De récents événements qui éclaboussent le monde politique ont de quoi déprimer grandement quiconque s’intéresse au bien commun. Des histoires démoralisantes qui ne font qu’en éveiller d’autres que l’on tentait d’oublier.
Apprendre que les contribuables québécois financent, par leurs taxes et impôts, les activités somptuaires de personnes qui gravitent autour des pouvoirs publics, n’est pas une nouvelle. S’apercevoir que la collusion entre des entrepreneurs et les décideurs politiques est érigée en système, comme l’ont démontré les dernières enquêtes journalistiques, répugne cependant.
Surtout que Québec ne nage pas dans les surplus budgétaires, alors que son ministre des Finances, Raymond Bachand, s’apprête à annoncer aux Québécois que le déficit du présent exercice budgétaire atteindra près de dix milliards de dollars, alors que son gouvernement l’estimait plutôt à environ 12, au terme du mandat libéral!
Comment conserver son calme, alors que des villes à l’administration corrompue, comme Montréal, crient famine et demandent davantage du gouvernement Charest? Impossible de croire hors de tout doute que les prochains deniers publics aboutiront aux bons endroits. Idem pour les milliards dont se sert présentement l’État québécois pour financer les nombreux travaux d’infrastructures. Ils étaient déjà plusieurs à s’inquiéter, au lendemain du dépôt du rapport de la Commission Johnson, au sujet de la capacité du gouvernement de bien surveiller la multitude de chantiers qui pullulent maintenant sur le territoire québécois. Les contremaîtres dénichés sont-ils en effet en nombre suffisants pour inspecter adéquatement la qualité des travaux? Surtout, a-t-on bien vérifié leur intégrité?
Tous ces montants perdus, détournés dans les poches de gens qui nagent dans l’argent sale depuis longtemps, privent d’honnêtes travailleurs du secteur public d’un salaire décent. Les infirmières, elles qui vont devoir mettre les bouchées doubles sous peu avec la pandémie qui se prépare, pourraient assurément jouir d’un traitement digne de leurs efforts, si la société civile payait le vrai prix des projets financés par des fonds publics. Les sommes économisées serviraient effectivement à bonifier leurs honoraires. Une réalité qui donne la nausée.
Pas étonnant que le taux de participation de l’électorat québécois baisse progressivement, d’une élection à l’autre. Le désabusement des gens est fondé, puisqu’ils ont perdu espoir de voir leurs institutions politiques entreprendre un réel nettoyage de l’environnement politique, qu’il soit municipal, québécois ou canadian, puisqu’il faut encore endurer ce dernier.
Ainsi, il était navrant de voir les 15 000 membres de l’Action démocratique participer à hauteur de 30%, pour choisir leur nouveau chef, Gilles Taillon. Surtout que ces derniers n’avaient à se déplacer nulle part, puisque l’exercice électif était téléphonique! Pire : les adéquistes disposaient de 48 heures, soit toute la fin de semaine dernière, pour exercer leur droit démocratique! Voilà qui n’augure rien de bon pour la suite des choses, pour la vitalité politique québécoise. Comment motiver maintenant ce vote nationaliste?
Peut-être est-ce la découverte des supporteurs de l’ADQ du supplément annuel que touchait le chef sortant, alors qu’il dirigeait l’Opposition officielle à Québec? Ce boni pécuniaire qu’empochait secrètement Mario Dumont, avant qu’il ne soit forcé de le dévoiler publiquement, en a déçu plus d’un. C’est que l’ancien dirigeant de l’Action démocratique a toujours dénoncé la manière traditionnelle des « vieux partis » de se comporter… Cette douche d’eau froide adéquiste explique peut-être partiellement le peu d’engouement qui touche présentement les troupes de cette frêle formation.
L’aveu de l’ex-député de la circonscription de Rivière-du-Loup faisait suite, rappelons-le, à une révélation troublante émise par une source journalistique, résultat d’une autre enquête minutieuse. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, reçoit de son parti, en plus du salaire rattaché à sa fonction, une somme de 75 000$ annuellement. Certes le chef du PLQ n’a pas nié jouir de cette généreuse prime, lorsque démasqué. Il a même acquiescé avec cette désinvolture qui le caractérise si bien. La même impertinence qu’il affiche, lorsqu’un de ses ministres bafoue les règles d’éthique politique, celles que son gouvernement met à mal au point de convaincre la population de regarder ailleurs, parce que trop écœurée par ce relent de corruption qui ne semble pas vouloir quitter l’Assemblée nationale.
On ne peut cependant fermer les yeux sur ce financement bassement banalisée par le chef de l’État québécois. Qui verse en effet cet argent au Parti libéral? Peut-on vraiment être certain que ces dons sont exempts de toutes obligations de retourner éventuellement l’ascenseur à ceux qui les ont versés? Voilà une énigme intolérable, à la lumière des scandales qui affligent la métropole du Québec. Insupportable d’autant plus que Québec fait pleuvoir, faut-il le répéter, des milliards sur son territoire pour l’entretien de ses infrastructures, exactement le genre de situation qui permet aux escrocs de s’en mettre plein les poches.
Aux fédéralistes qui jubilent parce qu’ils trouvent dans ces sombres histoires matière à prouver qu’il faut protéger les Québécois d’eux-mêmes par le biais de la tutelle fédérale, il faut leur souligner que le Québec n’a pas le monopole des magouilles. L’Ontario a vu en effet son ministre de la Santé démissionner, il y a environ deux semaines.
L’implantation du cyber-réseau de données médicales qu’il pilotait, entre les hôpitaux de cette province, a coûté aux contribuables ontariens la coquette somme de 1.2 milliard de dollars. Une facture qui a explosé parce que des sommes ont abouti dans les poches de proches de l’élu et autres parents intéressés.
Plus près de nous, jamais aura-t-on vu un premier ministre, dans l’histoire récente du Québec, se rire ouvertement des apparences de conflits d’intérêts qui éclaboussent son administration dont lui-même. L’homme a menti aussi effrontément à la population, afin d’assurer sa réélection, l’automne dernier. Il y a de quoi profondément désespérer, face à ces Québécois si nombreux qui semblent avoir lancé la serviette, convaincus que rien ne peut dorénavant changer dans les mœurs politiques du Québec. Comment leur en vouloir néanmoins, lorsque le principal intéressé refuse d’instituer une enquête publique? Jean Charest doit être tenu responsable de cette démission démocratique.
Patrice Boileau
Carignan, le 20 octobre 2009
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