Cap sur l’indépendance…

Dans cinq ans !

Notre objectif devrait donc être le suivant : « Que le Québec devienne indépendant d’ici au 24 juin 2015 »

Chronique de Richard Le Hir

Oui, oui. Dans cinq ans. Ceux qui ont lu les premiers chapitres de mon feuilleton de politique fiction sur l’indépendance, (Les bâtisseurs de l’An I) ont remarqué que le prochain référendum aurait lieu le lundi 23 juin 201…, le dernier chiffre de l’année étant laissé dans le vague. Ceux qui se sont donnés la peine de vérifier sur leur ordinateur en quelle année le 23 juin tomberait un lundi dans un proche avenir savent que ce sera en 2014. Rajoutons une année pour faire l’indépendance, et nous arrivons au 24 juin 2015.
Mais, me direz-vous, d’où me vient une si belle assurance ? Tout simplement de l’observation de la situation, autant à l’extérieur du Québec qu’au Québec même.
Avec la crise financière et l’effondrement de la puissance américaine, nous sommes entrés dans une phase de mutation à l’échelle mondiale. Ni le Canada ni le Québec n’y échapperont. La crise financière vient d’entrer dans une nouvelle phase dont le Canada sortira encore plus affaibli. Sa capacité de maintenir son système de paiements de transfert et de péréquation à un niveau significatif va être remise en question dans un avenir prochain. Exit le fédéralisme rentable.
Au Québec même, nous assistons aux derniers jours d’un gouvernement discrédité comme rarement nous en avons connu. Il finira par tomber et sera remplacé par un autre. Il se peut que ce soit encore un gouvernement du PLQ pendant quelques mois. Mais le PLQ est désormais si miné par les soupçons qui pèsent quant à ses liens avec la mafia qu’il sera incapable de se renouveler à temps pour les prochaines élections générales et qu’il risque même d’être englouti à jamais.
Quant aux chances qu’un nouveau parti dirigé par François Legault ou quelqu’un d’autre puisse émerger d’ici là et s’imposer devant le Parti Québécois, elles sont nulles. D’une part, les Québécois se rendront rapidement compte que ce nouveau parti ne pourrait jamais être qu’une nouvelle mouture de l’ADQ, et d’autre part, ils comprendront dès les prochains mois que l’agenda conservateur de ce nouveau parti, notamment en matière fiscale, ne correspond pas du tout aux exigences posées par la nouvelle réalité économique.
On pourrait rajouter à ce tableau une multitude d’autres facteurs qui pèseront dans la balance, comme la tenue d’une enquête publique sur la corruption dans l’industrie de la construction et ses liens avec le financement des partis politiques, le développement de nos richesses naturelles (gaz de schistes, pétrole, eau, forêts, ressources minières), les enjeux environnementaux, les enjeux de politique étrangère du Canada, etc., mais curieusement – et heureusement – ils jouent tous dans le sens que nous souhaitons ici sur Vigile.
Comme je m’échine à le répéter ici depuis maintenant huit mois, jamais la conjoncture n’a été meilleure. Il semble que d’autres que moi en soient également venus à cette conclusion, comme en témoignent les efforts de mobilisation présentement en cours et dont quelques uns sont sur le point d’aboutir, comme nous l’annonçait ici même il y a quelques jours Gilbert Paquette.
Dans une entrevue qu’il donnait cette semaine à Radio-Canada dans le contexte du quinzième anniversaire du référendum de 1995, Jacques Parizeau, dont on n’a jamais pu mettre en doute l’engagement envers l’indépendance malgré ses erreurs, déclarait qu’il fallait désormais passer du stade du rêve à celui de projet.
J’irai même plus loin. Il faut faire de l’indépendance notre objectif, au sens où l’on entend ce terme en gestion. En effet, en gestion, un objectif doit être précis, mesurable ou quantifiable, réaliste et réalisable, et en phase avec une situation ou une conjoncture. Et puis, un objectif, ça concentre l’esprit et les efforts.
Notre objectif devrait donc être le suivant : « Que le Québec devienne indépendant d’ici au 24 juin 2015 ». Difficile d’être plus précis, plus mesurable, plus réaliste et réalisable, et plus en phase avec la conjoncture. Bien sûr que ce sera difficile, malgré tous les facteurs qui nous favorisent. Mais ce qui est facile ne vaut rien. L’indépendance, elle, n’a pas de prix.
Reste maintenant à définir des stratégies et élaborer un plan.


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 octobre 2010

    Il est évident que dans un référendum ou une élection,les anglophones et une forte majorité d’allophones voteront contre l’indépendance.
    «We don't want to be ruled by the natives»
    La douleur,comme en 1995,c’est la grande quantité de francophones qui votent contre l’arrivée du pays Québec.Le produit a été mal vendu en 1995 sur l’ensemble du territoire.
    Depuis la publication du plan Marois le PQ n’est pas perçu comme un parti indépendantiste.Son congrès du printemps 2011 n’y changera rien.
    Le produit indépendance est encore un prototype de labo.Possiblement,ce sera pour après 2017 et on ne peut pas encore dire qui sera le vendeur.
    D’ici là Marois et Duceppe auront pris leur retraite.
    Sources principales ; Gilbert Paquette,Président des intellectuels pour la souveraineté (IPSO),auteur sur Vigile.net et le blogue de Joseph Facal

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2010

    Portrait de ce que pourrait être l'arrivée du pays Québec.
    http://espace.canoe.ca/jptellier/blog/view/273782

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2010

    Du deux pour une indépendance.
    http://www.ledevoir.com/images_galerie/1_68294/les-revenants.jpg
    http://ygreck.typepad.com/.a/6a00d8341c5dd653ef0133f56f9576970b-800wi

