Le Canada doit ouvrir ses portes aux réfugiés rohingyas qui fuient les persécutions en Birmanie (aussi appelé Myanmar), propose l’envoyé spécial du gouvernement fédéral, Bob Rae, dans son rapport final déposé mardi matin.
«Le Canada devrait faire savoir qu’il est prêt à accueillir des réfugiés de la communauté des Rohingyas provenant du Bangladesh comme du Myanmar, et il devrait encourager la discussion entre pays aux vues similaires pour qu’ils emboîtent le pas», suggère l’ancien député libéral.
Bob Rae, qui s’est rendu deux fois dans la région depuis l’automne, ne précise pas combien de réfugiés devraient être pris en charge par le gouvernement fédéral. Malgré la relocalisation proposée de certains Rohingyas, le Canada doit continuer d’insister pour un retour sécuritaire en Birmanie des personnes déplacées, selon lui.
En octobre dernier, Ottawa l’a chargé de participer aux efforts diplomatiques et de formuler des recommandations face à la situation qualifiée de «nettoyage ethnique» par les Nations unies.
Plus de 671 000 Rohingyas, une minorité musulmane de l’État de Rakhine, ont fui la répression des forces militaires et de la majorité bouddhiste en Birmanie depuis août 2017 afin de se réfugier au Bangladesh.
Accroître l’aide humanitaire
Parmi dix-sept recommandations, Bob Rae presse également le Canada d’intensifier ses efforts humanitaires.
«La réponse du Canada devrait être centrée sur l’aide humanitaire, l’éducation, le soutien aux infrastructures et l’atténuation des répercussions de leur déportation violente sur les femmes et les filles rohingyas», formule-t-il.
L’envoyé spécial estime à 150 millions $ par année sur quatre ans l’investissement nécessaire. Ce plan d’aide s’appliquerait autant en Birmanie qu’au Bangladesh, et ce sans égard à l’origine ethnique. Les populations locales des deux côtés de la frontière ont elles aussi été fortement éprouvées par la crise, rappelle le document.
Le Canada a déjà offert plus de 45 millions $ pour venir en aide à des organismes humanitaires dans la région, dont 8 millions $ annoncés en mars en vue des problèmes sanitaires prévus durant la période des pluies.
Enquête et sanctions économiques
Afin de «mettre fin à l’impunité» face aux persécutions, M. Rae appelle à la mise sur pied d’un processus d’enquête en collaboration avec d’autres pays «aux vues similaires» au sein des Nations unies. Les éléments de preuve recueillis pourraient éventuellement être envoyés devant la Cour pénale internationale, avance-t-il.
Toute personne ou organisation ayant joué un rôle dans des violations du droit international humanitaire devrait faire l’objet de sanctions économiques, ajoute l’ex-premier ministre de l’Ontario.
Il recommande que l’enjeu des Rohingyas fasse l’objet de discussions au cours de la rencontre des chefs de gouvernement du Commonwealth au Royaume-Uni, en avril, ainsi que durant la réunion des leaders du G7 dans Charlevoix, en juin.