Le refuge politique

Le BQ survit grâce à une conjoncture "inouïe"... sa déconfiture attendra à la prochaine élection. Les "structures", GESCA connaît pas...

Le Bloc québécois a conservé son statut de refuge politique d'un électorat qui, en début de campagne, semblait devoir lui filer dramatiquement entre les doigts. Le parti souverainiste a ainsi gardé intacte sa représentation aux Communes, bien qu'il ait récolté une part moindre des suffrages exprimés.
Ce sera donc difficile pour Gilles Duceppe de voir ces résultats comme une grande victoire même si, il y a 40 jours, l'alignement des astres semblait promettre une véritable catastrophe aux troupes bloquistes.

À ce moment, existait d'abord la relative popularité des conservateurs auprès des électeurs du Québec, que Stephen Harper avait plus ou moins apprivoisés en se tassant au centre et en reconnaissant la nation québécoise - un symbole si l'on veut, mais un symbole fort. Existait ensuite ce qu'on pourrait appeler la «fatigue bloquiste», mise en évidence par les interrogations sur la pertinence du parti formulées au sein de la famille, pour ainsi dire, par l'ex-ministre péquiste Jacques Brassard et cinq anciens députés bloquistes.
Puis, est arrivé ce que l'on sait: l'étincelle des coupes dans la culture a mis le feu à la baraque et entraîné un mouvement anti-Harper d'une virulence inouïe: on ne se souvient pas que quiconque, au Québec, ait jamais été diabolisé à ce point! Les coupes en question étaient néanmoins le fruit d'un mauvais calcul du premier ministre, lequel devait en commettre plusieurs autres, nourrissant ainsi cette véritable campagne de peur - dont, par le passé, les souverainistes étaient plutôt les victimes... C'est ainsi qu'on a vu défiler le spectre de George Bush, des adolescents menacés du pénitencier, des oriflammes nazies dans les manifs et, pire que tout, la culture québécoise assassinée par les Anglais!
Placé sur le terrain de la culture et par conséquent de l'identité, le Bloc québécois ne pouvait faire autrement que profiter très largement de ce tournant noir pris par la course électorale.
Pourtant, ce n'est pas ce qui s'est produit.
Dans les faits, ce sont les trois autres partis, conservateur, libéral et néo-démocrate, qui ont gagné des votes, même si cela s'est plus ou moins reflété dans le nombre de circonscriptions dévolues à l'un et l'autre.
Quel est le message?
Beaucoup d'électeurs québécois auront certainement fait savoir que, malgré tout le battage, ils ne voient pas Stephen Harper comme l'épouvantail halloweenien qu'on a fait de lui (même s'il a donné la mesure du fossé qui sépare la réalité québécoise de la vision qu'il en a). Et, en gardant un tableau des élus fort semblable à celui qui existait avant la dissolution de la Chambre, les mêmes électeurs ont peut-être remis en question la... pertinence de ces élections - tout ça pour ça, en somme!
Quant à la pertinence du Bloc québécois, elle fera certainement encore l'objet de discussions.


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