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    29 octobre 2010

    @ Perplexe:
    Eh bien, c'est simple: les immigrants, devraient être définis comme appartenant à l'autre nation, soit la canadienne, et ne pas avoir droit de vote, dans le cadre de ce troisième référendum, afin que nous ne nous faisions pas voler notre projet de pays pour notre nation, par des gens venus d'ailleurs, qui pour la plupart, considèrent qu'ils ont strictement immigré au Canada. Et souvent, n'ont rien à faire, des préoccupations de notre propre nation.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    Tous unis à une locomotive.
    http://mediamanager.oc3.generationflash.com/client_utils/_resize_picture_portal.php?member=cp&w=581&h=392&img=051_8532_205015.jpg
    http://mediamanager.oc3.generationflash.com/client_utils/_resize_picture_portal.php?member=cp&w=581&h=392&img=051_8532_205014.jpg

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    28 octobre 2010

    Les infiltrés et le piège d’un autre référendum
    Les stratégies ‘’nécessaires’’ pour arriver à faire du Québec un pays indépendant ne le seront pas la prochaine fois, évitant ainsi que les infiltrés de tout acabit et les agents d’Ottawa qui travaillent dans l’appareil de l’État québécois puissent saboter un nouveau référendum. En d’autres mots, il faut faire l’indépendance sans tomber dans leur piège.
    JLP

  • @ Richard Le Hir Répondre

    28 octobre 2010

    Réponse @ Héléna
    Vous semblez surprise qu'il faille remettre nos stratégies et nos plans à jour. Pourtant, rien de plus normal. Le dernier référendum est survenu il y a quinze ans. La conjoncture n'est plus la même. Les stratégies et les plans sont toujours fonction de la situation. Il faut donc refaire l'exercice. Certaines choses pourront servir, d'autres non. Au final, il faudra que les stratégies et les plans qui nous mèneront à l'indépendance s'adaptent le plus parfaitement possible au défi tel qu'il se présente aujourd'hui. Autrement, nous perdons notre temps.
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    Un projet ? Incroyable ! Monsieur Parizeau dit qu'on doit cesser de rêver à l'Indépendance du Québec et s'atteler au projet de l'indépendance. Je ne comprends vraiment pas...En 1995, c'était un rêve ou un projet ? Ou un grand élan vers l'objectif « Indépendance » que nous avons presque atteint n'eut été l'agression sournoise des fédéralistes ?
    Ne semble t-il pas qu’un projet demeure toujours dans l’intention? On fait un projet et si jamais ça passe, tant mieux ! Une intention qui prend des allures d’une interminable prolongation.
    Je suis d’accord avec Monsieur Laurence : l’objectif commande l’action. Immédiate. C’est le combat engagé. Ne me dites pas qu’il n’existe pas encore de stratégie ? Une d’urgence, au moins. Ni plan ni stratégie ?
    Sommes-nous les descendants de Pierre Le Moyne d’Iberville ou de naïfs ricaneux ? (Chatouille-moé où ça pique que je rille!) Je ne peux pas croire !

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    M.Parizeau passe le flambeau de l’indépendance à M.Duceppe.
    Réaction de Pauline Marois
    http://ygreck.typepad.com/.a/6a00d8341c5dd653ef0133f56913c0970b-800wi

  • @ Richard Le Hir Répondre

    28 octobre 2010

    Réponse @ Perplexe
    J'ai déjà eu l'occasion de répondre à un article paru au cours des deux dernières semaines qui soulevait soulevait justement votre question que la force des précédents que nous avons nous-mêmes créés en 1980, en 1993 et en 1995 nous contraindrait à tenir un autre référendum sauf au risque de ne pas obtenir rapidement la reconnaissance de notre démarche par la communauté internationale. Le Québec n'est pas exactement le Kosovo et ne pourrait pas se permettre d'attendre cette reconnaissance très longtemps sans que cela ne le pénalise.
    Richard Le Hir

  • Caroline Moreno Répondre

    28 octobre 2010

    Vous parlez de faire un référendum et non l'indépendance.
    En 1995 on nous le volait. Les immigrants votaient à 95% contre notre projet. Ils ont été 500 000 a être accueillis au Québec depuis lors. Montréal est une ville anglaise. Faites vos calculs.
    La voie à privilégier est une déclaration d'indépendance.

  • Michel Laurence Répondre

    28 octobre 2010

    Il y a aussi :
    Pour se battre, il faut être debout ! - «…Le pays ne peut plus être un projet ! Nous devons en faire notre objectif, notre but; nous devons planifier toutes nos actions dans l’atteinte de cet objectif. » (29 juillet 2010)
    http://bit.ly/aOqBIf
    Pourquoi une action politique à l’extérieur des partis ? - « …Le pays doit cesser d’être un rêve ou un projet pour devenir un OBJECTIF ! » (27 mai 2010)
    http://bit.ly/aHaboc

  • Michel Laurence Répondre

    28 octobre 2010

    Merci Monsieur Le Hir de reprendre mes propos et ceux du R.I.N.
    26 septembre 2010 - Le logo du R.I.N.
    Voici le logo du R.I.N. - Trois lettres, une renaissance qui constitue un clin d'oeil à l'histoire et qui a valeur de symbole : on reprend la lutte juste avant que le R.I.N. ne se transforme en parti politique.
    Voici le R.I.N., mouvement citoyen, et qui le restera.
    Le point sur le I nous rappelle d'où on vient.
    Notre indépendance, ce n'est pas un vague projet de pays et encore moins une discussion sur un pays de projets : l’indépendance du Québec est notre OBJECTIF !
    http://bit.ly/bPHxAf