Réplique à Philippe Navarro

Le coq gaulois et le loup saxon

Option Canada - Rapport Grenier - les suites

Le [texte de Navarro publié dans Le Soleil->7119] (08.06.07) met le doigt sur un thème essentiel qui rend compte de la conduite d’échec de bien des leaders indépendantistes (ou soi-disant tels) depuis des décennies. La raison d’État a ses raisons que la raison ignore. Je me rappelle la très grande majorité de mes collègues de classe à l’école, en avril 1973, qui s’imaginaient que l’indépendance leur tomberait toute cuite dans le bec – l’avenir leur appartenait… Les Québécois devraient se rappeler qu’ils sont entrés deux fois dans le giron anglo-saxon au bout des armes : par la conquête de 1759-1760 et la guerre civile de 1837-1841 – et n’en sortiront (s’ils en sortent) qu’à travers une épreuve et une démonstration de force.
[->6215] La métaphore du poulailler et du renard est par ailleurs bien amusante. Voici une fable publiée dans un journal anglais le 23 février 1849. Je l’ai traduite à la hâte. Elle a été inspirée par la loi d’indemnisation des patriotes rebelles alors en gestation et contient une interprétation condensée de l’histoire du Canada et des rébellions. Je rappelle qu’une heure après que la sanction royale y ait été apportée, le « Government House » sur McGill a été incendié et rasé par des émeutiers, parmi lesquels se trouvaient les membres les plus distingués de notre bourgeoisie, ainsi que des officiers de l’armée en civil.
« Hudson’s Bay and the Polar Regions on the North, the Atlantic on the East, the Pacific on the West, Lakes Michigan, Huron, Superior, Erie, Ontario, St. Lawrence, and the Gulf, on the South, are the vast bounderies of those Provinces of our Sovereign Lady the Queen, formely known as the United Provinces of Upper and Lower Canada. In the former, a loyal race of British origin wield the axe, and push on civilization into the heart of the wilderness ; in the latter, French discontented habitants form the numeral bulk of the population – Troubled times have arisen, and the Gallic cock fluttered its wings to disengage itself from the cage watched over by the British lion. But the loyal and true, the lion-hearted Saxon of the Upper and Lower Province sallied out in defence of the supremacy of their Fatherland ; and rebels were routed before the nerve of true English hands. The Canadian, defeated in rebellions, fled to the East and the West, and, as the wolf that ravages and destroys, a price is fixed on the head of each traitor. The loyal and brave united in honest rejoicings, that the British flag still waved over the vast regions whose geographical bounderies we have slightly sketched. But the rebel and the traitor, it is deemed prudent to conciliate : - the loyal to crush and disgrace on the altar of "expediency". »
La baie d’Hudson et les régions polaires au Nord, l’Atlantique à l’Est, le Pacifique à l’Ouest, les lacs Michigan, Huron, Supérieur, Érié, Ontario, le Saint-Laurent et l’estuaire au Sud, sont les vastes frontières des provinces de notre souveraine dame la Reine, connues précédemment sous le nom de Provinces unies du Haut et du Bas-Canada. Dans la première, une race loyale d’origine britannique a brandi la hache et poussé la civilisation au cœur des forêts ; dans la dernière, des habitants mécontents forment la très grande majorité de la population. Arrivent des temps agités, et le coq gaulois secoue ses ailes pour se déprendre de la cage où le tient le lion britannique. Mais les vrais et loyaux Saxons au cœur de lion du Haut et du Bas-Canada préparent une sortie en vue de défendre la supématie du pays de leurs pères ; et les rebelles, mis en déroute par les mains vaillantes des vrais Anglais. Les Canadiens, défaits lors des rébellions, s’enfuient à l’Est et à l’Ouest, et, tandis que le loup ravage et détruit tout sur son passage, un prix est mis sur la tête de chaque traître. Les braves et loyaux s’unissent dans d’heureuses réjouissances, parce que le drapeau britannique flotte toujours sur les vastes régions que nous avons sommairement esquissées. Mais puisqu’il s’avère plus prudent de se concilier les rebelles et les traîtres – voici donc nos loyaux remis à leur place et disgraciés sur l’autel de ce qui semble « expédient ».

François Deschamps


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