CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Desjardins ne partage pas la confiance de Leitão

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Bienvenue au club, Desjardins!

Le gouvernement Couillard ferait mieux de réviser à la baisse ses attentes en matière de croissance économique au Québec, estime le Mouvement Desjardins.

Aux prises avec une économie dont la croissance réelle n’a été respectivement que de 1,5 % en 2012, 1 % en 2013 et 1,3 % l’année dernière, le ministre québécois des Finances, Carlos Leitão, a dit dans son dernier budget maintenant compter sur un rebond de 2 % cette année et encore 2 % l’année prochaine pour l’aider à équilibrer les finances publiques et créer les emplois promis par son parti.

L’économie québécoise arrivera malheureusement à court de ces attentes, prévient Desjardins qui lui prédit plutôt un taux de croissance de seulement 1,7 % cette année et de 1,5 % l’année prochaine. « La lenteur persistante de la demande intérieure continuera de limiter la croissance économique du Québec », a dit lundi l’économiste du Mouvement Desjardins Hélène Bégin, dans une brève analyse qui revenait sur des prévisions dévoilées il y a un mois.

Notons que les prévisions de Desjardins comptent parmi les plus pessimistes offertes par les analystes des institutions financières. Si les prévisionnistes de la Banque Nationale (avec 2 % en 2015 et 1,7 % en 2016) sont aussi légèrement en retrait par rapport aux attentes du gouvernement, la plupart des autres sont très proches, voire beaucoup plus optimistes, comme au Conference Board du Canada (2,4 % et 2,5 %) et à la Banque CIBC (2,4 % et 2,6 %). Rappelons aussi que, pour rédiger ses budgets, le gouvernement consulte notamment les experts du secteur privé et se base sur le scénario économique qui semble faire le plus consensus.

Des attentes trop élevées

Desjardins est habitué, depuis quelques années, à être un peu plus pessimiste que les autres, admet Hélène Bégin. Cela l’a toutefois plutôt bien servi, affirme-t-elle, la réalité ayant généralement eu tendance à lui donner raison.

Cette fois-ci, Desjardins craint notamment que l’on sous-estime l’anémie des principaux moteurs de croissance intérieure. Oui, la baisse des prix du pétrole laissera un peu plus d’argent dans les poches ces consommateurs québécois, mais la « quasi-stagnation » de leurs revenus après impôt et « le creux » dans laquelle se trouve leur taux d’épargne leur laissera « une marge de manoeuvre réduite ». Comptant pour le moment plus de vendeurs que d’acheteurs, le secteur immobilier résidentiel n’est pas près non plus de rebondir. Est-il nécessaire de rappeler qu’il n’y a pas plus de stimulation économique à attendre de la part de gouvernements en train de se serrer la ceinture. Ne reste plus dans ces conditions que l’investissement des entreprises, qui a commencé à se redresser, il est vrai, mais tout doucement.

Le Québec est aussi de plus en plus rattrapé par le vieillissement de sa population, note Hélène Bégin. « Avec les effets du choc démographique qui commencent à se faire sentir, il est peu probable que l’économie interne retrouve un rythme très soutenu. »

Plusieurs observateurs fondent de grands espoirs sur un retour en force du commerce extérieur. La reprise américaine et la baisse du dollar canadien devraient aider. Mais ce ne sera pas suffisant. Pour que la croissance économique passe le seuil des 2 %, il faudrait que les exportations croissent deux fois plus vite qu’en 2014. Or, on ne s’attend pas à ce que la croissance américaine accélère tellement cette année et que le huard dégringole assez « pour permettre un tel exploit ».

Un impact à relativiser

Hélène Bégin relativise toutefois l’impact que pourrait avoir une croissance économique plus faible que prévu sur les finances du gouvernement du Québec.

Le plus important pour un ministre des Finances est moins la croissance réelle de son économie, que sa croissance nominale qui comprend aussi l’inflation, rappelle-t-on. De ce côté, le budget de Carlos Leitão compte sur une croissance de 3,8 % cette année et de 3,4 % l’an prochain. Le Mouvement Desjardins prédit plutôt des taux de 3 % et 3,5 %. On estime généralement qu’une variation d’un point de pourcentage de produit intérieur brut nominal correspond à environ 600 millions de revenu pour le gouvernement.


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