Des baisses inefficaces

Crise politique canadian


S'il veut vraiment stimuler l'économie, le ministre canadien des Finances doit renoncer à consentir des baisses additionnelles d'impôt à court terme. Jim Flaherty a mieux à faire pour son prochain budget.
Pas besoin de rapports de spécialistes pour comprendre que des réductions d'impôt ne répondraient pas aux besoins du moment. Pas à une époque où le sentiment dominant est à l'inquiétude.
Ces baisses serviraient bien peu à relancer la consommation, surtout si elles étaient généralisées.
Chacun d'entre nous est bien placé pour comprendre que la plupart des personnes bénéficiant déjà de bons revenus auraient le réflexe d'épargner davantage. Et que bien des citoyens aux prises avec un inquiétant taux d'endettement en profiteraient pour réduire leurs dettes.
Ces attitudes seraient tout à fait responsables. Mais elles ne favoriseraient pas vraiment la relance.
D'autant que les achats supplémentaires qui pourraient être réalisés - il y en aurait tout de même - concerneraient en bonne partie des produits manufacturés à l'extérieur du Canada.
Dans le contexte actuel, M. Flaherty doit d'abord songer aux chômeurs et aux nombreux travailleurs et employés dont les revenus sont faibles ou modestes.
Il doit faire en sorte que ce soit le revenu disponible de ces personnes qui augmente. Ce sont elles qui sont les plus susceptibles de consommer davantage. Ce sont elles qui ont les plus grands besoins immédiats.
S'il veut vraiment stimuler l'économie avec le budget qu'il présentera le 27 janvier, le ministre des Finances devra bonifier l'assurance-emploi. Par exemple, en améliorant l'accessibilité au régime, en augmentant le taux de prestations ou encore en abolissant le délai de carence.
Pour les travailleurs à petit salaire, il devra bonifier le crédit pour la TPS. Ce crédit est un paiement trimestriel non remboursable. Il aide les particuliers et les familles dont les revenus sont faibles ou modestes à récupérer une partie de cette taxe.
Voilà deux mesures qui auraient un plus grand impact sur la consommation à court terme que des baisses générales d'impôt, lesquelles seraient de toute façon bien peu significatives une fois réparties entre les contribuables.
Ce qui est vrai chez nous l'est aussi aux États-Unis, où 300 des 800 milliards $ du plan de relance de Barack Obama doivent être consacrés à des baisses d'impôt. Là encore, l'efficacité de la mesure est plus que douteuse.
D'autant que, selon ce qui est prévu jusqu'ici, ces réductions iraient en partie dans les poches de contribuables qui, à l'évidence, n'en ont pas besoin. Elles seraient en effet accordées à tous ceux qui gagnent jusqu'à 200 000 $ par année.
Or, ce ne sont pas ceux qui gagnent entre 175 000 $ et 200 000 $ qui stimuleront le plus la consommation, qui a dramatiquement chuté chez nos voisins. Ils peuvent déjà le faire.
Le président George W. Bush a consenti de colossales réductions d'impôt durant ses deux mandats. Il l'a fait en 2001, ainsi qu'en février dernier sans qu'on puisse cette fois en voir le bénéfice macro-économique.
Les 168 milliards $ accordés en début d'année l'ont même été en pure perte à en juger par l'état de l'économie.
Aux États-Unis comme ici, des mesures ciblées vers les ménages modestes seraient plus efficaces pour stimuler la demande à court terme.
C'est la même chose pour les secteurs industriels, où il vaut mieux cibler que distribuer largement.
Les investissements que le gouvernement Harper et l'administration Obama lanceront dans les infrastructures soulèvent moins d'inquiétudes. Ils devraient stimuler l'emploi, ainsi que la demande en matériaux de toutes sortes. Donc, contribuer à la relance dont nous avons besoin.


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