatif de la réalité, ces deux partis seraient revenus à leur position de départ, soit près de 38 % pour le Bloc et environ 23 % pour le PC.
Au cours des derniers jours, les électeurs bloquistes désillusionnés tentés de voter libéral, néo-démocrate ou vert auraient donc entrepris de rentrer à la maison. En martelant que seul le Bloc était en mesure de priver les conservateurs de la majorité qu'ils pourraient obtenir par une percée au Québec, celui-ci se redonnait une pertinence. Une pertinence certes différente de celle incarnée par l'idée de souveraineté, mais voter Bloc québécois retrouvait un sens.
Canaliser vers lui le mouvement «Anybody but Harper» fut d'autant plus aisé pour le Bloc que la perspective d'un gouvernement conservateur majoritaire apparaissait au fil des jours de plus en plus possible. Et se sont ajoutées des déclarations de la part de conservateurs venant conforter dans leur opinion ceux qui craignent que, majoritaire, Stephen Harper ne mette en oeuvre un programme de droite.
L'engagement annoncé mardi par le premier ministre d'ouvrir les prisons aux adolescents de 14 ans et plus, avec une perspective de prison à vie dans le cas de meurtre, a ainsi été mal reçu au Québec, y compris par les syndicats de policiers. Ce fut une occasion supplémentaire pour le chef du Bloc, Gilles Duceppe, de diaboliser ses adversaires. Une déclaration peu subtile d'un candidat conservateur faisant un lien entre la criminalité juvénile et l'immigration ne pouvait que servir les partis d'opposition. Cela s'ajoutait aux déclarations provocantes de Stephen Harper sur les artistes qui se plaignent la bouche pleine.
On pourrait croire que les conservateurs manquent de sensibilité à l'égard du caractère distinct du Québec en mettant ainsi de l'avant des politiques qui ne collent pas à la réalité québécoise. Ce serait présumer qu'ils n'ont pas sondé attentivement les reins et les coeurs des Québécois avant de se lancer en campagne. La réalité est tout autre, sauf que cette spécificité québécoise représente un dilemme pour eux. Ils ne peuvent tenir un double discours, un pour le Québec et un autre pour le reste du Canada. Or, sur la criminalité juvénile, le Parti conservateur avait plus à gagner au Canada anglais, suffisamment plus pour prendre le risque de perdre quelques points au Québec.
La première partie de la campagne électorale se termine sur une bonne note pour le Bloc, dont le chef pourra se présenter en bonne position au débat des chefs en français, mercredi. La difficulté sera pour lui de tenir le rythme. Les compressions en culture et la prison pour les adolescents sont des sujets qui sont presque épuisés. Dans le cas de la culture, les conservateurs pourraient même corriger le tir en annonçant de nouveaux programmes. Stephen Harper voudra l'amener pour sa part sur d'autres terrains, comme celui de l'économie, qui demeure la préoccupation la plus importante des électeurs. Un sujet où il pourrait revenir à la charge pour mettre en cause la capacité du Bloc, comme parti d'opposition, à influencer le cours des choses. En fait, il ne faut pas croire clos le débat sur la pertinence du Bloc.


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