Des millions de dépliants du camp du NON jetés à la poubelle

Un document qui n'a rien de choquant selon Duceppe

Option Canada - Rapport Grenier - les suites



Bellavance, Joël-Denis - Ottawa - Le gouvernement fédéral donnait de sérieux avertissements aux Québécois quant aux risques de la séparation dans le fameux dépliant qu'il devait envoyer à tous les foyers québécois à quelques mois du référendum de 1995.
Ce dépliant, qui a finalement été déchiqueté parce qu'on le jugeait trop percutant, comprenait aussi une préface signée par l'ancien premier ministre Jean Chrétien.
"Voter pour la "souveraineté", c'est poser un geste radical! C'est voter pour la rupture du pays que vos ancêtres ont fondé, que vos parents vous ont légué, ou que vous avez choisi. La séparation, c'est le saut dans l'inconnu. Jamais les séparatistes n'ont démontré, même avec un minimum de crédibilité, que les Québécois et les Québécoises amélioreraient leur sort en brisant le Canada", peut-on notamment lire dans ce dépliant d'une dizaine de pages.
L'existence de ce dépliant a été révélée par l'ancien fonctionnaire responsable du défunt programme de commandites, Chuck Guité, à l'occasion de son témoignage mercredi devant les membres du comité des comptes publics de la Chambre des communes.
Le dépliant bilingue, imprimé à des millions d'exemplaires, a été détruit après avoir été évalué et vertement critiqué par des groupes de discussion composés de souverainistes et de fédéralistes, a indiqué M. Guité. Ce dernier, convoqué par les députés afin d'expliquer les apparentes contradictions entre les propos qu'il a tenus devant le comité parlementaire en 2004 et devant la commission Gomery en 2005 sur le scandale des commandites, a refusé de répondre aux questions des journalistes après son témoignage.
Dans le dépliant remis aux journalistes hier, on énumère essentiellement les arguments du camp fédéraliste durant la campagne référendaire de 1995, à savoir que le territoire québécois pourrait être morcelé en cas de séparation du reste du Canada, que le Québec ne ferait plus partie de l'ALENA ou du Commonwealth, que l'union économique avec le reste du pays ne serait pas garantie, que les pensions versées aux retraités Québécois seraient menacées et que le Québec croulerait sous le poids des dettes tout en perdant des milliards de dollars en paiements de transfert.
"Où le gouvernement péquiste irait-il chercher les 5,2 milliards de dollars que verse annuellement le gouvernement fédéral en pensions de vieillesse aux retraités du Québec? () Pour réaliser son rêve, le gouvernement péquiste est prêt à compromettre les avantages dont vous bénéficiez au sein du Canada", peut-on y lire.
Aux Communes, hier, le Bloc québécois a utilisé les révélations de M. Guité pour réclamer à nouveau une enquête sur les dépenses effectuées par le gouvernement fédéral en 1995 pour convaincre les Québécois de voter NON au référendum.
Le gouvernement Harper a rejeté catégoriquement cette demande, affirmant que ressasser les choses du passé est une perte de temps.
" Pas de problème avec cela "
Devant les journalistes, le chef bloquiste Gilles Duceppe a indiqué qu'il n'a pas l'intention de lâcher prise. "Nous avons demandé une enquête (pendant des mois) sur les commandites et nous en avons obtenu une en bout de ligne. () Ce n'est pas anodin que de violer les lois québécoises à la hauteur connue d'un demi-million et on ne connaît pas les sommes fédérales", a dit M. Duceppe. Le chef bloquiste ne s'est d'ailleurs pas dit offusqué du ton du dépliant qui n'a jamais été distribué. "Cela fait partie du débat. Je n'ai pas de problème avec cela", a-t-il dit.
Pour sa part, le chef libéral Stéphane Dion a soutenu que le camp du OUI n'a pas dévoilé toutes ses dépenses durant la campagne référendaire. "Ceux qui veulent faire une enquête devrait demander une enquête aussi chez les gens du OUI qui ont énormément dépensé. On n'est pas très sûr si des dépenses qu'ils ont prétendu être faites avant le référendum n'ont pas été plutôt faites durant le référendum. Mais ce que je souhaiterais plutôt, c'est qu'on se convainque de ne pas tenir ce genre de référendum existentiel lorsque la population est très divisée", a dit M. Dion.


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