Yves Schaëffner - Collaboration spéciale - Édimbourg - Un an après avoir été portés au pouvoir pour la première fois en Écosse, les indépendantistes vivent une lune de miel avec l'électorat qui ne semble plus vouloir prendre fin. Pas au point, toutefois, de leur permettre de respecter leur promesse électorale de tenir un référendum.
Le ciel est toujours rempli de nuages, il pleut toujours aussi souvent, mais quelque chose semble avoir changé en Écosse depuis mai 2007. Les Écossais ne ronchonnent plus constamment contre leur gouvernement.
Élu en mai 2007 avec 33% du vote et ne possédant qu'un seul député de plus que le Parti travailliste, le Parti national écossais (SNP) est arrivé au pouvoir de justesse.
Minoritaire, le gouvernement du SNP a su manoeuvrer avec tact et doigté. Résultat? Le parti et son leader, le charismatique Alex Salmond, sont désormais plus populaires qu'au moment de leur élection. Il y a quelques semaines, un sondage leur accordait 39% des intentions de vote.
«Pendant des années, les partis de l'opposition ont dit qu'un gouvernement SNP serait désastreux pour l'Écosse, souligne Ian McKee, député SNP pour la région d'Édimbourg. On a démontré qu'ils avaient tort.»
«Même s'ils n'appuient pas l'indépendance de l'Écosse, les gens aiment l'idée que quelqu'un défende les intérêts de l'Écosse», poursuit le député assis à sa table de travail dans le parlement semi-autonome d'Holyrood.
Si l'objectivité du député au crâne dégarni peut facilement être remise en question, son point de vue semble assez largement partagé.
«L'atmosphère est bien plus positive. Les gens sentent qu'il y a quelqu'un qui est prêt à se battre pour l'Écosse», soutient Mike Salter, président de la Chambre de commerce d'Aberdeen, une ville du nord-est du pays dont l'économie est florissante.
«Il y a un véritable leadership maintenant. Le gouvernement travailliste au pouvoir depuis la dévolution il y a huit ans avait été plutôt insipide», poursuit l'homme d'affaires.
Soccer et salles des urgences
Selon James Kennedy, professeur de sciences politiques à l'Université d'Édimbourg, le succès du SNP repose grandement sur le fait qu'il a voté des mesures populaires et populistes: maintien de certaines salles des urgences, abolition de postes de péage sur les routes, suppression d'une charge de 4000$ pour les diplômés universitaires...
Qui plus est, le premier ministre Alex Salmond parle constamment d'un nouvel optimisme en Écosse, qui semble être en phase avec l'état d'esprit de la population. En cela, le gouvernement a peut-être été aidé par l'actualité. La ville de Glasgow a obtenu les Jeux du Commonwealth de 2014, tandis que l'équipe nationale de soccer a connu un excellent parcours lors des qualifications de la Coupe d'Europe l'automne passé.
Évidemment, cette idée de nouveau souffle n'est pas partagée par tout le monde. Des Browne, le ministre britannique responsable de l'Écosse lève les yeux au ciel lorsqu'on l'interrogé sur la question. «Je ne vois aucun nouvel optimisme en Écosse», rétorque le ministre travailliste.
«C'est normal que les Écossais soient confiants dans leur avenir. Ils ont vécu une période de croissance sans précédent», poursuit-il, insinuant que le climat social et politique doit plus au précédent gouvernement travailliste écossais qu'aux indépendantistes.
Comme Pauline Marois
Au Parlement écossais, le responsable des communications des travaillistes, Gavin Yates, trouve toutefois une raison de se réjouir. Contrairement au SNP, l'idée d'indépendance n'a pas gagné en popularité au cours des derniers mois.
Minoritaire au Parlement, le gouvernement du SNP ne peut respecter sa promesse électorale de tenir un référendum. À la place, le premier ministre écossais a donc lancé en août dernier une «conversation nationale» sur l'internet.
Comme Pauline Marois - qui a présenté un concept similaire en mars -, Alex Salmond espérait faire mousser ses idées nationalistes.
Mais la «conversation nationale» de Salmond n'est guère plus populaire que celle de Marois. En janvier dernier, elle n'avait généré qu'une centaine de contributions sur l'internet.
«Cent réponses pour un pays de 5 millions d'habitants, ce n'est pas ce que j'appelle une grosse conversation», se félicite le porte-parole travailliste.
Alex Salmond (Photo Reuters)
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