La stratégie du PQ est parfaitement défendable

Reviendrait-on à l’esprit fondateur du PQ ?

Du bon usage de l'ambivalence québécoise

Tribune libre

Reviendrait-on à l’esprit fondateur du PQ d’avant la funeste idéologie référendaire de 1974 : un vote pour le PQ c’est un vote pour l’indépendance ? Il semble bien que oui, mais par des voies détournées (le chemin le plus court entre deux points en effet n’est pas toujours la ligne droite). Un pas en tout cas a été porté dans cette direction, compte tenu du refus de madame Marois, en bonne Normande, de s’engager sur la tenue d’un référendum sur l’indépendance nationale du Québec.
Mais la manœuvre a ceci d’… ‒ ingénu ? déroutant ? sournois ? ‒ qu’en ralliant les purs et durs (qui ne se retrouvent pas tous à QS ou Option nationale) aux hésitants et même aux réfractaires, elle s’avère, dans les faits, sous l’égide de la Charte des valeurs, rassembleuse et inclusive. Tel serait le bon usage de l’ambivalence, qui, parmi les Québécois, semble être la chose au monde la mieux partagée.
De quoi donner cependant l’urticaire aux adversaires fédéralistes dont témoigne le dernier éditorial d’André Pratte (La Presse, 2014/03/08). L’argumentaire de l’éditorialiste est plutôt sinueux. Ayant lui-même voté oui en 1995, il commence d’abord sa plaidoirie en évoquant le spectre des « considérations partisanes », comme si elles n’étaient pas le pain quotidien des médias.
Comme si aussi la tenue d’un référendum à une date convenue comme en Écosse constituait une garantie de neutralité axiologique. C’est là prendre ses désirs pour des réalités. Un simple retour sur la frénésie collective en 1980 autour des Yvettes ou les manigances frauduleuses des libéraux en 1995 qui culmineront avec le scandale des commandites au centre duquel s’est trouvé irrémédiablement compromis le cabinet Chrétien nous en dissuaderait plutôt.
L’idée que se fait Pratte de la transparence démocratique l’amène ainsi à favoriser, comme dans le cas encore une fois de l’Écosse, une question « claire » à laquelle le sourcilleux Stéphane Dion ne disconviendrait pas : pour ou contre l’indépendance.
L’approche cauteleuse de madame Marois rejoint l’esprit du peuple pour qui il est inopportun pour l’instant de mettre à l’avant-plan les questions constitutionnelles. Mieux vaut dégager d’abord « un certain consensus ». Le défi ici consisterait à cibler des dossiers qui militeraient en faveur de la réforme des institutions fédérales au Québec sur une base consensuelle et concordataire. Personne après tout est contre la vertu de pondération. Et quoi de mieux pour mobiliser la population que des sujets concrets de litige pour étayer la démarche réformatrice ?
On pense ici non pas tant au tollé qu’un vote majoritaire au parlement ne manquerait pas de générer « from coast to coast » dans le ROC, mais à l’intransigeance d’Ottawa qui s’obstine à imposer un péage au Pont Champlain au mépris des instances provinciale et municipale. Mais il en existe de nombreux autres qu’un exécutif alerte et entreprenant s’emploierait à étoffer.
Il est possible même de pousser la logique pragmatique d’un cran. À l’encontre de la culture politique que le PQ est parvenue à imposer depuis 1974, la tenue d’un référendum gagnant ne devrait pas permettre d’ouvrir les négociations, mais plutôt de les ratifier en dégageant le plus large consensus possible. La bêtise consisterait plutôt à répéter la même erreur dans l’espoir qu’elle donnerait des résultats positifs.
Bref, le flottement du PQ sur un engagement ferme au sujet de la tenue d’un éventuel référendum est une stratégie parfaitement défendable et sert la cause du Québec, car il s’agit bien en l’occurrence d’un vote virtuel pour l’indépendance. Mais cela, bien entendu, il ne faut pas le dire aux enfants („darfst du den Buben doch nicht sagen“).
Quant au passage du virtuel à l’actuel, c’est en bonne partie une question de navigation où se conjuguent flair, détermination et occasion (toujours « trébuchante » au dire d’Hippocrate). Comme le dit le vieux proverbe : where there’s a will, there’s a way.


