Concert de critiques contre le rachat du pipeline Trans Mountain

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Une décision qui ne passe pas

Outrés par la décision fédérale de racheter le controversé pipeline Trans Mountain au prix de 4,5 milliards $, partis politiques et groupes de pression ont dénoncé mardi un gaspillage de fonds publics qui laisse beaucoup de questions en suspens.


«Le premier ministre oblige les contribuables à payer pour ses échecs, s’est désolé le chef conservateur, Andrew Scheer. Pire encore, il nationalise un pipeline, et il ne peut même pas dire le coût total aux Canadiens.»


Le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé mardi qu’Ottawa achètera l’oléoduc de Kinder Morgan ainsi que les infrastructures liées à son agrandissement. Puisque l’entente doit être finalisée en août, le fédéral financera d’ici là le début des travaux de construction.


M. Morneau a refusé de dévoiler le coût total de l’opération. Selon lui, il n’y aura aucun impact fiscal pour les Canadiens, car le fédéral compte revendre le pipeline au secteur privé à court ou moyen terme.


De concert avec la Fédération canadienne des contribuables et l’Institut économique de Montréal, l’opposition officielle juge que le gouvernement envoie un message qui découragera les investissements privés au pays.


Indignation québécoise


En avril, Kinder Morgan a suspendu ses investissements dans Trans Mountain devant l’obstruction de la Colombie-Britannique, en plus de fixer la date-butoir du 31 mai pour qu’une sortie de crise soit trouvée. La pétrolière texane évaluait les coûts du projet à 7,4 milliards $.


«Ottawa utilise l’argent de nos impôts pour forcer la construction du pipeline. [...] Quelle est la prochaine étape: forcer le passage d’Énergie Est au Québec à même notre argent?» a demandé la députée de Québec debout, Monique Pauzé.


Le Bloc québécois exige que le gouvernement Trudeau n’utilise pas un sou des Québécois dans le cadre de cette transaction.


À l’Assemblée nationale, tous partis confondus ont appelé le gouvernement fédéral à respecter la volonté et les compétences des provinces.


«C’est littéralement un coup d’État du fédéral sur les compétences des provinces», a fustigé le porte-parole péquiste en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault.


La contestation se poursuivra


Il n’y avait que Kinder Morgan et la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, pour saluer la décision d’Ottawa mardi.


«C’est une mauvaise entente qui ne réglera rien, a réagi le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh. Les Premières nations et les communautés locales vont continuer de défendre leurs droits en vertu de la Constitution.»


En effet, le ministre Morneau n’a pas été en mesure d’expliquer mardi comment son plan permettrait de calmer l’opposition au projet dans l’ouest du pays.


La Colombie-Britannique tente actuellement de faire reconnaître en cour la compétence provinciale sur l’environnement dans ce dossier. Le premier ministre de la province, John Horgan, a fait savoir mardi que le rachat fédéral n’atténuait en rien ses craintes.


L’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique, dont plusieurs membres contestent le projet d’oléoduc devant les tribunaux, a aussi fait savoir que ses membres continueraient de revendiquer leurs droits territoriaux.


De leur côté, les organismes environnementaux tels que Greenpeace, Équiterre et la Fondation David Suzuki ont unanimement déploré cet engagement fédéral envers les énergies fossiles.


Une fois agrandi, le pipeline Trans Mountain permettrait d’acheminer 890 000 barils de pétrole des sables bitumineux d’Edmonton, en Alberta, au port de Burnaby, en banlieue de Vancouver.