Des efforts à conjuguer pour le français

Recensement 2006 - Langue française



Faire comprendre la grammaire aux élèves, les mots et leur musique, c'est la clé de la réussite scolaire. Au-delà des enjeux liés à son apprentissage, nous souhaitons léguer aux générations futures la fierté et la passion du français, notre langue, notre identité. Comme commission scolaire francophone la plus importante au Québec, en milieu urbain montréalais, là où le nombre de citoyens parlant le français à la maison diminue de façon préoccupante, nous assumons totalement notre mission et voulons apporter une contribution tangible à la vie en français chez nous et, plus encore, à la pérennité du français à Montréal.
Est-il besoin de référer à La grammaire est une chanson douce, de l'écrivain Erik Orsenna, pour comprendre que «la grammaire des mots et celle de la musique se ressemblent»? Les enseignants le savent mieux que quiconque. Transmettre cet amour des mots et de la langue est un de leurs défis quotidiens. Nous saluons leur persévérance et partageons leur passion. D'ailleurs, bien avant que ne s'engage le récent débat sur l'apprentissage du français au Québec, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) s'affairait à préparer un important projet: mobiliser ses enseignants autour de la qualité du français.
C'est en raison du rôle de passeurs de culture des enseignants que la CSDM mise sur leur expertise ainsi que sur leur capacité à trouver des solutions aux problématiques auxquelles ils font face. Ce sont eux qui, quotidiennement, travaillent avec les élèves et sont témoins de leurs lacunes et de leurs forces, des lacunes et des forces de nos approches pédagogiques. C'est aussi grâce à eux que nombre d'élèves motivés ont développé le goût de la lecture ou de l'écriture. Mais devant l'importance de la maîtrise du français dans toutes les matières, il faut donner la piqûre des mots à plus d'élèves encore, en particulier aux garçons.
Ce débat appartient à ceux qui enseignent le français et qui font l'école. Il est temps qu'ils aient la parole et qu'ils occupent l'avant-scène. On a vu trop de ces gens qui méconnaissent l'école s'improviser experts sans apporter quoi que ce soit de concret ou, minimalement, de constructif. Pour faire évoluer l'apprentissage du français, tous devront conjuguer leurs efforts.
Quand «consultation» rime avec «action»
À la CSDM, l'apprentissage du français est bien davantage qu'une priorité: c'est notre lieu commun. Si nos élèves ont la chance d'étudier dans une métropole francophone où se côtoient des dizaines de cultures différentes plus riches les unes que les autres, il est d'autant plus important de veiller à ce que l'apprentissage de la langue française, langue publique commune souhaitée, réponde aux besoins de tous, des immigrants comme des Québécois dits de souche. Or, comme l'indique l'étude récente du Centre international pour l'évaluation des apprentissages scolaires (CIEAS), c'est au Québec que le niveau de lecture des familles est le plus bas, tous milieux confondus.
Le 14 novembre dernier, le conseil des commissaires de la CSDM a décidé d'organiser une grande consultation auprès de tous ses enseignants, y compris ceux en classes d'accueil. Le but? Les entendre réagir à un plan d'action portant sur l'amélioration de l'enseignement du français et recueillir leurs suggestions. Le principal objectif de ce plan consiste à rehausser les habiletés en lecture et en écriture des élèves, du préscolaire jusqu'au terme de leur parcours scolaire, que celui-ci prenne fin au secondaire, à la formation professionnelle ou à l'éducation des adultes. Le plan soumis comportera plusieurs axes, dont des activités d'éveil à la lecture et des stratégies pour en guider l'apprentissage. [...]
Étant donné le lien reconnu par les recherches entre le succès précoce en lecture et le succès scolaire ultérieur ainsi que celui dans les autres disciplines, il nous faut élaborer de nouveaux outils qui faciliteront la pratique pédagogique quotidienne des enseignants. À titre d'exemple, que faire pour les nombreux élèves du primaire qui perdent leurs repères une fois entrés au secondaire? Peut-on penser organiser des sessions conjointes de travail avec des enseignants du dernier cycle du primaire et du premier cycle du secondaire afin de faciliter la transition? Mettre sur pied des activités institutionnelles de promotion et d'amélioration du français oral et écrit? Donner accès à plus de dictionnaires et de grammaires? Jumeler des bibliothèques scolaires, des bibliothèques municipales et des bibliothèques virtuelles?
Créer un groupe de travail rapprochant les cégeps et la CSDM afin de trouver des moyens de réduire les écarts en français observés à l'arrivée au collégial? Réfléchir sur la formation initiale des enseignants à l'université? Ce sont autant de discussions qui ont présentement cours à la CSDM pour élaborer des modèles prometteurs ou conserver des moyens qui ont fait leurs preuves, comme la dictée...
L'avenir est loin d'être simple. C'est pourquoi nous voulons conjuguer nos efforts à ceux de toute une communauté éducative et faire en sorte que le plan d'action ait des répercussions positives sur l'apprentissage du français dans nos établissements scolaires. C'est un défi que l'école publique, particulièrement, doit relever. Le bon sens des uns et l'expertise des autres devraient très certainement donner de bons résultats... scolaires.
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Diane De Courcy, Présidente de la Commission scolaire de Montréal
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