Du désenchantement jusqu'à la révolte

Les trois partis d'opposition ont remis en question, hier, la nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

L'affaire de la CDP - les réformes

Québec -- Les trois partis d'opposition ont remis en question, hier, la nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Pauline Marois a dit ne pas «partager» la décision du gouvernement Charest. Compte tenu de «l'état de crise» à la CDPQ, elle aurait préféré «une personne qui fasse davantage l'unanimité et surtout qui possède le profil et les expériences nécessaires pour relever les défis auxquels est confrontée l'institution». Toutefois, le PQ a fait savoir par communiqué qu'il souhaite s'entretenir avec le nouveau p.-d.g. «au cours des prochaines semaines» afin de mieux comprendre ce que celui-ci «souhaite faire» et «comment il le fera» pour résorber la crise à la CDPQ. L'ADQ a fait savoir pour sa part qu'il était «évident» que le gouvernement s'était ingéré depuis le début dans cette nomination.
La réaction la plus virulente est venue de Québec solidaire (QS), qui a vertement dénoncé la nomination de M. Sabia. Dans un communiqué, la formation de gauche s'est demandé si le Québec «avait vraiment besoin d'un autre financier, issu de l'économie casino et de la culture affairiste du libre marché, à la tête du bas de laine des Québécoises et des Québécois». QS fait remarquer que le précédent p.-d.g., Henri-Paul Rousseau, issu du même milieu, a «conduit la Caisse à jouer et à perdre des milliards de dollars de l'épargne collective» québécoise. Plus tôt dans la journée, le député de QS, Amir Khadir, avait réclamé que M. Rousseau rembourse la prime de départ qu'il a reçue.
Pour sa co-porte-parole Françoise David, la nomination de Michael Sabia à la Caisse signifie que M. Charest n'a «rien appris de cette crise». QS aurait plutôt nommé un «gestionnaire de la haute fonction publique qui aurait démontré par le passé un grand sens des responsabilités sociales et d'attachement au Québec», tel l'ancien président du Mouvement Desjardins, Claude Béland. Ce dernier, lors des dernières élections, avait appuyé publiquement QS. Mme David a ajouté que le bilan de M. Sabia à la tête de BCE a été «désastreux». «De son passage comme p.-d.g., seul son portefeuille personnel semble s'être bien tiré.» La nomination de M. Sabia est «d'autant plus révoltante» qu'il a touché «quelques dizaines de millions de dollars en quittant l'entreprise qu'il a mal conduite». «N'y a-t-il vraiment aucune gêne à la tête du gouvernement du Québec pour accepter une telle nomination?», a pesté Amir Khadir.
Selon lui, les gouvernements ont pris la «mauvaise habitude» de confier la direction des grandes décisions économiques à des banquiers et à des financiers. «Il est temps de mettre fin à ce culte des affairistes dont M. Sabia, issu de Bay Street, est l'un des plus tristes exemples», a soutenu M. Khadir dans le communiqué de QS.
Plus tôt hier, M. Khadir a réclamé une commission d'enquête publique au sujet de la Caisse de dépôt. Celle-ci ne se bornerait pas à «identifier un ou une responsable des 40 milliards de pertes de la Caisse», mais ferait «le procès d'une culture financière».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->