Élections fédérales - Parlons Bloc

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec


Cette campagne électorale ne se déroule pas comme prévu pour le Bloc québécois, qui est poussé dans ses retranchements par le NPD. Celui-ci recrute massivement chez les électeurs bloquistes et, dans une moindre mesure, chez les libéraux. Conséquence, le Bloc termine cette campagne sur la défensive, sans trop comprendre ce qui lui arrive.
Le Bloc ne l'a pas toujours eu facile. En 2000, il s'est fait déclasser par le Parti libéral de Jean Chrétien, qui obtint alors 44 % des suffrages au Québec contre 40 % pour le Bloc. On avait vu dans ce match nul le signe du début de la fin pour la formation souverainiste à qui le scandale des commandites assura une deuxième vie. À nouveau, toutes les certitudes bloquistes sont ébranlées.
De passage au Devoir hier, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, a admis avoir été surpris par la turbulence électorale. Il est apparu sur la défensive, aux prises avec un phénomène que personne n'avait vu venir, au Bloc comme au NPD d'ailleurs. Si son ampleur est difficile à cerner — les écarts entre les résultats des différents sondages montrent la volatilité de l'électorat —, il est acquis néanmoins que plusieurs circonscriptions sont en jeu.
Les difficultés du Bloc s'expliquent d'abord par des raisons propres à ce parti. En début de campagne, tous avaient la conviction que cette élection n'allait rien changer. Que le 3 mai au matin, chacun allait reprendre son siège. On n'a donc pas senti le besoin de revoir sa stratégie et son discours. Le slogan de campagne, «Parlons Québec», était loin d'avoir le punch du «Un parti propre au Québec» de 2004 et du «Je me souviens» de 2006 par lesquels il avait mis K.O. le Parti libéral.
Ce «Parlons Québec» est tombé à plat parce que trop diffus, sans incarnation dans un dossier précis comme celui des investissements en culture qui en 2008 avait servi de catalyseur à la campagne du Bloc. Ses adversaires ont retenu la leçon puisque cette fois, ils ont tous réagi au quart de tour pour neutraliser les sorties de Gilles Duceppe sur des enjeux comme l'harmonisation de la TPS et de la TVQ ou le financement de la santé. Difficile dès lors de démoniser l'adversaire et de faire se lever les foules.
Cette situation aura forcé le Bloc à se centrer sur son discours traditionnel de la défense des intérêts du Québec, qui a le défaut d'avoir été entendu moult fois et d'être peu attrayant pour des électeurs jeunes, peu politisés. Les dénonciations des ambitions centralisatrices du NPD et les intrusions conservatrices dans les champs de compétence provinciale leur disent bien peu. Pour eux, le Bloc porte le poids de ses 20 ans qu'a illustré le rôle confié à l'ancien premier ministre Jacques Parizeau pour faire appel à la loyauté des électeurs souverainistes. Ce n'est rien pour rejoindre de nouveaux électeurs qui seraient plus sensibles à des figures associées à des causes auxquelles ils tiennent, comme l'environnement.
Le choix des électeurs bloquistes de se tourner vers le NPD n'est pas rationnel. Il répond à un désir de changement qui a par le passé donné lieu à la montée spectaculaire de l'Action démocratique. Même si le NPD a trois fois l'âge du Bloc, il réussit à incarner, grâce à la personnalité de Jack Layton, le renouveau. Comme pour l'ADQ, le défi de ce parti sera d'être à la hauteur d'attentes qu'il nourrit en multipliant les promesses d'ouverture aux aspirations du Québec. Celui de Gilles Duceppe est de montrer dès maintenant que le NPD ne peut l'être. Il n'a pas le luxe d'attendre que ce parti s'effondre par lui-même dans trois ou quatre ans. Le mal aura été fait.


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