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    9 mars 2014

    @ Peter
    Si chaque peuple pouvait balayer son devant de maison, toute la rue serait propre.
    Dans tous les peuples, les sales salissent et les malpropres tolèrent. La rue n’a pas de nationalité, mais les balayeurs en ont tous une…
    C’est dans la nature des sales de salir. Mais les malpropres de gauche comme de droite sont proprement intolérables…

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mars 2014

    2/2
    Une élection « démocratique » bourgeoise est un exercice populiste à laquelle le grand capital astreint ses poulains politiciens une fois de temps en temps, histoire de les départager, savoir lequel est le plus fringant pour tromper le poulailler. Chaque équipe fait le beau au milieu de l’anneau et les médias à la solde, et les « faiseux » d’élection, via des sondages truqués, indiquent aux hésitants lequel ils devraient proclamer grand gagnant – très souvent en alternance bleu-rouge-rouge-bleu –. Les paris sont ouverts, votre flair vaut le mien. De toute façon, soyons clairs, tout ce fatras ne changera rien, et, quel que soit le nom de la mariée, les politiques d’austérité vont continuer.
    Dans une élection normale, une très large partie de l’électorat est déjà attachée à un parti bourgeois ou à un autre. Ainsi, le Parti québécois est assuré de 33 % des voix, même s’il ne faisait pas campagne électorale. Même chose pour le Parti libéral, environ 33 % des voix, la Coalition avenir Québec est garantie de 17 % et le parti de « gauche », Québec Solidaire, est crédité de 2 %, dès le début de la campagne. Ces temps-ci, de moins en moins de salariés se déplacent pour aller voter – tout scrutin confondu – alors vous pouvez penser que chacun de ces pourcentages doit être calculé sur environ 70 pour cent de l’électorat total (restent 4 100 000 électeurs votants). Restent donc 15 % des votants à convaincre de choisir une équipe de menteurs, c’est-à-dire environ 600 000 électeurs à embrigader. Eh oui, mesdames et messieurs, 33 jours de campagne électorale, 80 millions de dollars de dépenses publiques pour convaincre 600 000 Québécois et Québécoises – de choisir ceux qui auront le privilège de mettre la main dans le pot de biscuits pour distribuer quelques miettes à leurs amis et expédier le reste aux banquiers, à quelques rentiers multimillionnaires et aux conseils de direction de quelques multinationales étrangères.
    Mais surtout ayez l’assurance absolue – que Libéral – PQ – CAQ ou Québec Solidaire ce sera du pareil au même; la crise systémique poursuivra ses ravages et, ce que ces ignares ne savaient pas faire avant la consultation, ils ne sauront davantage l’accomplir après l’élection…

    Ce contenu a été publié dans actualites-des-7 par actualites des 7 (R.Bibeau), et marqué avec élections du 7 avril 2014, Québec, une autre élection bidon. Mettez-le en favori avec son permalien.

    Une réflexion au sujet de « Le 7 avril 2014, une autre élection bidon »
    http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-sept-avril-2014-une-autre-election-bidon/

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mars 2014

    C'est bien beau tout cela, mais une fois que le PQ aura terminé son 2e mandat et que le peuple réclamera le retour des libéraux par l'usure du pouvoir (provincial) et le besoin de changement, en quoi cela va-t-il nous donner notre indépendance?
    Il faudra bien qu'un jour ou l'autre on mette un projet de pays sur la table au lieu de toujours tourner en rond avec la même maudite poutine provinciale. On va pas nous faire le coup de la gouvernance souverainiste pendant 3 autres générations.
    Pour cette fois-ci, on va voter PQ sans rouspéter, à cause de la charte. Mais une fois la majorité obtenue, le PQ devra commencer à préparer sérieusement le terrain de l'indépendance. Sinon, ça va râler une fois de plus dans les chaumières souverainistes. Moi le premier. Et beaucoup d'autres aussi. Pour l'instant, on se la ferme et on vote. Mais après l'élection, on va exiger davantage qu'un livre blanc.
    Pierre Cloutier