Des signes précurseurs négatifs

Dans de telles circonstances, il serait normal que les partis politiques qui entrent en campagne électorale placent l'économie au centre de leurs préoccupations et de leurs programmes.

Élections fédérales du 14 octobre 2008

À la veille du déclenchement des élections fédérales, les soubresauts qui secouent les marchés boursiers laissent présager une période de passage à vide comme nous n'en avons pas connu depuis longtemps. On comprend que le gouvernement minoritaire conservateur veuille précipiter les choses, lui dont la philosophie prescrit d'en faire le moins possible en de telles circonstances.
Depuis le sommet du début de l'été, l'indice des valeurs inscrites à la Bourse de Toronto a chuté de plus 15 %, dont 7 % au cours de la seule semaine qui s'achève.
Prétendre qu'une telle chute est surprenante serait mentir. Si le TSX a atteint un sommet de 15 000 au printemps, c'était à cause de la flambée des prix du pétrole et des matières premières. Or c'était écrit dans le ciel que le ralentissement économique en cours en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde forcerait les spéculateurs à jouer le prix du pétrole à la baisse à plus ou moins long terme. La seule surprise vient donc du fait que la dégringolade des titres de ressources naturelles, le pétrole surtout, qui composent près de la moitié du TSX a été aussi rapide.
Tôt ou tard, cela se manifestera à la pompe, puisque les pétrolières, qui rechignent toujours à baisser leurs prix, se tirent dans le pied en accentuant le ralentissement économique et le mouvement à la baisse dans la demande pour leurs propres produits.
Hier, Statistique Canada nous a appris que l'emploi n'avait pas encore subi les contrecoups négatifs du ralentissement en cours. Tant mieux, mais soyons réalistes: si l'économie ne repart pas rapidement et solidement, l'emploi piquera forcément du nez, et avec lui la santé financière des ménages, qui n'est déjà pas reluisante à cause du niveau d'endettement record.
Dans le même ordre d'idées, on aurait tort de s'imaginer que les Canadiens, qui ont bien profité de la forte croissance du secteur immobilier depuis le début de la décennie, ne seront jamais contaminés par la crise qui a durement touché les États-Unis. Si d'aventure le prix des maisons venait à chuter dans la foulée d'une hausse du nombre des sans-emploi, c'est tout le secteur financier canadien, jusqu'ici épargné, qui en subirait le choc.
Scénario pessimiste, certes, mais quand même possible. Rappelons-nous que, il y a quelques mois à peine, la plupart des économistes soutenaient que notre pays serait épargné par la récession autant que par la crise immobilière. Or, équilibre ou pas, les cycles propres à ces secteurs sont récurrents et mondiaux. Avec une hausse prévisible du chômage au cours des prochains mois et le taux d'endettement élevé des ménages, seuls les optimistes obsessifs peuvent encore s'imaginer que l'économie canadienne sera épargnée d'un glissement en phase baissière d'un cycle dans lequel nous sommes déjà engagés de toute façon, comme les données récentes sur le PIB en font foi.
Lorsque les Bourses trébuchent avec autant de force, c'est que les acteurs financiers appréhendent une aggravation de la situation dans le monde de l'économie réelle.
Dans de telles circonstances, il serait normal que les partis politiques qui entrent en campagne électorale placent l'économie au centre de leurs préoccupations et de leurs programmes. Attendons de voir ce qu'ils auront à proposer pour éviter que le pays ne sombre dans une longue léthargie, comme ce fut le cas lors de la dernière récession, au début de la décennie quatre-vingt-dix.


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