Élections fédérales - Les cocus conservateurs

Élection fédérale 2008 - les résultats


Toutes les conditions gagnantes étaient réunies en début de campagne pour l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. Pourtant, ils n'ont obtenu que 17 sièges de plus, restent minoritaires et troisièmes au Québec. Ils sont les seuls responsables de leur courte victoire, comme le démontre notre nouveau sondage Internet à la sortie des urnes (exit poll, sondage Internet auprès des électeurs avec 4524 répondants).
L'électeur est un être fragile, impulsif, versatile, subtil et nettement plus stratégique qu'avant. Il faut savoir le cajoler, lui donner de l'espoir, l'accompagner et le surveiller si vous ne souhaitez pas qu'il vous soit infidèle. Les cocus conservateurs viennent de l'apprendre à leurs dépens.
Des électeurs plus impulsifs
Les électeurs sont de plus en plus sceptiques face aux partis politiques. Plus de 70 % ne croient pas aux promesses électorales et 84 % ne font pas confiance aux politiciens. Mais une nouvelle tendance a émergé au cours des dernières campagnes électorales nord-américaines: les électeurs attendent à la toute fin de la campagne pour faire leur choix final.
Ceux qui affirment que les campagnes électorales ne servent plus à rien sont désabusés ou mal renseignés. Seulement 46 % des électeurs avaient pris leur décision finale avant le début de la campagne et les autres Québécois ont procédé par élimination.
Nous avons toujours cru qu'il y avait trois moments magiques dans une campagne électorale où l'électeur est plus réceptif aux arguments des politiciens. En effet, 17 % des gens font leur choix dans les premières 48 heures, 11 % dans les 48 heures suivant le débat et 12 % au cours du dernier week-end. (Voir le tableau 1)
Dernière journée
Mais il y a maintenant un quatrième moment stratégique où les politiciens peuvent encore convaincre l'électeur, et c'est la dernière journée. C'est un nouveau phénomène que nous avons observé durant la campagne de 2008, alors que 14 % des Canadiens ont fait leur choix final au cours de la dernière journée, dont 6 % dans l'isoloir même. Cette tendance semble encore plus prononcée au Québec, où 20 % des électeurs ont pris leur décision au cours de la dernière journée, dont 9 % dans l'isoloir. Ce ne sont plus seulement les dernières heures qui comptent mais aussi les dernières minutes avant le vote.
Dix pour cent des conservateurs, 13 % des libéraux, 17 % des bloquistes, 18 % des néo-démocrates et 18 % des verts ont fait leur choix final au cours de la dernière journée.
Plus versatile
Au cours de cette campagne, plus de quatre électeurs sur dix nous ont avoué qu'ils pouvaient changer d'idée. Par exemple, le vote du Bloc est passé de 30 % en début de campagne à 38 % au final, soit une hausse de 27 %. Cette montée est liée à sa campagne agressive contre le Parti conservateur puisque 36 % des supporters du Bloc ont d'abord voté contre les conservateurs, alors que 64 % ont plutôt voté en faveur des positions du Bloc. (Voir le tableau 2)
Plus subtil
À l'inverse, le vote conservateur a grimpé jusqu'à 34 % au Québec en début de campagne et s'est effondré à 22 % le jour du vote, une baisse de 35 %. Notre sondage démontre qu'il y a plus qu'un enjeu dans une campagne électorale et que les compressions dans le domaine de la culture n'ont influencé que 6 % des électeurs au Québec.
Ce sont davantage les positions du Parti conservateur sur les questions morales, l'environnement et la crise financière qui ont incité les Québécois à voter contre le PC. Ainsi, 17 % des électeurs bloquistes ont choisi de voter contre le PC à cause de ses positions morales alors que seulement 9 % des électeurs conservateurs ont choisi ce parti justement sur la base de ses valeurs morales. (Voir le tableau 3)
Plus stratégique
Alors que plus de 40 % des Canadiens à l'extérieur du Québec ont voté pour les conservateurs, 78 % des Québécois ont voté contre ce parti. La stratégie bloquiste a fonctionné. Gilles Duceppe a bien résumé le sentiment québécois général: «Je ne suis tout de même pas responsable de l'impuissance des autres partis.» C'est simple, les Québécois ne demandaient qu'à aimer les conservateurs, mais ces derniers n'ont pas été assez aimables.
Pour obtenir les résultats qu'ils n'ont jamais eus, les conservateurs devront faire ce qu'ils n'ont pas fait depuis Brian Mulroney: être moins conservateurs et plus progressistes.
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Christian Bourque, vice-président à la recherche chez Léger Marketing
Jean-Marc Léger, président chez Léger Marketing


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