Le second volet de l’enquête menée par la firme Léger Marketing, pour le compte du quotidien Le Devoir, montre combien nombre de Québécois ne veulent pas s’informer de ce qui se passe à Québec.
Ainsi, les politiciens les plus connus, toujours selon le sondage, sont ceux dont le minois a paradé largement sur les réseaux de télévision du Québec! Les chefs des principales formations politiques sont sans surprise bien connus des citoyens pour cette raison. Certains membres de leur équipe qui ont interprété des rôles dans des séries télévisées triomphent littéralement! Est-ce pour cela que René Lévesque fut une figure si marquante de l’histoire du Québec, parce qu’il a d’abord animé l’émission « Point de mire » sur les ondes de Radio-Canada? Les autres élus, privés d’une exposition médiatique semblable, sombrent évidemment dans l’anonymat.
Ce qui est inquiétant dans cette analyse s’avère l’immense pouvoir dont disposent les différentes chaînes de télévision. On ne le dira jamais assez. Ce sont elles qui, d’une certaine manière, déterminent l’ordre du jour des Québécois. Les autres sources d’information ne font tout simplement pas le poids. Sur internet, les Québécois lisent sensiblement les mêmes manchettes qui sont diffusées à la télévision. Lorsqu’ils quittent les principaux portails d’information souvent affiliés aux réseaux des télédiffuseurs, c’est pour se distraire. Pour ce qui est des journaux, leur influence diminue. La Presse a même failli y rester, dernièrement! La radio? Vous voulez rire? Les gens qui la syntonisent ne veulent surtout pas en entendre parler…
Le dernier coup de sonde de Léger Marketing nous divulgue surtout que les gens ne s’intéressent pas à la politique. Ils subissent ainsi les décrets gouvernementaux sans avoir réellement participé aux débats qui les ont préparés. Les rares fois qu’ils s’intéressent à un enjeu, c’est lorsque la télévision les alerte que leurs poches sont menacés. Les scandales de corruption qui secouent présentement les pouvoirs publics du Québec le démontrent de façon éloquente.
On peut se réjouir que les Québécois sachent en grand nombre que le gouvernement Charest joue avec les fonds publics, et qu’il s’apprête à en demander davantage à ces mêmes contribuables qu’il floue. L’ennui, c’est que les mêmes réseaux de télévisions n’en parleront plus dans trois ans, moment où les Québécois seront conviés aux urnes. Tout comme ceux-ci taisent de véritables tragédies comme le naufrage retentissant que connaît le monde scolaire du Québec. Aucun discours valorisant l’importance des études n’est entendu à la télévision. Pas un mot non plus sur la démission des parents quant à leur rôle d’éducateur soucieux de la réussite académique de leurs rejetons. C’est pourtant l’avenir du Québec qui s’écroule sous nos yeux.
Sans moyen télévisuel d’envergure, les gens ne s’intéresseront pas aux véritables enjeux. Ils n’en n’auront que pour ces téléséries où le cul, la violence et les poursuites de chars triomphent. Il est important que les gens se détendent, répondra-t-on. Assurément. Être au fait de tous les dossiers chauds qui animent une nation ne peut passionner tout le monde. Reste que la société québécoise, tricotée serrée, détonne un peu plus que les autres dans son piètre engouement envers la chose politique. Peut-être est-ce pour cela que l’industrie de l’humour est si dominante chez-nous! La fuite en avant s’avère probablement un bon remède, lorsqu’on désire fermer les yeux sur des sujets sérieux qui menacent les fondements mêmes de ce que nous sommes.
L’absence de projet collectif emballant est évoquée par certains observateurs de la scène politique québécoise, pour expliquer l’anonymat complète dans laquelle pataugent bon nombre d’élus de l’Assemblée nationale. Probable que cette réalité affecte grandement les Québécois. Il n’en demeure pas moins que la télévision semble constituer le baromètre ultime qui décide de la fiabilité de ceux qui osent se lancer dans le service public. Si de plus un candidat affiche un certain talent pour les pitreries, ses chances de réussite décuplent. Jean Charest a vraisemblablement réussi le test télévisuel. Néanmoins, il relève avec moins d’éclat le défi de durer, comme beaucoup d’autres qui œuvrent dans le domaine artistique…
L’exercice auquel s’est livré la firme Léger Marketing a quelque chose de navrant. Il nous rappelle combien Jacques Parizeau fut courageux de sauter dans l’arène politique, alors que la télévision l’avait décrit comme froid et intellectuel. L’obstacle était de taille à surmonter. L’ancien chef du Parti québécois a tout de même décidé d’affronter le sanhédrin médiatique. Est-ce qu’un autre osera l’imiter? Quelqu’un qui parviendra à intéresser les Québécois à leur sort collectif, plutôt qu’ils se torturent au sujet du dénouement d’un téléroman douteux?
Vaincre la télévision. Voilà probablement la conclusion que doivent tirer les souverainistes, à la lumière des troublantes révélations de la dernière enquête de la maison Léger marketing, sur l’ignorance des gens envers ceux qui dirigent leur destinée. Il est possible d’atteindre cet objectif en présentant un projet audacieux lors du prochain scrutin général. Cela peut se faire aussi si les troupes souverainistes parviennent à dénicher un leader charismatique. À moins que les proches conseillers de l’actuelle leader péquiste ne réalisent prochainement un travail extraordinaire de mise en marché pour améliorer son image...
J’ai rompu avec la télévision depuis déjà plusieurs années. Ce que j’y vois relève la plupart du temps du voyeurisme et du sensationnalisme. Je m’informe à la radio, sur internet et dans les pages de certains journaux. C’est l’absence de projet passionnant qui m’empêche de me détendre devant le petit écran. Je me méfie de toute manière prodigieusement de la télévision que je suspecte de vouloir m’abrutir.
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2009Je seconde pour M. Curzi. Il a une éloquence qui me fascine de plus en plus. En voilà un qui percera le mur de la télévision. D'ailleurs c'est déjà fait et attendez vous à ce que les médias pro-fédéralistes s'attaquent malicieusement à lui car il sera un atout important dans le futur et surtout parce qu'il sera une menace à l'unité ''canadian'' de par son style et de sa personnalité attachante.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
2 décembre 2009Le très médiatique Pierre Curzi parlait aux 400 participants à l'assemblée de fondation du Mouvement Montérégie Française, ce dimanche 30 novembre à Longueuil.
Par sa fougue oratoire, il retient toujours l'attention d'un auditoire. Mais comment obtint-il son standing ovation? Par sa conclusion crecendo: Vive le Québec! Vive le Québec libre!
Je ne crois pas avoir entendu ça de Pauline... chef éteignoir pour la concurrence.