Lundi a commencé l’opération d’évacuation et de démantèlement de la « jungle » de Calais, le plus grand bidonville de France. Que l’opération réussisse ou non, peu croient que la jungle ne se reconstituera pas, sous une forme ou sous une autre. Parce qu’en amont, la crise migratoire que vit l’Europe reste à peu près entière et qu’en aval, Londres s’en lave les mains.
Lundi après-midi, plus de 2000 migrants — Afghans, Syriens, Soudanais, Érythréens… — avaient accepté de quitter la « jungle » dans une quarantaine d’autocars à destination de différents centres d’accueil répartis dans le pays. Les autorités françaises, qui n’ont pas intérêt à voir les choses déraper, espèrent avoir terminé d’ici la fin de la semaine l’évacuation des quelque 6500 personnes qui se sont entassées dans le camp et les avoir relocalisées dans l’un des 280 centres d’accueil du pays en attente du traitement de leur demande de statut de réfugié. La journée de lundi s’est déroulée dans un calme relatif, ce qui est heureux, après les troubles du week-end et vu les tensions et les angoisses inhérentes à un exercice aussi compliqué et délicat. Il est cependant loin d’être acquis que toute la semaine se déroulera de la même manière. Certains s’accrocheront, forcément.
Il y a quinze ans qu’existent ces camps de fortune à proximité du port de Calais. Le malaise parmi les Calaisiens n’a cessé de se creuser face aux vagues successives de migrants, comme le sentiment que cette présence nuisait au développement économique de la région. D’autres opérations de même nature ont été menées dans le passé — en 2002, 2009 et 2014. Mais elles n’ont jamais réussi à freiner de façon décisive l’arrivée de tous ces clandestins qui ne rêvent maladivement que d’une chose : embarquer sur les traversiers ou monter dans les trains qui empruntent le tunnel sous la Manche pour atteindre les côtés de l’eldorado britannique. L’évacuation entreprise lundi est d’une ampleur inédite. Il n’y a pas pour autant lieu de penser que cette « opération humanitaire de mise à l’abri des migrants », ainsi que l’appellent les services de l’État, réussira là où les précédentes ont échoué.
La France a beau faire de grands efforts pour présenter à ces migrants des solutions de rechange à la Grande-Bretagne, écrivait un commentateur dans The Guardian, reste que la perspective d’un emploi et la force d’attraction de l’anglais sont telles que rien ne garantit que de nouvelles « jungles » ne se reformeront pas dans la région. Ce qui est franchement paradoxal, considérant le fait que les sentiments xénophobes ont joué un rôle déterminant dans le vote référendaire des Britanniques en faveur du « Brexit ».
Avançons que le gouvernement socialiste français ne se fait pas d’illusions. Devant la montée de l’extrême droite, les échéances électorales font partie des considérations qui poussent aujourd’hui le gouvernement à vouloir « déverrouiller Calais », pour reprendre le mot du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
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LA «JUNGLE» DE CALAIS
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