Le 11 février, à l’émission de Radio-Canada intitulée La Fosse aux Lionnes, Renée-Claude Brazeau expliquait qu’elle avait choisi de faire entendre des chansons anglaises durant les épisodes de La Galère parce que les spectateurs-auditeurs n’écoutaient pas les paroles des chansons anglaises et qu’ils pouvaient ainsi vivre plus intensément les émotions véhiculées par l’image. Des paroles en français auraient pu les distraire, selon elle. Doit-on comprendre que les paroles des chansons en anglais que l’on a choisies ne sont pas importantes et qu’elles n’ont aucun lien avec les événements qu’elles accompagnent? Si ces paroles ne sont pas importantes, pourquoi alors ne pas utiliser que de la musique? Ce que madame Brazeau n’a pas compris, c’est qu’en choisissant des chansons en anglais, elle pose un geste politique.
Au Québec, l’anglais n’est pas une langue comme une autre. N’ayons pas peur des mots : c’est la langue qui menace le français et qui risque de le faire disparaître. L’anglais et le français se livrent, à Montréal particulièrement, une lutte de tous les instants, une lutte à finir. Ce que l’un gagne, l’autre le perd. Mais c’est une lutte inégale. Le français est en perte de vitesse à Montréal et le reste du Québec suivra bientôt. Son geste n’est donc pas anodin, il s’ajoute à tous ceux ( et je vous dispense de la liste parce qu’elle serait trop longue) qui jour après jour bafouent et font reculer le français au Québec.
Quand on choisit des chansons en anglais dans des séries comme La Galère, Aveux, Les Invincibles ou à l’émission Tout le monde en parle, ce n’est pas sans conséquences : on choisit de faire reculer le français au Québec. Je sais que l’anglais est la langue de la mondialisation, la langue internationale et que la plupart des peuples l’utilisent maintenant dans leurs communications. Même nos cousins les Français. Mais je pense qu’au Québec la télévision et ceux qui la font ont le devoir et la responsabilité de protéger notre langue si fragile et si menacée en Amérique du Nord. Ils doivent la valoriser et surtout l’utiliser dans toutes les circonstances. Ils doivent encourager les auteurs francophones et diffuser leurs chansons. Le faire ou ne pas le faire constituent un choix politique.
Madame Brazeau a aussi affirmé qu’elle comprend la grogne de ceux qui ont critiqué son choix. Bravo! C’est un premier pas dans la bonne direction, il démontre sa bonne foi. Le français constitue l’outil de travail de madame Brazeau : elle participe déjà ainsi à l’épanouissement de notre langue nationale. Il lui faut maintenant pousser un peu plus loin la réflexion. Nous verrons dans la prochaine saison de La Galère si elle a bien saisi l’importance de la télévision et du travail qu’elle y fait dans l’épanouissement et la sauvegarde du français au Québec.
Claude Bachand
_ Laval
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