Denis Coderre, l’opportunisme de réserve

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Les mauvaises fréquentations de notoriété publique

L’opportunisme de cet élu de grands médias me laisse aussi perplexe que la réserve d’un homme qui se définit pourtant comme visionnaire et trait d’union. Le seul fait d’une annonce portant (après suspense) sur la candidature elle-même au lieu d’une proposition de projet collectif, suffit à l’exprimer.
Ou pour croire que par cette irruption «très pressentie», Denis Coderre vise essentiellement à se promouvoir lui-même. Cela, au risque de se méprendre sur les enjeux locaux, de restreindre la teneur de la participation publique comme celle des problèmes admis à la préoccupation publique.
Bien sûr, le sport et les ajustements pragmatiques fédèrent les allégeances à gros traits, à défaut d’une proposition intégratrice des agents socio-économiques et des institutions citoyennes qui soit assez fine : le personnage parle bien de gouvernance réservée d’un fournisseur de service plutôt que de parlementarisme.
Mais comme préfet, l’ancien président du Conseil privé n’a pas consacré sa vie à penser des problèmes urbains, ou de la complexité d’une ville comme Montréal. Qu’il s’agisse de l’intégration de la manufacture, de la culture et de l’agriculture, de médiation culturelle ou encore, de l’effet du capitalisme financiarisé sur l’usage du travail, des soins et du logement.
Et puisque la ville « pragmatique » est faite de logements, de voies publiques et de liens sociaux, il faudra savoir ce que pense M. Coderre des valeurs foncières factices, de l’importation d’automobiles par les infrastructures qui l’obligent, et de l’économie de proximité. Ces thèmes qui opposent fortement les classes sociales opposent également notre enrichissement à notre divertissement collectif. Ils se posent et se jouent politiquement, dans la localité.
D’autre part, voudrons-nous savoir ce que pense M. Coderre de l’héritage du maire Tremblay dont il s’offre en continuité ; par exemple des synergies industrielles ou de l’Office de consultation publique. Ou même, du détournement de l’aménagement et de la production du territoire par les firmes de construction et de génie-conseil. Notre préfet virtuel fut peu loquace à cet égard. Et cela, pour cause.
De notoriété publique
Il est de notoriété publique que la carrière politique de Denis Coderre fut soutenue financièrement par Infrabec de Lino Zambito, Construction Catcan de Tony Catania, Giuseppe Borselino ou encore, Donato Tomassi lequel affirmait qu’il fut normal que l’administration publique retourne les faveurs consenties . En ce sens, il me semblerait nécessaire de connaître les motifs de l’incursion tardive et de la réserve de M. Coderre ; de connaître la nature des alliances et garanties obtenues pendant le moment de « réflexion » précédant sa campagne.
Dans la même veine, il est tentant d’alléguer le peu d’intérêt du public pour la politique (municipale) quand celle-ci devient une arène sportive au lieu d’un projet collectif orientant le vivre ensemble. La désaffection des institutions démocratiques est un projet latent de la grande famille libérale ; les maires Gilles Vaillancourt et Régis Labaume en ont été les représentants élus (sans opposition).
Mais avec ce que révèle la commission Charbonneau, on se pincerait d’avoir élu un autre membre de cette famille. Membre qui, le 2 novembre 2012, déclarait à La Presse « avoir été surpris d’apprendre les allégations qui éclaboussent certaines personnes qui ont fait des dons à son association libérale de Bourassa » ; et même surpris d’apprendre le nom d’un témoin (qu’il appelle par son prénom) ayant contribué à son association. Quand même !
Si la transparence et la consécration conduisent à l’honnêteté, il faut se demander si le défilement passager d’une personnalité présage d’une consécration très claire au bien public. J’en doute énormément.

Louis Bourque - Montréal


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