Des néo-Québécois en remettent

Québec - pluralité et intégration


LES COMMUNAUTÉS CULTURELLES AU PARTI QUÉBÉCOIS :

Québec - Après trois ans dans l'opposition et un an avec André Boisclair comme chef, le Parti québécois paraît totalement désorganisé dès qu'il est question de la représentation des néo-Québécois.
Quelques militants péquistes issus de l'immigration ont appuyé hier le verdict très dur de Dominique Ollivier et Isabelle Beaulieu, qui ont claqué la porte et démissionné de l'exécutif du parti à la fin du mois de septembre.
"Avec son nouveau chef, le Parti québécois n'est pas aussi bien organisé que le Bloc québécois en ce qui touche les questions des communautés culturelles", a dit May Chiu, militante péquiste de Montréal. Il y a plusieurs semaines, quand elle a manifesté son intérêt à se porter candidate, Mme Chiu s'est fait répondre "qu'il n'y avait plus de circonscriptions de libre à Montréal".
"Je suis prête à aller en région", précise la ressortissante d'origine chinoise, qui avait été approchée par le PQ au début de l'été.
Mme Chiu a été candidate pour le Bloc québécois contre Paul Martin dans LaSalle-Émard aux dernières élections fédérales. "J'avais pris cette circonscription parce que j'étais enceinte et je ne pouvais pas faire une campagne sérieuse. Cette fois j'ai dit au PQ que c'était pour vrai", précise-t-elle.
Gérard Labelle, ex-candidat du Bloc défait de justesse dans Honoré-Mercier, fait le même constat. Ce Montréalais originaire de l'île Maurice avait été pressenti par André Boisclair parce qu'il avait eu un bon score dans Anjou. "Mais ce qui m'intéresse actuellement, c'est de me représenter dans Honoré-Mercier contre Pablo Rodriguez", dit M. Labelle.
"Mme Ollivier a fait une sortie pour souligner que les minorités ne sont pas assez représentées au Parti québécois. Elle a raison. Aux dernières élections québécoises, les minorités visibles n'étaient pas assez représentées", ajoute M. Labelle, confiant que la chose pourra être redressée.
La controverse soulevée par Dominique Ollivier, longtemps responsable du recrutement des néo-Québécois au Bloc québécois, a aussi fait rugir Giuseppe Sciortino, avocat montréalais qui, en dépit de l'appui de Jacques Parizeau, avait été évincé comme candidat péquiste dans Mercier en 1994.
"Le PQ est un parti national sur le plan géographique, il ne l'est pas sur le plan démographique. C'est la vérité pure et qui perdure", écrit M. Sciortino dans une lettre publiée aujourd'hui dans les pages Forum de La Presse. Lui aussi cautionne la lecture de Mmes Ollivier et Beaulieu.
Dans un texte également publié dans les pages Forum, celles-ci répliquent d'ailleurs aujourd'hui à une lettre de l'exécutif du PQ qui soutenait que leur départ était prévisible et qu'elles brillaient par leur absence aux réunions. Elles affirment avoir raté au plus quatre réunions mensuelles en 15 mois. Pendant des mois, elles ont tenté de faire avancer la cause des immigrés au PQ mais, constatant leur impuissance, elles se sont résolues à démissionner.
Le Bloc a fait élire quatre députés issus de l'immigration sur 75 candidats en janvier dernier, le PQ pourra-t-il en faire autant sur 125 circonscriptions? demandent-elles.
"Le Bloc contacte les candidats en avance, offre sérieusement des circonscriptions concrètes... gagnables. Il a une vraie stratégie envers les communautés culturelles", explique Mme Chiu, qui approuve le verdict du tandem Ollivier-Beaulieu. Mme Ollivier avait entrepris le travail pour succéder à Pauline Marois dans Taillon, mais avait été évincée par Marie Malavoy, qui avait l'appui d'André Boisclair.
"Dans Taillon, le PQ aurait pu prendre quelqu'un de plus représentatif de la population. Je suis pour le moins étonnée qu'on donne deux Canadiens anglais comme exemple de représentants issus de l'immigration", ajoute Mme Chiu.
La semaine dernière, La Presse avait publié la lettre de démission de Mmes Ollivier et Beaulieu, dans laquelle elles déploraient en substance que le Parti québécois n'offre que des circonscriptions imprenables à ses candidats d'origine ethnique. En réplique, la présidente du PQ, Monique Richard, avait eu peine à nommer des candidats d'origine étrangère parmi les 30 assemblées déjà tenues au PQ, mais avait finalement montré du doigt Robin Philpot dans Saint-Henri et John Seawell dans Argenteuil, deux Blancs nés au Canada anglais.


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